La pénurie d’eau causée par la crise climatique en Afrique de l’Est et australe a fait augmenter de 80 % le nombre de personnes souffrant de faim extrême dans cette région, révèlent de nouvelles données rendues publiques par Oxfam.
Le rapport d’Oxfam, publié à l’approche de la Journée mondiale de l’eau, examine les liens entre la pénurie d’eau et la faim dans les huit pays qui subissent les pires crises de l’eau au monde : l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Somalie, le Soudan du Sud, la Zambie et le Zimbabwe.
L’étude indique que le nombre de personnes souffrant de faim extrême dans ces pays est passé à plus de 55 millions de personnes en 2024, ce qui représente deux personnes sur dix. Plus de 116 millions de personnes, soit 40 % de la population de cette région, n’ont pas accès à l’eau potable.
Le changement climatique aggrave les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les cyclones et les crues soudaines, ce qui a des répercussions sur la disponibilité des eaux souterraines, la production agricole, la santé du bétail et la pêche. Des millions de petits exploitants agricoles, d’éleveurs et de pêcheurs en Afrique se retrouvent ainsi sans nourriture ni revenu de base.
« La crise climatique ne se résume pas à une simple statistique : elle a un visage humain. Elle frappe des personnes bien réelles, détruisant leur mode de vie, tandis que les principaux responsables ꟷ les grands pollueurs et les ultra-riches ꟷ continuent d’en tirer profit. Pendant ce temps, les gouvernements négligent de soutenir les communautés qu’ils devraient pourtant protéger. »
Le rapport d’Oxfam révèle également que :
- Dans les huit pays étudiés, 91 % des petits exploitants agricoles dépendent presque entièrement de la pluie pour boire et mener leurs activités agricoles.
- En Éthiopie, l’insécurité alimentaire a augmenté de 175 % au cours des cinq dernières années, et 22 millions de personnes peinent à trouver leur prochain repas.
- En Somalie, l’échec de la saison des pluies pourrait plonger un million de personnes supplémentaires dans une situation de crise alimentaire, portant le total à 4,4 millions, soit 24 % de la population.
« Autrefois, nous savions quand il fallait cultiver et quand il fallait récolter, mais tout cela a changé. Aujourd’hui, les pluies sont tardives, voire inexistantes. L’année dernière, j’ai perdu toutes mes récoltes et tous mes animaux. J’ai maintenant planté, mais les pluies ne sont toujours pas arrivées. Si cela continue, je ne pourrai pas nourrir ma famille. »
Les femmes et les jeunes filles sont souvent les plus touchées par le manque d’eau. En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, elles peuvent parcourir jusqu’à 10 kilomètres pour trouver de l’eau, s’exposant à des violences et à un épuisement extrême. Jusqu’à 25 % des femmes en régions rurales passent plus de 30 minutes par jour à cette tâche, du temps qui pourrait être consacré à l’éducation ou à des activités génératrices de revenus.
« L’Afrique subsaharienne ne reçoit que 3 à 4 % du financement mondial pour le climat, bien qu’elle subisse de plein fouet les effets du changement climatique. Les pays riches et pollueurs doivent payer leur juste part. Il ne s’agit pas de charité, mais de justice. »
« Quant aux gouvernements africains, ceux-ci doivent doubler leurs investissements dans les infrastructures d’eau et la protection sociale pour mieux gérer leurs ressources naturelles et aider les communautés les plus vulnérables à faire face aux chocs climatiques. »
Notes aux journalistes
- Le rapport (en anglais) Water-Driven Hunger : How the Climate Crisis Fuels Africa’s Food Emergency peut être consulté ici.
- Oxfam a calculé l’augmentation de 79 % de la faim dans les huit pays sur la base du nombre de personnes confrontées à la phase 3 et plus de l’IPC selon le rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) en 2019 et 2024. Ce calcul a également montré qu’en Éthiopie, la faim a augmenté de 175 %.
- Les huit pays mentionnés dans le rapport se classent parmi les 30 nations les plus touchées par l’insécurité hydrique dans le monde, selon le score national de sécurité hydrique de l’Évaluation mondiale de la sécurité hydrique 2023. En outre, le CGRF 2024 cite ces pays parmi les 18 où les « chocs liés au climat » sont le principal facteur d’insécurité alimentaire, tandis que le rapport Hunger Hotspots FAO-WFP early warnings on acute food insecurity November 2024 to May 2025 outlook les identifie comme étant « extrêmement préoccupants ».
- Selon l’Union africaine, environ 50 milliards de dollars par an sont nécessaires pour assurer la sécurité de l’eau en Afrique d’ici 2030. Cependant, les investissements actuels se situent entre 10 et 19 milliards de dollars par an, ce qui laisse un déficit de financement de 11 à 20 milliards de dollars par an.
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