pixel Facebook

Plus de 250 organisations non gouvernementales (ONG), parmi lesquelles Oxfam, publient aujourd’hui une lettre ouverte appelant tous les États à accroître de toute urgence l’aide humanitaire pour éviter que plus de 34 millions de personnes ne courent le risque d’être poussées au bord de la famine d’ici à la fin de cette année.

En effet, un an après la mise en garde des Nations Unies contre des « famines aux proportions bibliques », les fonds fournis en réponse par les pays riches ne totalisent que 5 % de l’appel lancé par l’ONU pour 2021, soit 415 millions de dollars seulement sur les 7,8 milliards réclamés pour lutter contre la faim dans le monde.

Les 5,5 milliards de dollars supplémentaires récemment réclamés par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA) équivalent aux dépenses militaires que l’ensemble des pays du monde effectuent en 26 heures. Ce sont en tout quelque 1 900 milliards de dollars qui sont consacrés chaque année à ces dépenses notamment pour des véhicules ou de l’armement. Résultat, alors que de plus en plus de personnes sont contraintes de se coucher le ventre vide chaque soir, les conflits s’intensifient.

 

Des chiffres qui ne cessent d’accroitre 

À la fin de l’année dernière, les Nations Unies estimaient que 270 millions de personnes étaient confrontées à un risque très élevé de souffrir de faim aiguë ou en souffraient déjà. En effet, 174 millions de personnes, réparties dans 58 pays, se trouvent déjà dans cette situation et risquent de mourir de malnutrition ou de manque de nourriture. En l’absence d’une réaction immédiate, ce chiffre ne peut qu’augmenter dans les mois à venir.

Les conflits sont le principal facteur de faim dans le monde, suivis par les changements climatiques et la pandémie de coronavirus. Du Yémen à l’Afghanistan, en passant par le Soudan du Sud et le Nord du Nigeria, les armes et la violence poussent des millions de personnes au bord de la famine.
Il est aussi à noter qu’au niveau mondial, les prix moyens des denrées alimentaires sont au plus haut depuis sept ans.

Dans les zones de conflit, les habitants sont témoins de scènes dantesques liées à la famine. Dans le gouvernorat de Lahj, au Yémen, Fayda raconte : « Lorsque les travailleurs humanitaires sont arrivés chez moi, ils ont pensé que j’avais de quoi manger parce qu’ils ont vu de la fumée sortir de ma cuisine. Et pourtant, je n’étais pas en train de préparer un repas pour mes enfants. Je n’avais que de l’eau chaude et des plantes à leur donner, après quoi ils sont allés au lit affamés. J’ai déjà pensé à plusieurs reprises à me suicider, mais je tiens le coup pour mes enfants. »

 

Mettre fin aux conflits pour freiner la pandémie

Au début de la pandémie de COVID-19, le secrétaire général des Nations Unies a appelé à un cessez-le-feu mondial pour concentrer tous les efforts sur la lutte contre le coronavirus, mais la plupart des dirigeantes et dirigeants ont fait la sourde oreille. Il est pourtant de leur devoir de trouver des solutions durables aux conflits, tout en permettant aux humanitaires d’accéder aux zones où sévissent ces conflits pour pouvoir sauver des vies.

D’après Ahmed Shehu, coordinateur régional du Réseau de la société civile du bassin du lac Tchad : « La situation ici est vraiment désespérée. Soixante-dix pour cent des habitantes et habitants de cette région se consacrent à l’agriculture, mais ces personnes ne peuvent actuellement pas accéder à leurs terres à cause de la violence généralisée. Il ne leur est donc pas possible de produire des aliments. Cela fait des milliers d’années que les agricultrices et agriculteurs fournissent de la nourriture à la population. Maintenant, ces personnes en sont réduites à mendier. Et nous, en tant qu’humanitaires, nous ne pouvons même pas nous rendre en sécurité auprès de ces gens pour les aider. Certaines et certains d’entre nous se sont risqués à se déplacer pour atteindre des communautés dans le besoin et ont été enlevés. C’est un dur contre-coup pour celles et ceux d’entre nous qui veulent aider. »

« Les pays les plus riches réduisent leur aide alimentaire alors même que des millions de personnes souffrent de la faim ; c’est un échec politique retentissant, déplore Gabriela Bucher, directrice d’Oxfam International. Ces pays doivent de toute urgence revenir sur leurs décisions. Et nous devons nous attaquer aux causes fondamentales de la famine. La faim dans le monde n’est pas due à un manque de nourriture, mais bel et bien aux inégalités socio-économiques ».

Contact médias :
Camille Garnier
Agent médias et relations publiques Oxfam-Québec
514 513-0506
camille.garnier@oxfam.org 
Skip to content