À Gaza, les bombes israéliennes frappent des infrastructures civiles comme les écoles, les hôpitaux et les points de distribution d’aide toutes les trois heures.
Selon une nouvelle étude d’Oxfam, plus de femmes et d’enfants ont été tués à Gaza par l’armée israélienne au cours de l’année écoulée que pendant une période équivalente de n’importe quel autre conflit survenu ces vingt dernières années.
Alors que les hostilités et les pertes tragiques de vies humaines s’étendent au Liban et en Cisjordanie (y compris à Jérusalem-Est), l’escalade régionale du conflit souligne la nécessité urgente d’un cessez-le-feu immédiat et permanent.
Des chiffres indiquent que plus de 6 000 femmes et 11 000 enfants ont été tués à Gaza par l’armée israélienne au cours des 12 derniers mois. Selon les données publiées par l’institut de recherche indépendant Small Arms Survey pour la période 2004-2021, le nombre le plus élevé de femmes tuées en une seule année a été de plus de 2 600 en Irak en 2016.
Un rapport publié par l’organisation Every Casualty Counts a analysé les informations relatives au bilan de 11 000 enfants tués en Syrie durant les trente premiers mois du conflit, ce qui représente une moyenne de 4 700 décès par an. D’après les rapports des Nations unies sur le sort des enfants en temps de conflits armés des 18 dernières années, aucun autre conflit n’a été aussi meurtrier pour les enfants sur une période d’un an.
L’offensive militaire israélienne a commencé en octobre dernier, à la suite des attaques du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens. Près de 1 200 Israélien·ne·s et personnes étrangères ont été tué·e·s, dont au moins 282 femmes et 36 enfants – soit le jour le plus meurtrier de l’histoire d’Israël. Ces attaques ciblées constituent de graves violations du droit international humanitaire (DIH). Plus de 250 personnes, dont 38 enfants, ont été prises en otage, et 96 d’entre elles seraient toujours détenues à Gaza.
D’après des données indépendantes fournies par l’organisation Action on Armed Violence, à la date du 23 septembre 2024, Israël a bombardé des infrastructures civiles de Gaza toutes les trois heures. Excepté durant la trêve humanitaire de six jours instaurée en novembre, la Bande de Gaza n’a connu que deux jours exempts de bombardements depuis le 7 octobre 2023.
Les données – qui ne sont pas exhaustives – montrent que les armes explosives israéliennes frappent en moyenne :
- Des foyers toutes les quatre heures
- Des tentes et abris provisoires toutes les 17 heures
- Des écoles et des hôpitaux tous les quatre jours
- Des points de distribution de l’aide et des entrepôts tous les 15 jours
Tout au long de l’année écoulée, Israël a commis des violations du droit international humanitaire d’une gravité telle qu’elles risquent de constituer des crimes contre l’humanité. Il a notamment fait preuve d’un usage disproportionné de la force dans ses objectifs militaires, comme en témoigne l’ampleur des destructions. En outre, il n’a pas fait de distinction entre les cibles militaires et la population civile. L’armée israélienne a attaqué sans relâche des infrastructures indispensables à la survie de la population civile. Celle-ci a été déplacée de force des dizaines de fois et contrainte de se rendre dans des prétendues « zones sécurisées » qui ont été régulièrement bombardées ou assiégées et dans lesquelles les obligations humanitaires n’étaient pas respectées.
Les rapports de l’ONU sur les enfants et les conflits armés soulignent le nombre d’enfants palestiniens tués à Gaza et en Cisjordanie. Le bilan annuel des enfants tués à Gaza est cinq fois supérieur à celui des enfants tués à Gaza et en Cisjordanie entre 2005 et 2022.
Le nombre record de femmes et d’enfants tués à Gaza ne tient pas compte des quelque 20 000 personnes non identifiées, disparues ou ensevelies sous les décombres. Une étude publiée plus tôt cette année dans The Lancet estimait que le nombre réel de morts à Gaza pourrait être supérieur à 186 000, si l’on prend en compte les morts indirectes, dues par exemple à la famine et au manque de soins de santé.
Les infrastructures civiles ont été soit complètement détruites, soit gravement endommagées, y compris environ 68 % des terres agricoles et des routes. Seuls 17 des 36 hôpitaux sont encore partiellement fonctionnels et tous souffrent d’un manque de carburant, de matériel médical et d’eau potable.
« Ces chiffres sidérants sont à la fois effroyables et bouleversants. Non seulement les acteurs influents de la communauté internationale ont échoué à demander des comptes à Israël, mais ils se sont aussi rendus complices des atrocités commises en continuant à lui fournir des armes de manière inconditionnelle. Il faudra des générations pour se remettre des effets dévastateurs de cette guerre et il n’y a toujours pas de cessez-le-feu en vue.
« Nos collègues et partenaires sont eux-mêmes déplacés, mais ils font chaque jour tout leur possible pour répondre à cette catastrophe humanitaire. C’est une situation sans précédent à bien des égards : la famine qui s’accélère, la réapparition de la polio, la destruction totale de la vie quotidienne à laquelle est confrontée l’ensemble de la population. L’impunité d’Israël et son exonération du droit international humanitaire doivent cesser – nous ne pouvons pas permettre que l’horreur et la souffrance se poursuivent sans relâche. »
Umaiyeh Khammash, directrice de Juzoor, partenaire d’Oxfam, qui aide des centaines de milliers de personnes dans plus de 90 abris et points de santé à travers la bande de Gaza, a déclaré :
« L’année écoulée a eu un impact dévastateur sur les femmes, qui portent un double fardeau. Nombre d’entre elles sont soudainement devenues chefs de famille, devant assurer la survie et les soins au milieu de la destruction. Les femmes enceintes et les mères allaitantes ont été confrontées à d’immenses difficultés, notamment en raison de l’effondrement des services de santé.
« Pour les enfants, le traumatisme est tout aussi profond. Plus de 25 000 enfants ont perdu un parent ou sont devenus orphelins, ce qui les plonge dans une profonde détresse émotionnelle. La plupart des enfants sont aux prises avec l’anxiété et de graves blessures physiques, beaucoup d’entre eux ayant perdu des membres. »
« L’année qui vient de s’écouler est une année de déshumanisation et de destruction où chaque jour est pire que la veille. Le nombre de civils tués, et notamment le nombre de femmes et d’enfants, est tout simplement glaçant. Nous ne devrions pas avoir à répéter sans relâche que les écoles, les hôpitaux ou les humanitaires ne sont pas des cibles. Il est grand temps de mettre en place un cessez-le-feu immédiat et permanent pour protéger les populations civiles dans toute la région, et d’exiger d’Israël le respect du droit international humanitaire pour en finir avec l’impunité. »
En Cisjordanie occupée, l’escalade et les niveaux de violence sans précédent font craindre que de graves violations du droit international et des crimes de guerre soient commis. Depuis octobre dernier, plus de 680 Palestinien·ne·s ont été tués par des colons israéliens ou des violences militaires. Plus d’un millier d’attaques de colons contre des Palestinien·ne·s ont été recensées, avec des attaques directes sur des terres agricoles entraînant la destruction de cultures, de systèmes d’irrigation et de serres, y compris des projets financés par la communauté internationale et soutenus par Oxfam. L’armée israélienne a forcé la démolition de plus de 2 000 logements palestiniens, endommageant massivement les infrastructures publiques, y compris les routes.
Oxfam-Québec demande un cessez-le-feu immédiat et permanent, la libération de tous les otages et des Palestinien·ne·s détenu·e·s illégalement, la fin de toutes les ventes d’armes létales à Israël et un accès total à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. À la lumière du récent avis consultatif de la Cour internationale de Justice, si les États tiers ne souhaitent pas devenir complices, ils doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin immédiatement à l’occupation israélienne illégale, démanteler les colonies israéliennes en Cisjordanie et verser des réparations, y compris la restitution, la réhabilitation et l’indemnisation des communautés touchées.
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