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Montréal, 12 mai 2020 – L’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU et la poursuite du commerce des armes dans les zones de conflit rendent impossibles le cessez-le-feu mondial nécessaire pour contrer la propagation du coronavirus, selon Oxfam-Québec.

Fin mars, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterrez, a envoyé un message fort à la communauté internationale en appelant les belligérants à déposer les armes. Pourtant, cet appel est resté sans effet, et deux milliards de vies sont toujours menacées par les guerres en cours.

À New York, le Conseil de sécurité de l’ONU s’enlise dans des discussions sur le cessez-le-feu, alors que 59 pays soutiennent l’appel du secrétaire général.

Vendredi 8 mai, les États-Unis ont refusé de voter une résolution de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Oxfam considère cet épisode comme le dernier en date d’une série d’échecs qui laisse champ libre aux conflits, dans un moment où la paix et la coopération sont plus nécessaires que jamais.

Pendant ce temps, les populations civiles des zones de conflits doivent vivre avec des systèmes de santé paralysés et des hôpitaux bombardés. D’autres se retrouvent obligées de fuir par millions pour rejoindre des camps surpeuplés qui favorisent la propagation du virus.

« J’ai bien peur que le cessez-le-feu n’entre en vigueur qu’après que la COVID-19 se soit déjà propagée. À quoi sert de déclarer la paix s’il n’y a personne pour en bénéficier? » raconte une militante pour la paix yéménite partenaire d’Oxfam à Aden.

Le Canada continue la vente de matériel militaire

« Nous espérons une action forte du Conseil de sécurité de l’ONU. En parallèle, chaque pays doit prendre ses responsabilités. Nous ne pouvons accepter qu’en dépit des nombreuses demandes de la société civile et d’Oxfam-Québec, le Canada refuse toujours d’annuler son contrat d’exportation de véhicules blindés légers vers l’Arabie saoudite, un pays engagé dans le conflit au Yémen. Malgré qu’il ait appuyé l’appel à un cessez-le-feu mondial, le gouvernement de Justin Trudeau a même levé en avril dernier le moratoire sur l’approbation de nouveaux permis de vente d’armes à l’Arabie Saoudite. »
— Anne Duhamel, directrice des politiques et campagnes d’Oxfam-Québec.

L’année dernière seulement, la communauté internationale a investi plus de 1 900 milliards de dollars en dépenses militaires. Cette somme est 280 fois plus élevée que la somme fixée par l’appel aux dons de l’ONU contre le coronavirus.

Malgré la pandémie de coronavirus :

Dans son rapport « Conflict in the time of coronavirus », Oxfam fait part de la situation dans plusieurs pays :

  • L’Arabie saoudite a annoncé un cessez-le-feu unilatéral de deux semaines au Yémen à partir du 9 avril et l’a ensuite prolongé d’un mois, mais des affrontements continuent d’avoir lieu entre toutes les parties au conflit. À peine la moitié des services de santé yéménites fonctionnent encore tandis que plus de 100 000 cas de choléra ont été recensés cette année.
  • Au Burkina Faso, en raison des violences actuelles, les populations se voient souvent dans l’incapacité d’accéder à des biens et services essentiels comme l’eau, les soins de santé et les denrées alimentaires. Les restrictions en place visant à prévenir la transmission de la COVID-19 sont d’autant plus d’obstacles.
  • En Afghanistan, les négociations de paix intra-afghanes prévues pour mars ont été retardées et les Talibans refusent un cessez-le-feu si le gouvernement ne s’y engage pas aussi.
  • En Colombie, les rebelles de l’Armée de libération nationale (connue en espagnol sous l’acronyme ELN) ont déclaré le cessez-le-feu, mais pas les autres groupes armés, ni le gouvernement.

Le rapport comprend plusieurs autres exemples.

« Combattre la COVID-19 est difficile partout, mais cela l’est évidemment bien plus encore lorsqu’à l’urgence sanitaire s’ajoute l’horreur de la guerre », explique Anne Duhamel.

« Les pays exportateurs d’armes doivent impérativement arrêter d’alimenter des conflits et redoubler d’efforts pour faire pression sur les pays belligérants en faveur d’un cessez-le-feu mondial », conclut José María Vera, directeur général intérimaire d’Oxfam International.

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