Deux ans après le début du conflit au Soudan, les déplacements massifs de population et les combats transfrontaliers s’étendent aux pays voisins, aggravant une crise humanitaire déjà catastrophique.
L’approche de la saison des pluies, combinée aux coupes budgétaires dans l’aide par les États-Unis et d’autres grands pays donateurs, menace d’entraver encore davantage les efforts humanitaires, mettant ainsi des millions de personnes en danger, avertit Oxfam.
Le conflit brutal qui sévit au Soudan a engendré la plus grande crise humanitaire au monde. Plus de 12,7 millions de personnes, soit près d’un tiers de la population, ont été contraintes de fuir leur foyer, dont 3,7 millions vers les pays voisins. Un Soudanais sur deux est confronté à la faim. Cinq régions du pays connaissent déjà la famine, et près de huit millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim.
Oxfam et d’autres organisations humanitaires qui répondent à la crise soudanaise publient aujourd’hui un nouveau rapport mettant en lumière le coût humain effarant du conflit au Soudan. Il prévient que le conflit soudanais se propage dans les pays voisins, le Soudan du Sud et le Tchad, où les besoins humanitaires sont déjà criants.
« Nous assistons déjà à des affrontements entre des groupes armés du Soudan du Sud et du Soudan. Cette situation instable couve comme un volcan sur le point d’entrer en éruption d’une minute à l’autre. Si les combats ne cessent pas et si la crise humanitaire n’est pas résolue, la situation pourrait rapidement se transformer en une véritable catastrophe régionale. »
Une région accablée par les crises
Le Soudan du Sud et le Tchad, qui accueillent un grand nombre de personnes déplacées par le conflit au Soudan, comptent déjà parmi les pays les plus pauvres du monde. Ils sont aussi aux prises avec des conflits, de l’insécurité alimentaire et des chocs climatiques, et ils n’ont pas les ressources nécessaires pour affronter cette nouvelle crise.
Nadia, mère d’un fils de cinq ans, Ismail, a fui le Soudan pour trouver refuge à Renk, au Soudan du Sud, après que des soldats ont tué son mari et deux de ses enfants.
« La guerre nous a tout pris. Nous sommes partis sans rien d’autre que les vêtements que nous portions sur le dos. Ici, nous sommes à l’abri des balles, mais il n’y a pas de nourriture, nous mourons de faim. »
Le rapport indique également que 17 millions d’enfants au Soudan ne vont pas à l’école et que 65 % des enfants soudanais refugiés au Tchad n’ont pas accès à l’éducation, ce qui accroît les risques de travail des enfants, de mariage précoce, de traite et de recrutement par des groupes armés.
Un triste record dans l’aide humanitaire
C’est la première fois dans l’histoire de l’action humanitaire moderne qu’autant de personnes (30 millions) ont besoin d’aide humanitaire dans un seul pays. Pourtant, malgré l’aggravation rapide de la crise, l’aide internationale est loin d’être suffisante. À ce jour, seulement 10 % des fonds demandés par les Nations unies pour le Soudan ont été reçus.
La suspension récente d’un financement d’environ 64 millions de dollars de l’USAID pour le Tchad et le Soudan du Sud en 2025 a également porté un dur coup aux efforts visant à sauver des vies. En 2024, les États-Unis étaient le principal bailleur de fonds de ces deux pays.
« Fermer les yeux sur cette crise ne serait pas seulement un grave échec politique et moral, mais aussi la faillite de notre humanité profonde. Sans une injection immédiate de fonds, des millions de personnes mourront simplement de faim ou de maladie. »
Le rapport exhorte toutes les parties belligérantes à cesser les combats et à donner la priorité à la diplomatie, afin d’instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable.
Notes aux journalistes
- Lisez le rapport The Unravelling of the World’s Largest Humanitarian Disaster: From the Sahel to the Red Sea (en anglais seulement). Dirigé par Oxfam, NRC et CARE, le rapport a été conjointement approuvé par le Forum du Soudan et du Soudan du Sud, le groupe de travail inter-agences (IAWG) pour l’Afrique de l’Est et centrale et le Forum des ONG en Afrique de l’Ouest et centrale (FONGA).
- Oxfam soutient 150 000 personnes fuyant le conflit à Renk, au Soudan du Sud, et a déjà porté assistance à 94 562 réfugiés dans l’est du Tchad, en leur fournissant de l’eau potable, des équipements d’hygiène et de l’argent comptant.
- Au moins 4,8 millions de personnes déplacées par le conflit au Soudan qui ont trouvé refuge dans les pays voisins (Égypte, Libye, Soudan du Sud, Tchad, Éthiopie et Ouganda) ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, contre 1,8 million à la mi-2023, soit plus du double.
- Au Soudan du Sud, le nombre de personnes ayant besoin d’aide a plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant de 4,1 millions en 2015 à 9 millions en 2025, tandis qu’au Tchad, une personne sur trois, soit environ 7 millions de personnes, aura besoin d’aide en 2025.
- Le plan d’intervention humanitaire du Soudan pour 2025 nécessitait 434,5 millions de dollars, dont seulement 10 % ont été financés, selon le portail de suivi de l’assistance financière de l’UNOCHA.
- Le financement de l’USAID pour le Tchad et le Soudan du Sud en 2025 a été réduit d’environ 64 millions de dollars, selon The Center for Global Development
- Pour soutenir les populations touchées par les catastrophes, faites un don ici.
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