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Montréal, le 17 août 2020 – Les infrastructures médicales et hydriques au Yémen ont été frappées près de 200 fois par des raids aériens depuis 5 ans, déplore Oxfam aujourd’hui. À ces frappes destructrices s’ajoute l’épidémie de COVID-19 que le pays doit maintenant combattre, alors que des centres de quarantaine auraient aussi été frappés en mars et en avril dernier.

Selon les informations recueillies par le Yemen Data Project et analysées par Oxfam, le nombre de frappes aériennes équivaut à un raid tous les dix jours depuis le début du conflit. Ces bombardements ont notamment touché des hôpitaux, des ambulances, des foreuses et des réservoirs d’eau.

Le conflit a dégénéré en mars 2015, lorsque la coalition menée par l’Arabie saoudite a appuyé le gouvernement reconnu par la communauté internationale contre les Houthis. Depuis, les pays exportateurs d’armes tels que le Canada ont profité de milliards de dollars provenant de la vente de munitions à l’Arabie saoudite et à ses partenaires de coalition, tout en sachant que certaines de ces armes pouvaient être utilisées contre les populations civiles, en violation du droit international humanitaire.

« Le Canada, auquel Oxfam demande depuis des années de cesser la vente d’armes à l’Arabie Saoudite, une des parties impliquées dans le conflit au Yémen, doit jouer son rôle d’acteur majeur dans ce dossier et exercer son influence sur la scène internationale, affirme la directrice des politiques et campagnes d’Oxfam-Québec, Anne Duhamel. Notre pays est d’ailleurs parmi les plus importants donateurs d’aide humanitaire sur place. » Une pétition lancée par Oxfam-Québec sur le sujet a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures.

Des installations médicales et hydriques décimées

En avril, le Yémen déclarait officiellement son premier cas de coronavirus. En date du 12 août, on avait confirmé 1845 cas de COVID-19 et 529 décès, mais tout porte à croire que le nombre réel de personnes affectées est beaucoup plus élevé.

Les installations médicales du Yémen ont été décimées par plus de 5 années de guerre et seulement la moitié d’entre elles fonctionnent pleinement. Les Nations unies estiment que 20,5 millions de personnes, soit les deux tiers de la population, ont besoin d’aide pour obtenir de l’eau propre.

« Des infrastructures vitales, comme des hôpitaux, des cliniques, des réservoirs d’eau et des puits se retrouvent constamment dans la ligne de tir de ce conflit, indique le directeur d’Oxfam au Yémen, Muhsin Siddiquey. On perd des vies non seulement lorsque les bombes tombent, mais également durant les semaines et les mois nécessaires à la reconstruction des hôpitaux et des puits. »

« Les épidémies cumulées de choléra et de COVID-19 risquent d’être catastrophiques pour le pays dans les prochaines semaines, ajoute la coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri. Des milliers de personnes pourraient mourir de cas non dépistés de choléra, car la COVID-19 a surchargé ce qui reste des installations de santé du pays. La communauté internationale ne peut continuer de fermer les yeux devant la souffrance du peuple yéménite, laquelle est alimentée par le conflit en cours et la vente d’armes qui nourrit celui-ci. »

Des vies détruites

Le Civilian Impact Monitoring Project (CIMP), qui recueille des rapports de tous les incidents de violence armée ayant un impact direct sur les civils, a compté 115 événements lors desquels des installations médicales ou hydriques ont été frappées au cours des deux dernières années et demie. Ces chiffres incluent les frappes aériennes, les tirs d’artillerie et les tirs d’armes légères. Lors de ces attaques, 102 civils ont perdu la vie et 185 autres ont été blessés.

De plus, le CIMP a reçu des rapports de frappes aériennes sur trois centres de quarantaine COVID-19 : un dans le district de Saleef du gouvernorat de Hodeïdah à la fin mars et deux dans le gouvernorat de Bayda au centre du pays au début d’avril.

Une coûteuse reconstruction

Les dommages causés aux infrastructures civiles sont si énormes que la reconstruction coûtera probablement des dizaines de milliards de dollars. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) mentionne dans un rapport récent une évaluation de 2016 estimant le coût des dommages aux infrastructures physiques du Yémen entre 5 et 6,5 milliards de dollars canadiens, dont 104 à 128 millions de dollars pour l’eau, l’assainissement et l’hygiène.

Depuis la confirmation de cas de COVID-19 au Yémen en avril dernier, Oxfam a réorienté son travail pour lutter contre la pandémie. « Nous travaillons au rétablissement de l’approvisionnement en eau vers l’un des principaux hôpitaux d’Aden, à la distribution de trousses d’hygiène dans les foyers les plus vulnérables et au transport d’eau propre par camion dans les camps pour les personnes déplacées. Partout au Yémen, précise Céline Füri, coordonnatrice humanitaire chez Oxfam-Québec, nous formons des volontaires communautaires en santé pour qu’ils sensibilisent les gens au coronavirus ainsi que sur l’importance de l’hygiène et du lavage des mains. »

La coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri, est disponible pour des entrevues.

Contact médias :
Camille Garnier
Agent médias et relations publiques Oxfam-Québec
514 513-0506
camille.garnier@oxfam.org

Notes aux rédacteurs

  • Le Yemen Data Project a enregistré 86 raids aériens sur des installations médicales et 107 sur des réservoirs, des camions ainsi que des foreuses à eau et des barrages, entre le 26 mars 2015 et le 30 juin 2020.
  • Le CIMP a enregistré 115 incidents touchant des infrastructures médicales ou hydriques entre le 1er janvier 2018 et le 31 juillet 2020.
  • Le rapport du PNUD sur les coûts économiques de la guerre est disponible ici.
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