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30 juillet 2020 – A l’occasion de la journée internationale de la femme africaine du vendredi 31 juillet 2020, sept organisations ouest-africaines, WILDAF, ROPPA, RBM, WANEP, REPSFECO, APESS et ROALJEF-Mali, accompagnées par Oxfam et CARE, mettent en avant l’impact de la crise du COVID-19 sur les femmes en Afrique de l’Ouest et partagent leurs réalités, leurs réflexions et leurs solutions autour de 7 thématiques prioritaires identifiées, par et pour les femmes de la région.

« Dans cette crise qui affecte l’Afrique de l’Ouest, les femmes ouest-africaines sont en première ligne et plus fortement impactées, que ce soit directement ou indirectement par la dure réalité de la pandémie et ses conséquences au quotidien », alertent les organisations.

Mais loin de s’avouer vaincues, les femmes ouest-africaines s’adaptent, redoublent d’ingéniosité et mettent en place chaque jour des solutions pour la survie de leurs familles et communautés. Dans la mise en place de ces solutions, le rôle des gouvernements est crucial et permettrait de changer le quotidien de millions de femmes de la région.

Parce qu’elles occupent les positions les plus vulnérables dans le secteur formel et constituent la majeure partie du secteur informel en Afrique de l’Ouest, notamment agricole, les femmes font face à l’arrêt des activités économiques. Au Niger par exemple, les femmes ont dû vendre les céréales stockées dans les banques céréalières avant la période de soudure, afin de répondre aux besoins des communautés, perdant ainsi un bénéfice important et vidant les réserves. Dans le court terme, il est primordial de mettre en place des fonds d’urgence et de relance des activités pour les coopératives de femmes et les femmes travaillant dans le secteur informel.

Les femmes sont historiquement au premier rang dans la résolution des crises alimentaires en Afrique de l’Ouest.

Non seulement elles sont en charge de l’alimentation des familles, mais elles constituent également une partie importante de la force de travail agricole. En temps de crise alimentaire, les femmes sont les premières à se sacrifier pour privilégier les enfants et les personnes âgées et elles souffrent les premières de la diminution des rations. Les filles sont souvent défavorisées au profit des garçons dans l’alimentation. Face à la crise d’insécurité alimentaire qui menace l’Afrique de l’Ouest, les gouvernements de la région doivent s’organiser au plus vite pour faire face. Les distributions alimentaires doivent être mises en place pour soutenir les plus vulnérables et les produits de première nécessité doivent être subventionnés.

Les consultations menées par les organisations auprès des femmes impactées montrent également que dans cette crise, les femmes et les jeunes filles font face à des difficultés d’accès aux services sociaux. Plusieurs recommandations sont proposées face à ce constat, tel que mettre en place des campagnes de sensibilisation et d’information pour communiquer sur l’accessibilité des centres de santé et sur les droits en matière de santé, ou encore recruter davantage de personnel de santé féminin.

Les femmes et les filles font aussi face au manque d’information.En ce sens, l’organisation de sessions de sensibilisation à destination des femmes en présence d’agents sanitaires est une des solutions avancées. Elle leur permettrait d’accéder à une information de qualité, claire et fiable sur la maladie.

L’augmentation de la vulnérabilité et des violences basées sur le genre

C’est également un constat unanime, plus que jamais les efforts doivent être soutenus et amplifiés pour que les femmes soient en sécurité, pour qu’elles soient informées, pour qu’elles aient accès à la justice.  La crise illustre aussi le poids des normes sociales dans les inégalités entre les hommes et les femmes mais constitue également une opportunité de les changer. Le confinement a engendré une situation nouvelle : la présence plus importante des hommes à la maison, qui a dans certains cas généré une meilleure compréhension des inégalités existantes et de la réalité des femmes. Il s’agit d’une opportunité sur laquelle il faut capitaliser. Il est important de sensibiliser les hommes et les femmes, à travers les programmes d’éducation, sur l’égalité entre les hommes et les femmes, sur les droits des femmes et des filles afin d’œuvrer à la déconstruction des normes sociales renforçant les inégalités de genre.

Que ce soit au niveau communautaire ou au niveau national, les femmes ne sont pas suffisamment intégrées aux espaces de prise de décision sur la gestion de la crise. Elles sont pourtant en première ligne dans la gestion opérationnelle de celle-ci, en tant qu’agents de santé, mère, ou cheffe de famille. Les gouvernements doivent prendre des mesures pour s’assurer que les femmes puissent être représentées et participer efficacement aux espaces de prise de décision sur la gestion de la crise. L’instauration de quota de femmes dans la sélection des membres composant les instances décisionnelles fait partie des exemples pertinents.

Au-delà de l’engagement des gouvernements de la région, le soutien de la communauté internationale est également capital, car la pandémie intervient également dans un contexte de crises humanitaires pour de nombreux États de la région, dont les populations déplacées, majoritairement constituées de femmes, étaient déjà dans un état de vulnérabilité critique.

« Le monde de demain doit se construire par et pour les femmes et les filles ouest-africaines, et pour cela nous avons besoin du soutien et de l’engagement de nos gouvernements. Les femmes ouest-africaines veulent faire entendre leur voix et participer activement à la gestion de la crise sanitaire et sociale, agir pour la société. Prendre en compte nos réalités, c’est s’assurer de construire ensemble un monde de demain meilleur et plus égalitaire pour tous », concluent les organisations.

Découvrez leurs solutions et recommandations par thématique dans l’étude complète ici.

Notes aux rédactions 

Méthodologie : Les fiches thématiques ont été réalisées sur la base de consultations que les sept organisations régionales ouest-africaines, ainsi qu’Oxfam et CARE, ont réalisées auprès de leurs membres et bureaux au Sénégal, Togo, Bénin, Nigéria, Niger, Burkina Faso, Mali, Sierra Leone et Guinée Bissau au cours du mois de juillet. Il ne s’agit pas d’une étude quantitative mais de données qualitatives, résultant d’échanges entre les membres des organisations signataires, reflétant ainsi leurs opinions sur les enjeux que les femmes rencontrent aujourd’hui face à la crise du COVID-19.

Les fiches thématiques :

  1. Les femmes face à l’arrêt des activités économiques
  2. Les femmes et les filles face aux difficultés d’accès aux services sociaux
  3. Les femmes et les filles face à l’augmentation de leur vulnérabilité et des violences basées sur le genre
  4. Les femmes face à la crise alimentaire
  5. Les femmes face à la faiblesse de leur représentation dans les espaces de prises de décision
  6. Les femmes et les filles face au manque d’accès à l’information
  7. Les femmes face au poids des normes sociales
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