À Montréal, le 17 novembre 2023 – Jusqu’à présent, la quantité totale d’eau embouteillée livrée à Gaza équivaut à seulement 1,6 litre par personne. La quantité d’eau disponible pour les personnes prises au piège à Gaza ne représentera toujours que 17% des niveaux d’avant le siège, malgré l’annonce faite par le gouvernement israélien que deux camions de carburant seront désormais autorisés à entrer chaque jour, prévient Oxfam. Les niveaux actuels de carburant ont rendu le traitement, le pompage et la distribution de l’eau pratiquement impossibles. L’approvisionnement en eau, en carburant et en nourriture de Gaza a été coupé par le siège imposé par le gouvernement israélien le 9 octobre.
Avant le siège, plus de 344 millions de litres d’eau étaient disponibles à Gaza via des puits souterrains et des canalisations. Actuellement, seuls 58 millions de litres, soit moins d’un cinquième, sont disponibles. Sans carburant, ce chiffre tomberait à moins de 25 millions de litres, soit 7%. La totalité de l’eau est destinée à un usage municipal et domestique. La norme internationale minimale en cas d’urgence est de 15 litres par personne et par jour. La population survit actuellement avec un rationnement de 1 à 3 litres par jour pour toute consommation d’eau et ont recours à l’eau de mer et à l’eau non traitée.
L’analyse montre que la quantité totale d’eau embouteillée livrée depuis que les camions d’aide ont été autorisés à entrer à Gaza via le terminal de Rafah, du 21 octobre au 12 novembre, équivaut à seulement 1,6 litre par personne. Aucune aide n’est entrée via le terminal de Rafah depuis le 14 novembre, malgré une petite quantité de carburant autorisée mercredi à être utilisée exclusivement par les camions des Nations Unies.
Oxfam est membre du groupe de travail (cluster) sur l’eau et assainissement des Nations Unies avec d’autres agences d’aide internationale dans les territoires palestiniens occupés. L’analyse du cluster souligne l’impact dévastateur de l’absence de carburant sur l’approvisionnement en eau et la disponibilité de Gaza. Si le carburant vient à manquer, le seul approvisionnement en eau à Gaza se fera via deux pipelines israéliens qui ne fourniraient que 7% des quantités d’eau d’avant-guerre, dans le meilleur des cas. Des dégâts importants ont également été signalés aux infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement à travers Gaza : sur 592 installations, 263 – près de la moitié – seraient potentiellement endommagées par les frappes aériennes.
La gastroentérite et la déshydratation se propagent et le risque de maladies d’origine hydrique est répandu. Juzoor, partenaire d’Oxfam, travaille dans le nord de Gaza et dans la ville de Gaza pour venir en aide aux personnes vivant dans des abris temporaires. Ils ont déclaré que le manque d’eau constituait un problème majeur, l’eau contaminée causant de nombreux problèmes de santé, en particulier chez les enfants. Un membre du personnel d’Oxfam à Gaza a déclaré :
« L’eau est dégoutante, la plupart des gens sont obligés de boire de l’eau jaunâtre provenant des puits. Il n’y a pas d’électricité, nous devons donc remplir des eaux et les transporteurs jusqu’au réservoir sur le toit. Toute notre famille souffre de diarrhée.»
Plus de 70% de la population, soit 1,6 million de personnes, sont déplacées, dont 795 000 entassés dans 154 abris des Nations Unies. Plus de 30 000 enfants hébergés dans les refuges souffriraient déjà de déshydratation et de malnutrition et des milliers de cas d’infections respiratoires aiguës, de diarrhée et de varicelle ont été signalés parmi les personnes réfugiées. La situation humanitaire est de plus en plus désastreuse :
Avant le siège, 1,3 million de litres de carburant industriel et automobile et 366 tonnes de gaz de cuisine entraient chaque jour à Gaza.
Seuls 1 121 camions d’aide sont entrés dans la bande de Gaza au cours des 40 jours écoulés depuis le 9 octobre. On estime que cela aurait permis de répondre aux besoins de seulement 3 000 à 5 000 personnes par jour.
De nombreux supermarchés à Gaza ne sont plus en mesure de stocker de l’eau embouteillée, du pain ou même des aliments en conserve, sur lesquels de nombreuses personnes se tournent pour survivre.
Le dernier moulin fonctionnel à Gaza aurait été détruit le 15 novembre, ce qui signifie que la farine produite localement ne sera plus disponible.
Les partenaires d’Oxfam qui soutiennent les familles hébergées dans les centres communautaires ont confirmé que dans certains refuges, plus de 3 000 personnes partagent seulement 10 toilettes.
Sally Abil Khalil, directrice régionale d’Oxfam pour le Moyen-Orient, a déclaré :
« Il est grotesque que les habitants de Gaza soient contraints d’endurer des conditions aussi inhumaines. Combien de temps encore Israël pourra-t-il opérer en toute impunité ? L’eau potable, la nourriture, le carburant, les médicaments – tels sont les éléments fondamentaux de la subsistance humaine – les refuser constitue une violation du droit humanitaire international. »
« Cela fait 40 jours qu’il n’y a aucun système d’approvisionnement en eau ni d’assainissement fonctionnel, les eaux usées débordent dans les rues et les gens boivent de l’eau sale pour survivre. L’eau en bouteille et la nourriture en conserve s’épuisent désormais, les derniers produits sur lesquels certaines personnes ont eu la chance de se tourner pour nourrir leur famille.
Il est clair que si Israël est autorisé à poursuivre sa campagne militaire sans assumer ses responsabilités légales en matière de protection et d’approvisionnement en civils innocents, l’ensemble de Gaza se verra effectivement condamné à mort. Les dirigeants mondiaux qui soutiennent Israël et bloquent les appels mondiaux à un cessez-le-feu l’aident et l’encouragent à chaque instant. »
Oxfam appelle à un cessez-le-feu immédiat, à la libération sans conditions de tous les otages et à un libre accès à l’acheminement de l’aide humanitaire via Israël et l’Égypte.
Notes aux rédactions
L’évaluation du groupe de travail des Nations Unies (cluster) sur l’eau et assainissement peut être consultée ici. Le calcul de l’eau embouteillée utilisée par la population et la quantité d’eau embouteillée livrée du 21 octobre au 12 novembre, chiffres des pages 1 et 2.
Le 15 novembre, le gouvernement israélien a autorisé l’entrée de 23 000 litres de carburant à Gaza, destinés exclusivement à l’usage des camions des Nations Unies.
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