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Montréal, 17 décembre 2019 – En cette 2e journée du Forum mondial sur les réfugiés qui se tient cette semaine à Genève, Oxfam déclare que les mécanismes en place pour soutenir les 25,9 millions de personnes réfugiées et les 3,5 millions de demandeurs d’asile dans le monde continuent d’être cruellement défaillants et de remettre injustement le fardeau des responsabilités sur les épaules de certains des pays les plus pauvres.

« Des millions de personnes réfugiées vulnérables sont en danger ou plongées dans l’incertitude parce que de nombreux pays n’assument pas leur juste part de responsabilité dans la protection des personnes contraintes de fuir leur foyer. Cette conférence pourrait contribuer à combler certaines des lacunes les plus criantes du système actuel, mais seulement si les pays qui y participent s’engagent à accueillir davantage de personnes, à fournir un financement plus stable et à inclure pleinement les personnes réfugiées dans les décisions concernant leur avenir », déclare Danny Sriskandarajah, directeur général d’Oxfam Grande-Bretagne.

« Il faut être représentées lorsque des décisions sont prises à notre sujet. Nous connaissons mieux que quiconque nos conditions de vie et ce qu’il faut faire pour aider les autres personnes qui vivent la même chose », remarque Devine Caneza, une réfugiée burundaise qui vit en Ouganda depuis 2015.

« Non seulement les personnes réfugiées en général doivent être partie prenante des décisions, mais les jeunes en particulier doivent l’être, soutient Anne Duhamel, directrice des politiques et campagnes chez Oxfam-Québec. Ils sont souvent négligés dans la réponse humanitaire. Il faut travailler à inclure les jeunes et à les faire participer dans la mise en œuvre du Pacte pour les jeunes dans l’action humanitaire, d’autant plus qu’ils doivent être outillés pour affronter les crises climatiques qui sont prévisibles et auxquelles ils devront être préparés », conclut-elle.

Donner une voix aux personnes réfugiées pour une paix durable

Oxfam appuie huit personnes réfugiées qui ont été invitées au Forum pour assurer que leurs voix seront entendues. Elles exhortent les États membres de l’ONU à faire leur juste part pour offrir une protection internationale aux personnes qui ont été contraintes de fuir leur foyer afin qu’elles puissent vivre dignement et en toute sécurité.

Oxfam affirme que des progrès ont été réalisés pour faire participer les populations réfugiées au dialogue, mais il faut œuvrer davantage afin de veiller à les consulter et à faire en sorte qu’elles soient directement impliquées. Oxfam et le Global Refugee Network ont appelé les États membres, les ONG internationales et les agences de l’ONU à signer un engagement unique pour faire participer les personnes réfugiées à tous les processus et à toutes les décisions les concernant.

« Si on nous implique dans les processus de paix et qu’on écoute nos histoires, les personnes réfugiées comme moi pourront contribuer à assurer une paix durable. Nous pouvons redonner de l’espoir. Pour celles et ceux qui dirigent le monde, ma vie compte parce que je suis un être humain, pas seulement une réfugiée », déclare Asan Juma Suleiman, une réfugiée sud-soudanaise vivant en Ouganda.

Oxfam en appelle au respect du Pacte mondial sur les réfugiés

En 2016, les leaders de 193 gouvernements se sont engagés à respecter un partage plus prévisible et plus équitable des responsabilités dans le cadre de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants. Cet engagement a été réaffirmé par 176 gouvernements en décembre dernier dans le cadre du Pacte mondial sur les réfugiés.

Or, malgré ces engagements, c’est encore la géographie qui détermine principalement l’endroit où se retrouvent la plupart des populations réfugiées. Actuellement, environ 80 % des 25,9 millions de personnes réfugiées et des 3,5 millions de demandeurs d’asile dans le monde sont accueillis par des pays à revenus faibles ou intermédiaires, souvent pendant de longues périodes, pour la simple raison qu’il s’agit des pays voisins les plus proches.

Dans son récent rapport intitulé « Welcome, Support, Pledge, Resettle » (en anglais seulement), Oxfam souligne qu’il manque cruellement de possibilités de réinstallation. À l’heure actuelle, seuls dix pays offrent plus de 1 000 places de réinstallation par an. Il faudrait donc que davantage de pays offrent au minimum l’équivalent.

« Notre première priorité doit être de veiller à ce que les pays partagent plus équitablement leurs responsabilités afin de contribuer à la réinstallation des populations réfugiées et de leur offrir d’autres voies légales sûres. Mais nous devons également nous assurer que les pays d’accueil bénéficient d’un soutien financier prévisible et à long terme. C’est essentiel pour qu’ils puissent répondre aux besoins des populations réfugiées et de leurs communautés d’accueil locales », insiste M. Sriskandarajah.

« Les personnes réfugiées comme moi veulent obtenir davantage de soutien pour pouvoir se débrouiller seules et régler elles-mêmes leurs problèmes. Il faut nous donner accès à une éducation de qualité et nous inclure dans les débats politiques. Les pays doivent nous offrir un avenir plein d’espoir, car beaucoup parmi nous ont vécu un véritable traumatisme et nous souhaitons simplement vivre en sécurité et dans la dignité », déclare Joelle Hangi, une réfugiée de la République démocratique du Congo qui vit désormais au Kenya.

Principales revendications d’Oxfam pour le Forum :

  • Les États membres doivent respecter leurs engagements et faire davantage pour soutenir les personnes réfugiées et les communautés d’accueil.
  • Les personnes réfugiées et les organisations dirigées par des personnes réfugiées doivent être placées au cœur des discussions et des décisions.
  • Tous les pays doivent s’employer à augmenter leur nombre de places de réinstallation.
  • Les États doivent également mettre en place les mesures nécessaires pour accueillir les demandeurs d’asile arrivant spontanément sur leur territoire.
  • Les gouvernements doivent respecter leurs engagements en matière d’aide et assurer aux pays d’accueil un financement prévisible à long terme et pluriannuel.

NOTES AUX RÉDACTIONS :

  • Pour en savoir plus sur les derniers chiffres et les principales demandes des pays présents au Forum, consultez le rapport d’Oxfam intitulé « Welcome, Support, Pledge, Resettle » (en anglais seulement).
  • 70,8 millions de personnes dans le monde ont été contraintes de se déplacer. 25,9 millions d’entre elles sont des réfugiées, 3,5 millions sont des demandeurs d’asile et 41,3 millions sont des déplacées internes. Source : HCR, https://www.unhcr.org/fr/apercu-statistique.html.
  • Oxfam, le NRC, le DRC, l’IRC et Save the Children ont tous contribué à la consultation et à l’analyse du Pacte mondial sur les réfugiés.
  • Des porte-paroles, dont Danny Sriskandarajah et huit personnes réfugiées, se tiendront à disposition pendant la conférence pour accorder des entrevues.
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