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Montréal, le 18 juin 2020 – Dans le cadre d’une enquête menée par Oxfam dans cinq pays, 43 % des femmes interrogées ont déclaré se sentir plus anxieuses, déprimées ou isolées, parce qu’elles doivent assumer davantage de tâches non rémunérées en raison de la pandémie de coronavirus.

À l’approche de la fête des Pères, qui sera célébrée ce dimanche, Oxfam invite les hommes à en faire plus. En effet, notre enquête montre que s’ils ont eux aussi assumé davantage de tâches de soins pendant la pandémie, la charge de travail de soins continue de peser de manière disproportionnée sur les femmes.

« La pandémie de coronavirus a eu pour effet d’aggraver considérablement les inégalités qui existaient déjà, affirme la directrice générale d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes. Une femme risque de passer beaucoup plus d’heures par jour qu’un homme à cuisiner, faire le ménage et s’occuper de sa famille. C’est encore plus vrai pour les mères célibataires, les personnes pauvres ainsi que celles issues d’une minorité visible. »

Au total, 6 385 femmes et hommes ont été interrogés plusieurs semaines après le début de cette pandémie, qui a touché des millions de personnes et entraîné la fermeture des écoles, des services de garde et des organismes communautaires venant en soutien aux familles. Trois enquêtes nationales ont été réalisées au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni ainsi que deux enquêtes dans des communautés urbaines pauvres des Philippines et dans des bidonvilles du Kenya.

Plus de la moitié des femmes interrogées ont déclaré consacrer plus de temps depuis le début de la pandémie à des tâches telles que la cuisine, le ménage et les soins des autres membres de la famille.

Plus de la moitié des hommes interrogés ont également déclaré que leur charge de travail non rémunéré en matière de soins avait augmenté, mais la majeure partie de la charge continue de peser sur les épaules des femmes. Avant la pandémie, les femmes effectuaient déjà 12,5 milliards d’heures de soins non rémunérées chaque jour dans le monde, soit trois fois plus que les hommes. Au Canada, elles sont 71 % à avoir déclaré faire face à au moins une difficulté liée à leur charge de travail non rémunéré, comme l’isolement ou la dépression, contre 66 % chez les hommes.

Au Kenya, dans les bidonvilles de Nairobi, 26 % des femmes interrogées ont déclaré qu’elles étaient physiquement mal en point, qu’elles n’avaient pas pu se reposer suffisamment ou qu’elles se sentaient stressées et anxieuses en raison de l’augmentation de leurs tâches de soins.

Les mères célibataires, les femmes vivant dans la pauvreté ainsi que les personnes racisées ont signalé la plus forte augmentation du travail de soins non rémunéré.

Ainsi, au Canada, 54 % des personnes appartenant aux minorités visibles ont signalé une augmentation de leur charge domestique, contre 38 % chez les personnes non racialisées.

Dans les communautés urbaines pauvres et marginalisées des Philippines, les mères célibataires et les personnes vivant dans la pauvreté ont déclaré avoir consacré plus de cinq heures supplémentaires par jour à des tâches non rémunérées pendant la pandémie.

Les femmes sont responsables d’une charge disproportionnée du travail de soins dans tous les pays du monde en raison d’un manque d’investissement dans les services publics et de stéréotypes néfastes qui considèrent les tâches de soins comme un travail réservé aux femmes et moins qualifié ou important qu’un travail rémunéré.

Le Québec et le Canada ne font pas exception

« Au Canada et aux États-Unis, les familles et les femmes issues de minorités visibles sont confrontées à des inégalités socioéconomiques liées au racisme structurel, qui rendent plus difficile l’accès aux services de garde d’enfants, de santé et de soutien.

Cette pandémie a fait réaliser à plusieurs personnes le caractère essentiel du travail de soins, qui est majoritairement effectué par des femmes, et dans le cas du Québec, bien souvent par des femmes racisées, indique Denise Byrnes. Il conviendra de s’en souvenir et de donner un appui conséquent à ces personnes dans la mise en place des mesures de relance économique. »

« Les femmes et les hommes doivent travailler ensemble pour remettre en question les normes et les stéréotypes qui empêchent le partage équitable du travail de soins, ajoute Mar Moreno, directrice de la justice de genre chez Oxfam. Les gouvernements ont également un rôle clair à jouer dans la mise en place d’économies féministes plus égalitaires qui soutiennent les hommes et les femmes qui dispensent des soins, en leur octroyant des congés payés de maladie, familiaux et pour raisons médicales ainsi qu’en investissant dans les services publics. »

Pour appuyer nos projets qui soutiennent les femmes dans le monde :

Notes:

  • Les données recueillies sont fondées sur des enquêtes menées auprès de populations représentatives aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. Pour les États-Unis, les données ne sont représentatives que pour les électrices et électeurs potentiels. Aux Philippines, l’accent a été mis sur les communautés urbaines et pauvres, et au Kenya, le sondage a été mené dans les bidonvilles de Nairobi.
  • Au total, 3 558 femmes et 2 827 hommes ont été interrogés dans les cinq pays.
  • Le résumé des données d’enquête dans les 5 pays est disponible sur demande.
  • Les informations sur la méthodologie utilisée pour mener chaque enquête sont disponibles sur demande.
  • Aux États-Unis, l’enquête a été réalisée en partenariat avec Promundo; au Royaume-Uni, en partenariat avec YouGov; et aux Philippines, dans le cadre d’un projet interagences de 21 organisations non gouvernementales internationales et organisations de la société civile, dirigée par Oxfam Philippines, l’UNFPA, CARE, PLAN International, le HCR, l’UNICEF et l’ONU Femmes et approuvée par la Commission des droits de l’homme et le ministère du Service social et du Développement (BARMM).
  • Cette recherche s’inscrit dans le cadre du projet WE-Care d’Oxfam, qui vise à rendre le travail de soins plus visible et à le considérer comme un facteur influençant l’égalité entre les sexes. Le programme « Women’s Economic Empowerment and Care » (WE-Care) travaille depuis 2013 à relancer les progrès en matière d’égalité entre les femmes et les hommes et à s’attaquer à la charge lourde et inégale du travail de soins et domestique non rémunéré. En reconnaissant, réduisant et redistribuant le travail de soins et domestique non rémunéré, WE-Care promeut une société juste et inclusive. À terme, l’objectif est que les femmes et les filles aient davantage de choix à chaque étape de leur vie, plus d’occasions de participer aux activités économiques, sociales et politiques, et que leurs voix soient prises en compte dans les décisions sur les politiques et les budgets à tous les niveaux.
  • WE-Care finance actuellement des projets dans six pays d’Asie du Sud-Est et d’Afrique, en partenariat avec des organisations nationales de défense des droits des femmes, des groupes d’hommes, des groupes de jeunes, des organisations de la société civile ainsi que le secteur privé. Le programme a été soutenu par Unilever et sa marque de lessive Surf, la Fondation William et Flora Hewlett, ainsi que plusieurs autres donateurs. Les méthodologies et les politiques de WE-Care ont été appliquées dans les programmes de développement et d’aide humanitaire d’Oxfam dans plus de 25 pays.
  • Le 18 juin 2020, Promundo et Oxfam lancent la campagne #HowICare, un projet international de « MenCare: A Global Fatherhood Campaign », une campagne active dans plus de 55 pays qui a pour objectif d’inciter les hommes à combler le fossé dans le domaine du travail de soins. Oxfam et Promundo publient également un document sur les tendances du travail de soins aux États-Unis. Les thèmes de ce document seront mis en évidence dans la campagne, tout comme des histoires sur la façon dont les hommes et les femmes s’occupent les uns des autres pendant cette période difficile.
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