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Montréal, 21 mars 2019 – Oxfam-Québec déplore que le budget fédéral annoncé mardi par le gouvernement du Canada ne comporte pas les moyens requis pour réaliser, à l’échelle nationale, les objectifs de développement durables fixés en vue de l’année 2030. Nous saluons en revanche l’annonce récente de la tenue de consultations publiques pour la mise en place d’une stratégie nationale de développement durable, ainsi que la somme importante annoncée en faveur des organisations œuvrant pour l’égalité femmes-hommes.

ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Vendredi dernier, les étudiantes et étudiants ont occupé les rues de Montréal pour réclamer des gestes concrets et des décisions courageuses en faveur de l’environnement. Cet appel semble encore ignoré par le gouvernement dans son dernier budget.

Malgré une reddition de compte prévue en matière de subventions aux énergies fossiles, le gouvernement n’annonce rien de très sérieux ou d’efficace en matière de lutte contre le changement climatique ou de transition écologique.

Par ailleurs, le budget ne comprend aucune mesure importante en ce qui concerne le financement international de la lutte contre le changement climatique. Or, ce sont les jeunes qui subiront de plein fouet les conséquences de cette inaction politique et du non-respect de l’accord trouvé à Paris en 2015 sur la réduction des gaz à effet de serre.

ENTENDRE LA JEUNESSE

Les 10-24 ans représentent aujourd’hui un quart de la population mondiale, selon le Fonds des Nations Unies pour la population. Pourtant, le Canada n’a toujours pas élaboré de politique jeunesse complète, pour favoriser notamment l’inclusion des jeunes dans les processus de décision.

La modernisation annoncée de la Stratégie d’emploi jeunesse, l’élaboration d’un programme de mobilité pour les étudiants se rendant à l’étranger et l’élargissement du Programme de stages pratiques pour les étudiants constituent des avancées appréciables, mais encore insuffisantes.

« Le changement politique ne peut se faire sans tenir compte de la jeunesse québécoise et canadienne et de ses attentes, a expliqué la directrice des politiques et campagnes d’Oxfam-Québec, Anne Duhamel. Une nouvelle génération se lève et se fait entendre. Nos dirigeants doivent entendre ses revendications, et la défense de l’environnement en fait assurément partie.  »

ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES

Cette inclusion de la jeunesse doit se faire au sein d’une société juste et équitable. Oxfam-Québec accueille ainsi avec enthousiasme le financement historique annoncé mardi pour le Programme de promotion de la femme. S’appuyant sur l’investissement 2018 de $100 millions sur cinq ans, le budget 2019 allouera $160 millions sur cinq ans à compter de 2019-2020. 

Cet appui sera essentiel pour faire avancer l’égalité des sexes et la lutte contre les inégalités. Néanmoins cette lutte passe aussi par une répartition des richesses plus juste et le paiement par toutes et tous d’une juste part d’impôt.

ÉVASION FISCALE

Le Canada entretient toujours une vingtaine d’accords et de conventions fiscales avec des paradis fiscaux. Oxfam-Québec continue de réclamer des sanctions fortes contre les fortunes qui tentent de se soustraire à l’effort de solidarité nationale que représente l’impôt, notamment à travers le Collectif Échec aux Paradis Fiscaux.

La lutte contre les paradis fiscaux aurait dû être une priorité dans ce budget. Les 50 millions de dollars sur cinq ans qui seront consacrés à la vérification des transactions immobilières, dans les régions dites à risque élevé en termes de spéculation et d’évasion fiscale, paraissent peu de choses au vu de l’ampleur du problème.

Malgré cette annonce et les quelques mesures prises dans le dernier budget 2018, comme des investissements pour renforcer les capacités de l’Agence du revenu du Canada (ARC), l’élimination de certaines dispositions fiscales ou la participation aux forums internationaux visant à augmenter la collaboration entre pays en matière de taxation et de fiscalité, le Canada reste à la traîne en matière de lutte aux recours aux paradis fiscaux.

AIDE INTERNATIONALE

En ce qui concerne le développement international, le budget de 2019 prévoit une enveloppe additionnelle de 700 millions de dollars en 2023-2024. Combinée aux annonces faites lors du budget 2018, cette somme ne saurait, à elle seule, combler le retard du Canada en matière de fonds accordés à l’aide au développement publique. Ce retard a d’ailleurs été souligné par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans un rapport daté de septembre dernier. Le présent budget n’annonce aucune hausse durable de l’enveloppe de l’aide.

« Voilà plusieurs mois que différents partenaires rappellent au Canada ses engagements en matière d’aide au développement publique, a déclaré à ce sujet Anne Duhamel. Le gouvernement doit maintenant passer des déclarations de bonnes intentions aux actes concrets, en déployant une stratégie précise pour atteindre ses objectifs. »

Ce point de vue est partagé par le Centre canadien de politiques alternatives. Dans son budget fédéral alternatif 2019, l’organisme recommande d’aligner les politiques gouvernementales sur les objectifs de développement durable et d’augmenter les dépenses de développement sur 10 ans, grâce à des augmentations annuelles de 15% de l’enveloppe d’aide internationale.

Si le gouvernement entend atteindre les objectifs fixés dans sa politique d’aide au développement féministe, il doit s’en donner les moyens.  Cela semble d’autant plus important que les femmes et les jeunes filles sont les premières à subir les effets des inégalités économiques à travers le monde. C’est pourquoi Oxfam-Québec continuera de les mettre au cœur de son action au cours des prochaines années.

Nous espérons que notre gouvernement en fera de même, y compris au-delà de nos frontières nationales.

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