Plus de 80 % des infrastructures d’eau et d’assainissement de la bande de Gaza ont été partiellement ou entièrement détruites pendant les 15 mois de guerre, révèle l‘évaluation initiale menée par Oxfam et ses partenaires après le cessez-le-feu.
Le manque d’eau potable, combiné aux eaux usées non traitées qui débordent dans les rues, a provoqué une explosion des maladies hydriques et infectieuses : la diarrhée aqueuse aiguë, les infections respiratoires et les maladies de la peau sont en forte augmentation.
La reprise de l’aide humanitaire, notamment l’acheminement de carburant et d’eau par camion, a permis d’améliorer la quantité d’eau disponible pour les habitants de certaines parties de la bande de Gaza, mais la situation reste très inquiétante, en particulier dans le nord du territoire, prévient Oxfam.
« Maintenant que les bombes ont cessé, nous commençons à peine à saisir l’ampleur de la destruction des infrastructures d’eau et d’assainissement de Gaza. La plupart des réseaux d’eau et d’assainissement vitaux ont été entièrement détruits ou paralysés, ce qui crée des conditions d’hygiène et de santé catastrophiques. »
Dans le nord de la bande de Gaza, chaque personne n’a accès qu’à 5,7 litres d’eau par jour en moyenne actuellement, alors que le minimum par personne en situation d’urgence est de 15 litres par jour.
À Rafah, plus de 90 % des puits et réservoirs d’eau ont été partiellement ou totalement endommagés, et la production d’eau est inférieure à 5 % de sa capacité avant le conflit. Seuls deux puits sur 35 sont actuellement fonctionnels.
Une crise de santé publique redoutée
Des centaines de milliers de personnes déplacées dans la bande de Gaza ont dû se résoudre à creuser des fosses d’aisance de fortune à côté de leurs tentes. « Ce déversement quotidien d’environ 130 000 mètres cubes d’eaux usées non traitées – l’équivalent de 52 piscines olympiques – contamine la mer Méditerranée et le seul aquifère de Gaza », rapporte la coordinatrice humanitaire d’Oxfam à Gaza.
Parallèlement, en l’absence de collecte et de transport des déchets depuis plus de 15 mois, plus de 2 000 tonnes d’ordures s’amoncellent chaque jour dans les rues. Cette dangereuse combinaison d’égouts à ciel ouvert, de déchets non collectés et d’eau contaminée fait craindre une crise de santé publique.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, 88 % des échantillons environnementaux étudiés dans la bande de Gaza étaient contaminés par la polio, ce qui indique un risque imminent d’épidémie. Les maladies infectieuses, notamment la diarrhée aqueuse aiguë et les infections respiratoires, qui sont aujourd’hui les principales causes de décès, sont également en forte augmentation : 46 000 cas, principalement chez des enfants, sont signalés chaque semaine.
La varicelle et les maladies de peau telles que la gale et l’impétigo se propagent aussi rapidement, en particulier parmi les populations déplacées dans le gouvernorat du nord de Gaza, où les pénuries d’eau sont les plus graves.
L’aide continue d’être entravée
Une cargaison d’Oxfam comprenant 85 tonnes de tuyaux, de raccords et de réservoirs d’eau, d’une valeur de plus de 480 000 dollars, a été bloquée pendant plus de six mois parce qu’elle était considérée comme étant à double usage et “surdimensionnée” pour entrer dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes ont finalement approuvé la cargaison la semaine dernière, mais elle n’est pas encore entrée sur le territoire.
« Malgré l’augmentation de l’aide depuis le cessez-le-feu, Israël continue d’entraver la fourniture d’articles essentiels pour commencer à réparer les dégâts structurels massifs causés par ses frappes aériennes. »
« La reconstruction des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement est essentielle pour que Gaza puisse retrouver une vie normale après 15 mois d’horreur. Le cessez-le-feu doit tenir, et le carburant et l’aide doivent circuler pour que les Palestiniennes et les Palestiniens puissent reconstruire leur vie. Une paix durable ne peut venir que d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution juste. »
Notes aux journalistes
- Selon l’organisation responsable des services d’eau et d’assainissement dans la bande de Gaza, un total de 1675 km sur les 4800 km des réseaux d’eau et d’assainissement de Gaza ont été partiellement ou entièrement détruits depuis octobre 2023.
- Selon le rapport d’Oxfam sur les crimes de guerre liés à l’eau, la population de Gaza avait accès à 82,7 litres d’eau par personne par jour avant le 7 octobre 2023. Actuellement, Rafah dispose de moins de 5 % de cette quantité, et les gouvernorats du nord de Gaza ont moins de 7 % de cette quantité, soit 5,7 litres par personne par jour.
- Quelque 13 79 cas de diarrhée aqueuse aiguë ont été rapportés chez des enfants de moins de cinq ans, soit environ 54% du total des cas de diarrhée aqueuse enregistrés dans la bande de Gaza. Par ailleurs, 21 des 24 échantillons (88 %) prélevés dans le cadre de l’enquête environnementale sur la polio dans la bande de Gaza se sont révélés positifs. Source : Initiative mondiale pour l’éradication de la polio (OMS et ONU), le 1er février 2025.
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