La COP 28 qui a lieu à Dubaï est un moment déterminant pour l’action climatique internationale. Sortie des énergies fossiles, fonds pertes et dommages, financements climat : Oxfam participe aux négociations et porte cinq demandes fortes.
Les COP, c’est quoi ?
Les COP, ou Conférence des Parties, ce sont des sommets mondiaux sur le climat destinés à fixer aux États des objectifs en matière de lutte contre le changement climatique. Elles se tiennent chaque année depuis 1995 et réunissent les 198 pays qui se sont engagé à respecter la convention des Nations Unies sur les changements climatiques.
COP 28 à Dubaï : faut-il en attendre quelque chose ?
Pourquoi la COP 28 est-elle importante ?
La COP 28 de Dubaï suscite beaucoup d’attentes : c’est la COP du premier Bilan Mondial, pendant lequel les États vont faire le point pour la première fois sur les avancées et les échecs depuis l’Accord de Paris. Ce point d’étape doit permettre de renforcer l’action climatique internationale et notamment, pour les pays à revenu élevé, de reconnaître leur responsabilité particulière et d’accroître leurs engagements en matière de coopération internationale.
Des négociations sur le climat… à Dubaï ?
Si elle suscite beaucoup d’attentes, la COP28 soulève aussi de nombreux doutes quant à ses chances de succès. La conférence est en effet accueillie par un pays dont l’économie repose fortement sur l’extraction du pétrole et est présidée par Sultan Ahmed Al Jaber, le PDG d’une compagnie pétrolière ultra-polluante.
Pourtant, Oxfam et les grandes ONG environnementales ont décidé de participer, pour ne pas laisser le champ libre aux pays pollueurs et aux lobbyistes, mais aussi pour peser dans les nombreuses négociations portant sur les politiques d’adaptation ou les financements climat pour les pays à faible revenu, afin de porter la voix des communautés les plus vulnérables au changement climatique.
Ce qu’on attend de la COP 28 :
- La sortie rapide et équitable des énergies fossiles
- Un accord sur le déploiement massif des énergies renouvelables
- La concrétisation du Fonds pour les pertes et dommages
- La hausse des Financements climat vers les pays du Sud
- La mise en place d’une taxation de la richesse
Les cinq attentes d’Oxfam pour la COP 28
1. Un désengagement des énergies fossiles
Pour respecter l’Accord de Paris et lutter contre les changements climatiques, il est urgent de mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles : gaz, pétrole et charbon. C’est pourquoi Oxfam et les autres ONG portent la demande d’un désengagement de toutes les énergies fossiles, avec des échéances claires et sans exceptions pour les fausses solutions comme la capture et le stockage du carbone.
2. Un accord sur le déploiement massif des énergies renouvelables
Pour sortir rapidement et complètement des combustibles fossiles tout en garantissant un accès universel à l’énergie, le développement massif des renouvelables est une urgence majeure. Or si la responsabilité des émissions n’est pas équitablement partagée, tous les États n’ont pas non plus les mêmes capacités financières et techniques pour opérer la transition. La sortie des énergies fossiles ne se fera dans les pays du Sud qu’avec un soutien financier important de la part des pays riches. Oxfam demande donc le développement massif des renouvelables et de l’efficacité énergétique, avec des financements dédiés pour appuyer cette transition dans les pays du Sud.
3. La concrétisation du Fonds pour les pertes et dommages
Les pays du Nord sont les plus gros pollueurs actuels et historiques, tandis que les pays du Sud sont ceux qui subissent le plus durement les conséquences du changement climatique. La COP 27 avait enfin acté la création d’un Fonds pour les pertes et dommages pour aider les pays les plus touchés : Oxfam-Québec demande maintenant sa concrétisation rapide, avec des contributions financières substantielles dès cette année par les pays riches (plusieurs milliards de dollars) et un fonctionnement réellement au service des communautés vulnérables.
4. La hausse des financements climat vers les pays du Sud
Les pays riches, largement responsables de la crise climatique, n’ont pas tenu leur promesse de fournir au moins 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud pour les aider à faire face à la crise climatique. Or, non seulement cet objectif n’a pas été atteint, mais en plus il est largement insuffisant. Oxfam demande :
- Que les pays du Nord tiennent enfin l’objectif des 100 milliards par an entre 2020 et 2025, en compensant les manques depuis 2020 ;
- De doubler les financements dédiés à l’adaptation d’ici 2025, comme s’y sont engagés les pays du Nord à la COP 26.
- D’augmenter la part allouée aux dons dans les financements climat. Comme les autres pays riches, le Canada fournit l’essentiel de ses financements climat sous forme de prêts, à rembourser. Or on ne peut pas prétendre aider les pays vulnérables et aggraver dans le même temps leur endettement.
- De revoir massivement à la hausse les financements vers les pays du Sud, en partant de leurs besoins réels, qui pourraient atteindre 3 000 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Cela par des annulations de dettes, des hausses des contributions des pays riches, la réorientation des subventions vers les énergies fossiles ;
C’est une question de confiance internationale mais aussi et surtout de justice climatique.
5. La mise en place d’une taxation de la richesse
Les individus les plus riches et les entreprises polluantes ont une responsabilité disproportionnée dans le changement climatique.
- Avec leur train de vie, les 1% les plus riches ont émis autant que les deux tiers de l’humanité.
- Dans le même temps, les 10 pays les plus vulnérables au changement climatique (Niger, Guatemala, Kenya…) sont responsables de 0,13% des émissions historiques de gaz à effet de serre.
Il y a donc urgence à taxer la richesse, à la fois pour dégager des ressources financières à investir dans la transition et pour ne pas faire peser le coût de la transition sur les personnes plus pauvres.