Féminisme: Comment se défendre contre les mythes et les commentaires sexistes?
Le féminisme a toujours sa raison d’être
Vous croyez en l’égalité entre les femmes et les hommes. Et pour vous, c’est clair que le féminisme a toujours sa raison d’être. Et pourtant, vous êtes souvent en train de devoir répondre à des commentaires limite sexistes et des mythes d’une autre époque du genre: la charge mentale, ça n’existe pas et si les femmes font plus de tâches ménagères, c’est parce qu’elles aiment ça… (vous l’avez déjà entendue celle-là?).
Qu’on se dise féministe ou non, dans le monde de plus en plus polarisé dans lequel on vit, la discussion peut vite tourner au vinaigre. Et quand on s’assoit autour d’une table avec la tante aux idées arrêtées et le cousin pas trop informé, mais avec la langue bien déliée, on peut vite perdre son sang-froid… et avec raison!
Pourtant, pour plusieurs d’entre nous, le féminisme n’est pas toujours allé de soi. Ça vient souvent d’une discussion avec quelqu’un qui nous a éclairé sur la question. Les personnes que nous tenons en estime (par exemple, notre nièce ou notre cousine) sont souvent les personnes les plus susceptibles de nous faire changer d’avis. Et c’est avec quelques bonnes infos et une blague bien placée qu’on peut finir par convaincre notre cousin que les inégalités entre les hommes et les femmes ne sont pas une fatalité, mais bien un choix. Et qu’on a toutes et tous un rôle à jouer là-dedans.
C’est pourquoi on vous a préparé un guide de survie aux soupers de famille – édition féminisme. Parce qu’on sait que ces discussions autour d’un souper de famille ne sont pas toujours faciles, mais qu’elles sont tellement importantes pour avancer vers un monde plus juste.
La charge mentale: Un exemple de sujet polarisé souvent abordé par les féministes!
Même au sein des couples qui se disent très égalitaires, certaines questions peuvent devenir sujets de discorde. La charge mentale, ça vous dit quelque chose? Selon l’Office de la langue française, la charge mentale, c’est la «sollicitation constante des capacités cognitives et émotionnelles d’une personne, liée à la planification, à la gestion et à l’exécution d’une tâche ou d’un ensemble de tâches».
Dans un couple, concrètement, ça se traduit par penser à prendre des rendez-vous médicaux, aller faire changer les pneus de la voiture, acheter des cadeaux quand c’est l’anniversaire d’un proche, penser à acheter des nouvelles bottes quand celles des enfants sont trop petites… Vous voyez le genre? Et cette charge mentale, surtout quand on a des enfants, est portée en grande partie par les femmes comme l’ont avancé notamment les sociologues Monica Haicault et Danièle Kergoat, et plus récemment, la bédéiste Emma.
La charge mentale, le choix des femmes… Vraiment?
Un des mythes souvent avancé lorsqu’on parle de répartitions de tâches, de conciliation travail famille ou de charge mentale, c’est que si les femmes font plus de ménage (ou pensent à changer le filtre Brita et acheter du dentifrice) c’est parce qu’elles aiment ça… Alors d’emblée, clarifions une chose: s’il est vrai que les femmes, ici comme ailleurs, passent plus de temps à faire des tâches de soin non rémunérées, ce n’est généralement pas par plaisir: entre une bonne série Netflix et récurer le bol de toilette, personne ne choisit la deuxième option…
Au Québec, les femmes déclarent passer 3,7 heures par jour à effectuer des activités domestiques contre 2,5 heures par jour pour les hommes, soit 48% de plus (CSF). Et dans le monde, plus des trois quarts des heures de travail de soin non rémunérées sont effectuées par des femmes (Oxfam).
L’impact de tout ça? Nous avons toutes et tous 24 heures dans une journée. Le fait de passer plus de temps à faire du travail de soin non rémunéré, ce sont des heures que nous ne passons pas à faire autre chose comme travailler, étudier, développer d’autres compétences ou encore tout simplement prendre soin de soi-même.
Aujourd’hui, au Québec, où les femmes ont un taux d’emploi pratiquement identique à celui des hommes, comment se fait-il qu’elles se retrouvent à effectuer plus de travail de soin? La socialisation genrée peut nous offrir une piste de réponse.
La socialisation genrée? Qu’est-ce que c’est ça?
Dès notre tendre enfance, les études montrent que notre entourage tend à encourager les comportements conformes à notre genre (CSF). Concrètement, on encourage l’intérêt d’un garçon pour les camions, le sport ou la construction, mais on ignore ou même décourage son intérêt pour les poupées ou la cuisinette. Inversement, on valorise la coquetterie d’une fille ou son intérêt pour les bébés ou les arts plastiques.
Chaque enfant développera donc un intérêt et une plus grande compétence pour certains domaines selon son genre.
Plus encore, peu importe notre intérêt ou notre expérience, la société a également une perception différente des compétences des enfants dans un domaine selon qu’ils sont fille ou garçon.
Par exemple, une étude au Québec a démontré que les enseignantes et enseignants anticipaient des différences de performance selon le sexe, s’attendant à ce que les filles performent mieux en français et les garçons, en mathématiques (CSF). Les performances des garçons et des filles dans ces domaines seront donc renforcées différemment.
Des attentes selon notre genre
Il ne faut pas oublier que les stéréotypes et biais inconscients proviennent des femmes comme des hommes! Si les femmes se perçoivent moins compétentes pour réaliser certaines tâches «masculines» (changer les pneus de la voiture, effectuer des réparations dans la maison), les hommes se perçoivent eux aussi moins compétents pour réaliser certaines tâches «féminines» et vont donc préférer ne pas les faire (les soins et l’éducation des enfants par exemple). Et inversement, les femmes perçoivent elles aussi les hommes comme moins compétents pour les faire et vont parfois préférer les faire elles-mêmes.
La plupart des attentes liées aux responsabilités familiales sont elles aussi genrées, c’est-à-dire qu’encore aujourd’hui, on attribue la valorisation pour une maison propre ou des enfants «bien élevés» à une femme (The Guardian). Et inversement, au regard de la société, c’est la femme qui sera «dévalorisée» si la maison n’est pas bien tenue ou si les enfants sont turbulents.
Finalement, il faut noter que le fait de faire plus de travail de soin non rémunéré a un impact sur le choix de carrière et la rémunération des femmes. Si les femmes se dirigent vers des métiers à temps partiel ou tendent à occuper des postes d’échelon inférieur dans des domaines traditionnellement masculins, c’est également parce qu’elles portent un plus grand fardeau de responsabilités familiales.
Des attentes selon notre genre
Voilà une question de réglée. Mais évidemment, vous avez surement en tête tout plein d’autres exemples de mythes que vous avez entendus et auxquels vous n’avez pas la réponse. C’est pourquoi, on vous invite à télécharger notre guide!
Vous y trouverez des infos pertinentes, des exemples et même des blagues pour vous aider à passer à travers votre prochain souper de famille…et même à convaincre quelqu’un autour de la table que le féminisme a sa place.
Voici les sujets et les mythes qui sont abordés dans ce guide:
- Pourquoi on parle encore de féminisme?
- La situation est pire ailleurs, alors de quoi se plaignent les féministes ici?
- Si les femmes gagnent moins que les hommes, c’est leur choix
- Les femmes passent plus de temps à faire des tâches ménagères parce qu’elles aiment ça
- Depuis le temps des cavernes, les femmes s’occupent des enfants alors c’est naturel qu’elles continuent de le faire
- Le féminisme prend tellement d’ampleur que parfois je me sens discriminé en tant qu’homme
- Pourquoi est-ce qu’on ne peut plus faire de compliments à une femme?
- Comment être un ou une alliée
Plein de références solides et de ressources diverses vous sont aussi offertes pour aller plus loin dans votre engagement féministe!