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Les mesures de rigueur budgétaire prises par de nombreux gouvernements à travers le monde ont un impact démesuré sur les femmes et les filles, démontre Oxfam dans un nouveau rapport publié aujourd’hui.

Ces choix politiques censés favoriser le relèvement économique après la pandémie et freiner l’inflation exposent les femmes et les filles à des niveaux sans précédent de pauvreté, de surmenage, de décès prématurés et de risques de toute sorte.

Le rapport L’austérité: aussi une question de genre relève que d’ici l’an prochain, quatre gouvernements sur cinq dans le monde auront imposé des mesures d’austérité et préféré réduire les dépenses publiques plutôt que d’instaurer un impôt sur la fortune et de taxer les bénéfices exceptionnels. Ces coupes touchent notamment des domaines comme la santé, l’éducation et la protection sociale. Par exemple, plus de 54 % des pays qui prévoient réduire leur budget de protection sociale en 2023 n’offrent déjà qu’une aide minimale ou nulle à la maternité et à l’enfance.

« Ce sont les femmes qui souffrent le plus des conséquences physiques et psychologiques de ces coupes dans les services publics parce que ce sont elles qui en dépendent le plus. Le relèvement économique postpandémique repose en grande partie sur le dur labeur des femmes et des filles, au détriment de leur vie et de leur sécurité. L’austérité est une forme de violence fondée sur le genre. »

Amina Hersi

Responsable de la justice et des droits relatifs au genre à Oxfam

Au Québec et au Canada, les appels à l’austérité budgétaire se font de plus en plus entendre, surtout dans un contexte d’inflation.

« Un contrecoup de la faste réponse pandémique pourrait, dès 2023, ressembler à des coupes dans les services publics et les infrastructures. Or, ce sont les femmes qui souffrent le plus des conséquences de ces coupes puisqu’elles sont les principales bénéficiaires ou utilisatrices des services concernés. »

Léa Pelletier-Marcotte

Analyste politique chez Oxfam-Québec

Les femmes doublement touchées

Le rapport montre que les femmes sont doublement touchées par les réductions des dépenses dans les services, la protection sociale et les infrastructures: d’abord directement, à cause de l’inflation et des pertes d’emploi, puis indirectement, car elles sont amenées à jouer le rôle d’« amortisseurs » de la société. On s’attend à ce qu’elles trouvent des moyens de survivre et qu’elles prennent soin de tout le monde lorsque l’État rétrécit le filet social.

Ainsi, malgré la hausse fulgurante du prix des aliments, et à l’heure où plus de 60% des personnes qui souffrent de la faim dans le monde sont des femmes, le Fonds monétaire international (FMI) a exigé de neuf pays, dont le Cameroun, le Sénégal et le Suriname, qu’ils introduisent ou augmentent la taxe sur la valeur ajoutée, qui s’applique souvent à des produits courants comme les denrées alimentaires.

« On tente de nous faire croire que les gouvernements doivent choisir entre le maintien des services publics et sociaux ou le remboursement de la dette afin de favoriser les investissements et la croissance. Cette situation n’a rien d’une fatalité. »

Amina Hersi

Responsable de la justice et des droits relatifs au genre à Oxfam

Taxer la richesse pour freiner l’austérité

L’austérité n’est pas une fatalité, mais un choix: au lieu de réduire les services publics, les gouvernements pourraient décider d’augmenter les impôts de ceux qui sont en mesure de les payer. Un impôt progressif sur la fortune des millionnaires et des milliardaires permettrait de générer 1100 milliards de dollars de plus que les économies annuelles moyennes que les États espèrent réaliser par des coupes budgétaires.

« Après la crise financière de 2008-2009, le Québec et le Canada ont, comme de nombreux gouvernements, mis en place des mesures d’austérité. Les compressions dans les services publics ont fait bondir les inégalités. Or, la pandémie de COVID-19 a démontré à quel point nos systèmes de santé avaient été fragilisés par des années de compressions budgétaires. Il faut éviter de répéter ces erreurs. Il faut que notre économie bénéficie à toutes et à tous, et que les entreprises et les individus les plus fortunés paient leur juste part. »

Léa Pelletier-Marcotte

Analyste politique chez Oxfam-Québec

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Le rapport appelle les gouvernements de tous les pays à adopter des politiques économiques humaines et féministes pour lutter contre les inégalités et favoriser le bien-être des groupes marginalisés en raison de leur genre et de leur origine ethnique.

Oxfam réclame que:

  • Tous les gouvernements mettent fin aux politiques d’austérité et trouvent des solutions de rechange, comme la budgétisation féministe et la fiscalité progressive, pour financer les services publics et la protection sociale universelle, et que les besoins spécifiques des femmes, des filles et des personnes non binaires deviennent des critères incontournables des décisions budgétaires.
  • Le FMI cesse d’imposer des mesures d’austérité économique douloureuses et inefficaces et suspende les conditions liées à l’austérité dans tous les programmes de prêts en cours.
  • Les pays riches annulent sans tarder la dette des pays à faible revenu et leur accordent des financements sans dette.

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Josianne Bertrand
Agente des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org

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