Montréal, le 10 avril 2020 – Même si elle introduit quelques éléments intéressants, la position canadienne demeure incompréhensible dans son ensemble. Après avoir appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu mondial pour répondre à la pandémie de coronavirus, le Canada décide de mettre fin au moratoire sur l’approbation de nouveaux permis de vente d’armes. Cette décision ouvre ainsi la porte à une éventuelle vente d’armes à l’Arabie Saoudite et à la poursuite du contrat de ventes de blindés. Pourtant, l’Arabie saoudite a un bilan peu reluisant en matière de droits humains, en plus d’être l’une des parties au conflit au Yémen.
« Nous reconnaissons que le gouvernement avance quelques bonnes propositions intéressantes, comme par exemple la création d’un groupe consultatif d’experts indépendants. Ce groupe sera chargé d’examiner les pratiques exemplaires concernant les exportations d’armes par les États parties au Traité des Nations Unies sur le commerce des armes (TCA) afin d’assurer un système aussi rigoureux que possible. Malgré tout, il reste difficile de comprendre que des impératifs économiques priment sur les engagements du Canada en vertu du Traité sur le commerce des armes. L’article 7 de ce traité, maintenant en vigueur au Canada depuis septembre 2019, affirme que la simple existence d’un « risque » que les armes puissent être utilisées pour des violations de droits de la personne est suffisante pour refuser de délivrer des permis d’exportation. »
— Anne Duhamel, directrice des politiques et campagnes chez Oxfam-Québec.
Or, dans les circonstances, la position canadienne face à l’Arabie saoudite est pour le moins floue. En effet, plusieurs sources médiatiques crédibles ont déjà rapporté que du matériel militaire canadien — y compris des véhicules blindés légers — a servi dans la guerre qui ravage actuellement le Yémen.
Aussi, un récent rapport du Groupe d’experts éminents sur le Yémen de l’ONU réitère que le conflit au Yémen a donné lieu à une multitude de crimes de guerre au cours des cinq dernières années. Dans son rapport, le Groupe d’experts a rappelé à l’ordre la communauté internationale, soulignant que les États qui acheminent des armes aux parties aux conflits pourraient être tenus responsables de leur rôle complice dans la violation de droits de la personne.
Même si Ottawa affirme avoir obtenu des garanties à cet effet, à la lumière de ces constats alarmants, le Canada ne devrait pas rouvrir la porte à une éventuelle vente d’armes à l’Arabie Saoudite et à la poursuite du contrat de ventes de blindés.
► Si vous souhaitez joindre votre voix à celle d’Oxfam-Québec pour que le Canada cesse de vendre des armes à l’Arabie saoudite, signez notre pétition en ligne sur : https://oxfam.qc.ca/petitionyemen/