Oxfam met en garde contre une crise humanitaire alarmante dans l’est de la RDC, alors que les groupes d’aide luttent pour répondre à la réduction des financements.
Plus de 450 000 personnes sont privées d’abri, de nourriture ou d’eau en République démocratique du Congo (RDC) à la suite de la destruction de treize sites de déplacement à Goma, prévient Oxfam. La crise est de plus en plus alarmante suite à la prise de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, tandis que les réductions de financement entravent la capacité de réponse des organisations humanitaires restantes.
La recrudescence des combats a forcé des milliers de personnes à quitter les sites de déplacement, dont beaucoup ont été détruits ou pillés à la suite du conflit. Nombre d’entre elles cherchent désormais refuge dans des églises et des écoles surpeuplées de Goma. De nombreuses familles retournent dans leurs villages, mais retrouvent leur maison en ruine et doivent faire face à d’immenses besoins.
« Les personnes déplacées reviennent en masse, il y a beaucoup de mouvement et les besoins sont énormes car la réponse doit être mise en place et cela prendra du temps. Beaucoup ont peur de retourner dans le village où ils ont déjà été attaqués. Les gens sont traumatisés. 25 cas de choléra ont été enregistrés cette semaine. Il y a aussi le Mpox. C’est une catastrophe. Les gens vont mourir. »
Les répercussions des coupes budgétaires américaines affectent considérablement ces communautés, car l’USAID était le principal bailleur de fonds en RDC et la plupart des organisations humanitaires dépendaient de son financement pour fournir une aide vitale.
« La situation catastrophique en République démocratique du Congo est alarmante, et démontre à quel point le démantèlement de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) entraîne des conséquences dévastatrices. Nos collègues sur place ne peuvent plus répondre aux besoins urgents de 300 000 personnes déplacées dans et aux alentours de Goma. »
« Il est urgent que la communauté internationale, incluant le Canada, intervienne pour combler ce vide et éviter une catastrophe humanitaire majeure. »
« Nous sommes obligés de réparer les équipements endommagés alors que les personnes qui en ont désespérément besoin sont privées d’aide. Pire encore, lorsque des sites seront enfin remis en service, il se peut que nous ne soyons toujours pas en mesure de les aider, car les réductions de l’aide américaine ont tout mis en péril. Si la communauté internationale n’intervient pas, cette crise deviendra incontrôlable. »
Trois sites de déplacement à Rusayo (Goma), où Oxfam fournit une assistance à plus de 100 000 personnes, ont été complètement vidés. Les réservoirs d’eau, les latrines, les douches et les conduites d’eau ont été détruits et les fosses septiques ont été laissées ouvertes. Avec un accès limité à l’eau potable et à l’hygiène, les risques sanitaires augmentent et la propagation des cas de rougeole, de choléra et de Mpox mettent à rude épreuve un système de santé déjà fragile.
Les familles et les communautés luttent également pour obtenir de l’argent liquide afin d’acheter de la nourriture ou de rentrer chez elles. Suite aux combats intenses de ces dernières semaines, les banques de Goma restent fermées et les agents monétaires fonctionnent avec une capacité limitée. De plus, les prix montent en flèche et empêche de nombreuses familles à se procurer les biens essentiels.
Notes aux rédactions
La prise de Bukavu par le M23 intervient alors que les dirigeants africains se réunissent aujourd’hui (samedi) au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba. La crise a déclenché des mouvements massifs de population, des milliers de personnes ayant fui leur domicile aux premières heures du vendredi 14 février.
En RDC, Oxfam travaille à Goma, Minova, Masisi, Lubero, Beni et Mahagi. Le personnel d’Oxfam rapporte que treize sites de déplacement à Goma, accueillant 450 000 personnes, ont été vidés et ensuite détruits, pillés ou démantelés. Les treize sites sont : Baraka, Buhimba, Bulengo, 8th Cepac Mugunga, Kayarucinya, Kibati, Lushagala, Lushagala Extension, Lwashi, Rego, Rusayo 1, Rusayo 2 et Rusayo Extension.
Oxfam travaille à la restauration des infrastructures essentielles et au traitement des fosses septiques afin de fournir de l’eau et des installations sanitaires aux communautés affectées de Goma. Les effets de la réduction du financement de l’USAID empêchent une réponse urgente pour 300 000 personnes déplacées dans et autour de Goma, avec de l’eau potable, de la nourriture et des services de protection pour les femmes et les filles. Le financement à long terme des agences humanitaires pour soutenir les familles touchées reste incertain.
La RDC continue de lutter contre les effets dévastateurs de l’épidémie de Mpox, qui a fait des victimes et mis à rude épreuve un système de santé déjà fragile.
L’Agence américaine pour le développement international (USAID) est le principal bailleur de fonds humanitaire en République démocratique du Congo (RDC). Un rapport de l’année dernière indique qu’elle a fourni plus de 838 millions de dollars pour la seule année fiscale 2024, dont 414 millions de dollars spécifiquement pour les besoins humanitaires résultant du conflit en cours et des déplacements.
Des photos de sites abandonnées et d’infrastructures détruites sont disponibles sur demande.
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