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Montréal, mardi 9 juillet 2019 – Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest sont les moins engagés de leur continent à réduire les inégalités. Au surplus, seul un petit groupe de personnes dans la région profite d’un enrichissement très important. C’est ce qui ressort du rapport régional « La crise des inégalités en Afrique de l’Ouest » basé sur l’indice de l’engagement à réduire les inégalités (indice ERI), réalisé par Oxfam en collaboration avec Development Finance International (DFI).

La publication de ce rapport alarmant intervient aujourd’hui alors que débute à New-York le forum politique de haut niveau (HLPF) de l’ONU pour le développement durable. Oxfam espère que les informations compilées donneront matière à réfléchir aux décideurs politiques qui participeront à ce sommet et exhorte les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest à donner la priorité à la lutte contre les inégalités.

« Cet indice révèle que  les gouvernements ouest-africains exacerbent les inégalités en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l’éducation, déclare Adama Coulibaly, directeur régional d’Oxfam en Afrique de l’Ouest. Il montre également que les gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sous-financent le secteur agricole, tout en sous-taxant les entreprises et les plus riches, et en ne luttant pas efficacement contre l’évasion et l’évitement fiscal ainsi que la corruption. C’est inacceptable. »

Un ordre du jour ambitieux visant à agir pour l’égalité

Le rapport d’Oxfam ne se contente pas de pointer l’inaction des gouvernements de la région. Il présente également un ordre du jour politique ambitieux visant à lutter contre les inégalités en Afrique de l’Ouest, à la fois pour les gouvernements nationaux et pour la CEDEAO.

« Les inégalités en Afrique de l’Ouest ont atteint un niveau inacceptable, mais elles ne sont pas une fatalité, affirme la directrice d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes. En adoptant une taxation juste et en augmentant les dépenses sociales, des progrès importants pourraient être réalisés. Un effort particulier doit également être fait pour intégrer les femmes sur le marché du travail. Beaucoup d’entre elles en sont encore exclues, ou sont  concentrées dans le secteur informel dans des conditions d’une extrême précarité. Il faut prioriser l’accès à l’éducation pour les filles et à des emplois dignes pour les femmes dans les sociétés ouest-africaines », conclut-elle.

Oxfam-Québec s’attend à voir ces mesures discutées dès aujourd’hui et jusqu’au 18 juillet, lors du forum politique de haut niveau (HLPF) de l’ONU pour le développement durable. En effet, la lutte contre les inégalités fait partie des 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU à l’horizon 2030 pour assurer un avenir meilleur et durable pour toutes et tous.


NOTES AUX RÉDACTIONS :

  • Les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus engagés à la réduction des inégalités sont le Cap-Vert, la Mauritanie et le Sénégal. Les trois moins engagés sont le Nigéria, la Sierra Leone et le Niger.
  • Le Burkina Faso est le seul pays d’Afrique de l’Ouest parmi les dix plus engagés en matière de dépenses sociales au sein du continent Africain. C’est en Afrique de l’Ouest que la population a le moins accès à l’eau et à une éducation décente. Le Nigéria quant à lui a le pire score en matière de dépenses sociales non seulement en Afrique, mais dans le monde entier.
  • Les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest  (CEDEAO) perdent environ 9,6 milliards de dollars en avantages fiscaux offerts aux multinationales. Cela suffirait pour construire environ 100 hôpitaux modernes et bien équipés dans la région par an ou sept nouveaux hôpitaux par pays en un an.
  • La quantité de richesse détenue en Afrique a augmenté de 13 % entre 2007 et 2017. Les pays d’Afrique de l’Ouest qui ont enregistré la plus forte croissance de richesse sont la Côte d’Ivoire (43 %), le Ghana (39 %) et le Nigéria (19 %). Ces augmentations de la richesse nationale représentaient une excellente occasion d’améliorer la vie de nombreuses personnes, mais, malheureusement, cette richesse additionnelle est restée pour la plupart dans les mains d’une minorité d’habitants et à l’étranger (souvent non taxée).
  • L’Afrique de l’Ouest est la région d’Afrique avec la plus grande prédominance masculine sur le marché du travail. L’écart le plus important est en Mauritanie, où à peine un tiers des femmes en âge de travailler occupent un emploi rémunéré, face aux deux tiers des hommes.
  • Les violations des droits du travail sont généralisées en Afrique de l’Ouest, où le secteur informel est la principale source d’emploi et où ses travailleurs, des femmes pour la plupart, vivent dans des conditions précaires et sont mal payés, parfois bien en dessous du seuil de pauvreté. Par exemple, au Sénégal, seulement 3,8 % des emplois sont dans le secteur formel.

Le rapport, le document méthodologique expliquant comment Oxfam a calculé les chiffres et l’ensemble des données est disponible sur demande.

Les calculs d’Oxfam sont basés sur les sources de données les plus complètes et les plus récentes disponibles.


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