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Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé ce matin un investissement de 100 millions de dollars d’aide internationale consacrée au travail de soins rémunéré et non-rémunéré dans le cadre d’une relance économique mondiale féministe. Il s’agit du premier investissement mondial à grande échelle dans le domaine du travail de soins par un gouvernement donateur.

L’annonce intervient dans le cadre du Forum Génération Égalité qui se tient actuellement à Paris. Ce forum constitue le plus grand rassemblement multisectoriel sur les droits des femmes dans le monde.

Cet engagement d’aide internationale s’ajoute à celui pris par le Canada dans le budget fédéral de 2021 pour mettre en place un système national d’apprentissage et de garde des jeunes enfants (un montant de 30 milliards de dollars). Oxfam-Québec se félicite que le gouvernement perçoive l’importance du travail de soins et consacre des efforts économiques et politiques à des questions telles que les soins aux enfants et aux personnes âgées ou les conditions de vie et de travail des personnes assumant la charge du travail domestique.

Nous nous réjouissons de voir ces questions devenir des éléments essentiels de la stratégie de relance économique du Canada.

“Aujourd’hui le premier ministre Justin Trudeau et la ministre canadienne du Développement international, Karina Gould, ont fait la preuve d’un leadership féministe audacieux, a déclaré Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec. Lorsque l’on investit dans le domaine des soins, on stimule la croissance économique, on réduit les inégalités, on lutte contre les normes sexistes et on soutient l’égalité de genre. Il s’agit donc d’un geste important qui permettra d’envisager le monde post-pandémique d’une façon plus équitable et inclusive.”

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance des soins pour nos sociétés, tout en démontrant à quel point ce secteur est fragile. Les charges lourdes et inégalement réparties en matière de soin demeurent l’un des principaux obstacles à l’égalité des sexes dans le monde. Avant même que la pandémie ne frappe, 42 % des femmes en âge de travailler déclaraient ne pas être en mesure d’exercer un emploi rémunéré en raison de leurs responsabilités de soins non rémunérées comme les tâches domestiques, contre seulement 6 % des hommes (source : Organisation internationale du travail).

Oxfam, avec ses alliés mondiaux, réclame depuis des mois un investissement de plusieurs millions de dollars dans des programmes ciblant le travail de soin non rémunéré afin de réduire, redistribuer et reconnaître la charge, libérant ainsi le temps des femmes pour occuper un emploi ou s’investir dans la vie citoyenne si elles le souhaitent. Une étude d’Oxfam montre que la valeur monétaire du travail de soins non rémunéré des femmes âgées de 15 ans et plus s’élève à au moins 10,8 billions de dollars par an, soit trois fois la taille de l’industrie technologique mondiale.

Garantir un travail décent aux personnes employées dans le secteur des soins rémunérés (majoritairement des femmes) est également une action essentielle en faveur de laquelle Oxfam a plaidé fortement au cours des derniers mois afin d’assurer la viabilité à long terme de ce secteur essentiel.

Investir dans les soins rémunérés et non rémunérés, au Québec, au Canada et dans le monde entier, est une mesure de bon sens économique qui profite à l’ensemble de la société.

Oxfam-Québec salue à ce titre les partenaires membres du Comité inter-association pour la valorisation du travail invisible (CIAVTI) ayant participé aux efforts de plaidoyer réalisés : l’Association féminine d’éducation et d’actions sociale (AFEAS), Famille Point Québec, la Jeune chambre de commerce des femmes du QC (JCCFQ), le Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ), le Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ), le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec.

L’engagement de 100 millions de dollars annoncé aujourd’hui permettra de soutenir les initiatives qui défendent les droits des personnes travaillant dans le secteur des soins et soutenir les programmes qui favorisent des normes sociales positives autour des responsabilités partagées des femmes et des hommes en matière de soins. Conformément aux recommandations d’Oxfam, cette programmation sera élaborée dans le cadre de partenariats avec des organisations de défense des droits des femmes, des mouvements féministes, des fonds pour les femmes et la société civile dans le Sud. Il s’agit d’une approche essentielle pour aborder efficacement l’égalité de genre.

“L’économie des soins a longtemps été un angle mort des efforts mondiaux de lutte contre la pauvreté et les inégalités, a commenté la directrice générale d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes. Cette pandémie nous a durement rappelé que les soins aux enfants, les soins de santé et les soins aux personnes âgées sont essentiels au bien-être de nos communautés et de nos économies. Nous avons aussi constaté une nouvelle fois que les femmes et les filles assument une part disproportionnée et écrasante de ce travail. Nous espérons que l’engagement courageux du Canada incitera d’autres pays donateurs à investir dans des programmes concernant le travail de soin rémunéré et non rémunéré, et amorcera une nouvelle ère dans l’engagement de la communauté internationale sur ce sujet.”

Contact médias :
Camille Garnier
Agent médias et relations publiques Oxfam-Québec
514 513-0506
camille.garnier@oxfam.org


Notes aux rédactions :

• Sur l’économie des soins et la crise mondiale des inégalités, voir le rapport d’Oxfam (2020) : Celles qui comptent.

• Statistiques de l’Organisation internationale du travail tirées de L. Addati, U. Cattaneo, V. Esquivel et I. Valarino (2018) : Prendre soin d’autrui: Un travail et des emplois pour l’avenir du travail décent (Organisation internationale du travail, Genève).

• Le budget fédéral canadien de 2021 comportait un investissement historique de 30 milliards de dollars pour construire un système national d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, ainsi qu’un financement dédié pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones. Cet investissement permettra de développer le secteur à but non lucratif du système et de réduire les frais parentaux à 10 $ par jour d’ici cinq ans. Il inscrira l’apprentissage et la garde des jeunes enfants dans une loi fédérale qui sera déposée à l’automne 2021.

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