Les financements accordés par la Banque mondiale aux pays en développement pour faire face aux changements climatiques ne sont pas divulgués de façon transparente et pourraient être surévalués, selon un nouveau rapport d’Oxfam.
Ces doutes entourant l’exactitude et l’ampleur du financement climatique de la Banque mondiale risquent de miner la confiance à l’approche de la COP27, prévue en novembre en Égypte.
Oxfam a vérifié en détail les différents financements climatiques de la Banque mondiale pour l’exercice 2020, qui s’élèvent à 17,2 milliards de dollars, et a découvert qu’ils pourraient différer de 7 milliards de dollars, peut-on lire dans le nouveau rapport intitulé « Unaccountable Accounting ».
La question du financement de la lutte et de l’adaptation au changement climatique reste un point de friction majeur dans les négociations internationales sur le climat. Pour que les parties parviennent à s’entendre, les pays les plus vulnérables face à la crise climatique doivent avoir davantage confiance dans les promesses des donateurs concernant les sommes et les types de financement climatique qui leur sont destinés.
Les pays riches ont promis de verser, d’ici 2020, 100 milliards de dollars par an afin d’aider les pays à revenu faible ou intermédiaire à faire face aux effets du changement climatique et à poursuivre leur propre développement en matière d’énergie propre. La question reviendra sur le devant de la scène lors du sommet de novembre en Égypte.
Faire confiance les yeux fermés
« La divulgation publique par la Banque mondiale de son financement climatique est comme un thermomètre défectueux qui indique actuellement 17,2 milliards. Nous avons constaté qu’il pouvait se tromper de 40 % dans un sens ou dans l’autre, et nous ne pouvons tout simplement pas être sûrs de la somme réelle. Ce qui nous préoccupe, bien sûr, c’est le pire des scénarios, à savoir que la Banque pourrait surestimer considérablement sa contribution. Le financement climatique est une composante essentielle des négociations mondiales qui dépendent d’un accord consensuel pour préserver la sécurité du monde. Dans l’état actuel des choses, la Banque mondiale nous demande de lui faire confiance les yeux fermés. Cette question est trop importante pour cela »
Des chiffres surévalués de 40 %
Oxfam a examiné les données de 2020 et a cherché à recréer les chiffres du financement climatique publiés par la Banque mondiale en appliquant la propre méthodologie de la Banque et en utilisant les informations qu’elle a rendues publiques. Les conclusions de cette étude révèlent que les affirmations de la Banque quant à ses financements climatiques pourraient être inexactes dans une proportion allant jusqu’à 40% – en plus ou en moins.
La Banque mondiale est l’institution multilatérale qui fournit le plus de financements climatiques aux pays aux revenus faibles ou intermédiaires: ceux-ci représentent 56 % du flux total de toutes les banques multilatérales de développement combinées.
D’autres institutions s’inspirent de la Banque mondiale pour établir leurs politiques et leurs pratiques.
« Si on accepte une telle opacité, d’autres institutions financières risquent d’emboîter le pas. Les pays en développement n’auront pas les informations nécessaires pour demander des comptes à la Banque mondiale et aux gouvernements des pays riches. Cela minera la confiance dans les négociations climatiques. Ce rapport montre que certaines prétentions sur le financement de la lutte climatique pourraient n’être que des tentatives d’écoblanchiment, ce qui risque d’entraîner un sous-investissement dangereux pour les pays les plus vulnérables à la crise climatique. »
Des promesses non tenues
Le rapport souligne également que les pays riches, qui ont promis de verser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays les plus vulnérables à faire face à la crise climatique, ont raté leur objectif de 16,7 milliards de dollars en 2020. Pire encore, 70 % de la somme mobilisée sera versée sous forme de prêts, ce qui alourdira davantage le fardeau de ces pays déjà très endettés.
Oxfam demande à la Banque mondiale de divulguer clairement et entièrement ses financements climatiques, incluant les preuves qui étayent ses calculs, dans ses rapports sur tous les projets qui bénéficient selon elle d’un investissement climatique. L’ensemble du Groupe de la Banque mondiale devrait aussi commencer à divulguer des rapports publics de façon standardisée et cohérente, en y incluant une base de données vérifiables.
Le changement climatique est une réalité coûteuse qui frappe de manière plus aiguë les populations des pays à faible revenu. Oxfam-Québec a lancé une pétition pour réclamer, entre autres, un financement climatique adéquat et durable afin de soutenir les pays et les communautés les plus touchés par le changement climatique.
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