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Les pays en développement sont suspendus aux promesses non tenues des pays riches et des laboratoires pharmaceutiques qui ne parviennent pas à livrer les milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 promises tout en bloquant les vraies solutions pour lutter contre les inégalités vaccinales. C’est ce qu’indique un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’Alliance en faveur d’un vaccin universel (People’s Vaccine Alliance) dont font partie Oxfam, ActionAid, l’Alliance africaine et 74 autres membres.

Le rapport, intitulé “Une dose de réalité”, révèle que sur les 1,8 milliard de doses de vaccins promises par les pays riches aux pays en développement, seules 261 millions (soit 14% ou une dose sur sept) ont été livrées à ce jour. Les sociétés pharmaceutiques occidentales n’ont fourni que 12% des doses qu’elles ont allouées à COVAX, l’initiative conçue pour aider les pays à revenu faible et intermédiaire, à obtenir un accès équitable aux vaccins COVID.

Dans le même temps, l’Union Européenne et d’autres nations riches, dont le Canada, ont refusé et refusent toujours de soutenir une proposition de plus de 100 nations visant à abandonner les brevets sur les vaccins et les technologies liées au COVID. Les grandes sociétés pharmaceutiques, elles, n’ont pas ouvertement partagé leurs technologies avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors même que ce partage pourrait permettre aux pays en développement de fabriquer leurs propres vaccins et de sauver des vies.

Le Canada s’est assuré plus de 970 000 doses de COVAX, tout en ne livrant que 3,2 millions – soit 8 % – des 40 millions de doses qu’il avait promises. Le gouvernement britannique, qui a activement bloqué les demandes de pays comme l’Afrique du Sud et l’Inde réclamant d’être autorisés à fabriquer leurs propres vaccins, n’a livré que 9,6 millions (moins de 10 %) des 100 millions de doses qu’il avait promises aux nations les plus pauvres. Entre-temps, il a lui-même pris un demi-million de doses de COVAX, malgré les pénuries extrêmes de vaccins dans les pays en développement, et a déjà obtenu plus de doses qu’il n’en faut pour toute la population britannique grâce à des accords directs avec les sociétés pharmaceutiques. Les États-Unis ont pour leur part livré le plus grand nombre de doses – près de 177 millions de doses – mais cela ne représente que 16 % des 1,1 milliard promis.

L’Alliance en faveur d’un vaccin universel indique que bien que COVAX ait sa part de responsabilité dans la situation actuelle, les entreprises pharmaceutiques ont sapé l’initiative, d’abord en n’y consacrant pas suffisamment de doses initialement, puis en livrant bien moins que ce qui avait été convenu. Sur les 994 millions de doses allouées au COVAX par Johnson & Johnson, Moderna, Oxford/AstraZeneca et Pfizer/BioNTech, seules 120 millions (soit 12 %) ont été effectivement livrées, ce qui est quinze fois moins que les 1,8 milliard de doses livrées aux pays riches par ces sociétés. Johnson & Johnson et Moderna n’ont pas encore livré une seule des doses promises dans le cadre de l’initiative.

« L’échec des livraisons de vaccins des pays riches aux pays à revenu moyens et inférieurs et l’échec de COVAX ont la même cause profonde : nous avons cédé le contrôle de l’approvisionnement en vaccins à un petit nombre de sociétés pharmaceutiques, qui donnent la priorité à leurs propres profits. »

Denise BYRNES

Directrice générale d'Oxfam-Québec

Dans de nombreux pays en développement, les vaccins contre la COVID-19 sont inaccessibles en raison des monopoles pharmaceutiques. Ensemble, nous pouvons agir en faveur de la levée des brevets et rendre accessibles les vaccins à toutes et tous! Oxfam-Québec a lancé une pétition en ce sens, afin de réclamer au gouvernement d’agir pour un accès universel et gratuit aux vaccins contre la COVID-19.

flècheJe signe la pétition

 

Lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, le président Biden a rallié le soutien à l’objectif de vacciner 70 % des personnes dans chaque pays d’ici septembre 2022. Si cet objectif est à juste titre ambitieux, l’Alliance en faveur d’un vaccin universel estime qu’il devrait être atteint beaucoup plus rapidement et qu’il n’existe toujours pas de plan pour y parvenir.

L’OMS a affirmé que l’acheminement des doses aux pays en développement devait être une priorité mondiale d’ici la fin de l’année. Cet appel semble ne pas être entendu par les pays riches qui n’écoutent pas et travaillent selon un calendrier qui prévoit la livraison d’un nombre insuffisant de doses d’ici 2022. Ce retard risque d’entraîner d’innombrables décès inutiles.

« Partout dans le monde, des personnes travaillant dans le domaine de la santé meurent et des enfants perdent leurs parents et leurs grands-parents, rappelle Maaza Seyoum, de l’Alliance africaine et de People’s Vaccine Alliance Africa. Alors que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des personnes dans les pays à faible revenu ne sont toujours pas vaccinées, nous en avons assez de ces gestes insuffisants »

MAAZA SEYOUM

Alliance africaine et People's Vaccine Alliance

À une semaine du sommet du G20 à Rome, l’Alliance en faveur d’un vaccin universel demande aux dirigeantes et dirigeants de cesser de freiner l’accès aux vaccins pour une énorme partie de la population mondiale et de :

  • Suspendre les droits de propriété intellectuelle pour les vaccins COVID en acceptant la proposition de dérogation à l’Organisation mondiale du commerce.
  • Exiger des sociétés pharmaceutiques qu’elles partagent les technologies liées à la COVID-19, notamment avec le pool d’accès à la technologie COVID-19 de l’OMS
  • Investir dans des centres de fabrication décentralisés dans les pays en développement pour remplacer la situation actuelle de monopoles et de pénurie par un meilleur accès aux vaccins dans les pays à revenus intermédiaires et inférieurs.
  • Redistribuer immédiatement et équitablement les vaccins existants dans toutes les nations afin d’atteindre l’objectif de l’OMS de vacciner 40 % des personnes dans tous les pays d’ici la fin de 2021 et 70 % des personnes dans tous les pays d’ici la mi-2022.

L’OMS a affirmé que l’acheminement des doses aux pays en développement devait être une priorité mondiale d’ici la fin de l’année. Cet appel semble ne pas être entendu par les pays riches qui n’écoutent pas et travaillent selon un calendrier qui prévoit la livraison d’un nombre insuffisant de doses d’ici 2022. Ce retard risque d’entraîner d’innombrables décès inutiles.

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Camille Garnier
Agent des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 513-0506
Courriel: camille.garnier@oxfam.org

Notes :

  • Toutes les statistiques sont référencées dans le rapport complet A Dose of Reality : How rich countries and pharmaceutical corporations are breaking their vaccine promises (en anglais et disponible sur demande)
  • La statistique principale selon laquelle les pays riches n’ont livré que 14 % des doses promises concerne les doses données par les pays du G7 et Team Europe, qui comprend l’Union Européenne, la Norvège et l’Islande. Toutes les données sur les livraisons de doses proviennent d’Airfinity et sont à jour en date du 12 octobre 2021.
  • Jusqu’à présent, le mécanisme COVAX a reçu directement des entreprises pharmaceutiques :
    • 104 millions (14 %) des 720 millions de doses promises par Oxford/AstraZeneca
    • 16 millions (40 %) des 40 millions promis par Pfizer/BioNTech
    • zéro dose sur les 200 millions promis par Johnson & Johnson
    • zéro dose sur les 30 millions promises par Moderna.
  • Seuls 1,3 % des habitants des pays à faible revenu sont entièrement vaccinés.
  • Airfinity prévoit que Johnson & Johnson, Moderna, Oxford/AstraZeneca et Pfizer/BioNTech produiront 6,2 milliards de doses d’ici la fin de l’année, soit un écart de 17 % par rapport aux prévisions initiales, ce qui se traduit par plus de 1,3 milliard de doses de vaccin manquantes.
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