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La transition vers les énergies renouvelables est accaparée par les ultrariches — individus, entreprises et États — qui reproduisent les logiques coloniales, aggravent les inégalités et alimentent les violations des droits humains, montre un nouveau rapport d’Oxfam. 

Alors que les pays du Sud détiennent environ 70 % des réserves de minerais stratégiques pour la transition énergétique, ce sont les pays du Nord (46 %) et la Chine (29 %) qui concentrent la majorité des investissements dans les énergies renouvelables. Les bénéfices finissent, en grande partie, entre les mains des 1 % les plus riches. 

Le rapport d’Oxfam cite en exemple l’entreprise Tesla du milliardaire Elon Musk, qui a généré 5,63 milliards de dollars de bénéfices grâce à la vente de véhicules électriques en 2024. Pour chaque voiture, Tesla réalise 3 145 $ de profit — soit 321 fois plus que ce que la République démocratique du Congo (RDC) perçoit pour fournir les 3 kg de cobalt nécessaires à la fabrication de ces véhicules. 

La RDC ne capte que 14 % de la chaîne de valeur du cobalt. Si elle captait l’intégralité, cela représenterait plus de 4 milliards $ par an — de quoi fournir une énergie propre à la moitié de sa population de près de 110 millions d’habitants. 

Le rapport d’Oxfam dénonce un pillage massif des ressources : lithium, cobalt, nickel, terres rares, accaparement de terres pour la bioénergie, projets de captation carbone, barrages, parcs solaires et éoliens. 

Ces projets sont souvent mis en œuvre sans le consentement des communautés vivant dans les pays concernés, avec des pratiques violentes, du travail forcé et des dommages environnementaux. 

« Les pays riches et les ultrariches sont responsables de l’urgence climatique actuelle, en consommant sans limites le budget carbone par l’entremise de systèmes profondément inégalitaires et extractivistes. Et maintenant, ils cherchent à s’approprier la transition énergétique, aux dépens des pays les plus pauvres et les plus vulnérables. Une transition juste commence par la fin de l’injustice, du pillage et de l’excès. »

Amitabh Behar

Directeur général d’Oxfam International

Les pays riches et les élites concentrent aussi le pouvoir dans l’architecture financière mondiale. Ils investissent massivement dans leur propre transition, tout en enfermant les pays du Sud dans une spirale d’endettement qui freine leur propre développement. Les pays dits « en développement » cumulent 11 700 milliards de dollars en dettes extérieures — plus de 30 fois le coût estimé pour assurer un accès universel à l’énergie propre d’ici 2030. 

« Beaucoup de pays du Sud, malgré un potentiel immense (70 % du potentiel solaire et éolien mondial s’y trouve), sont exclus de la transition, faute de financements abordables. Nos recherches montrent que l’énergie coûte presque deux fois plus cher en Afrique que dans les pays riches. Les rares investissements étrangers qui existent visent l’extraction et les profits à court terme, au détriment de l’intérêt public. »

Amitabh Behar

Directeur général d’Oxfam International

Assurer une transition énergétique juste implique aussi de s’attaquer aux inégalités dans l’accès à l’énergie. Aujourd’hui, les 10 % les plus riches consomment la moitié de l’énergie mondiale, tandis que la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en consomme que 8 %. 

Une meilleure redistribution de l’énergie consommée par le 1 % le plus riche pourrait satisfaire sept fois les besoins énergétiques fondamentaux des personnes privées d’électricité. 

Oxfam appelle les États à adopter une transition énergétique décoloniale, décentralisée et juste, fondée sur : 

  • Une approche de financement public prioritaire pour les objectifs climatiques et de développement, en rejetant le modèle du « consensus de Wall Street », qui impose des politiques de développement en fonction prioritairement des besoins et impératifs de la finance privée globale et non des réalités des pays du Sud global.  
  • Une reconnaissance de la responsabilité des pays, entreprises et individus riches dans la crise climatique; ceux-ci doivent payer pour les pertes et dommages causés par la crise climatique qu’ils ont créée. 
  • Une réforme en profondeur des règles fiscales, commerciales et financières internationales, incluant la valorisation locale, le transfert de technologies et la souveraineté industrielle des pays du Sud. 
  • La fin des pratiques extractives et l’application stricte des droits du travail et des droits humains, y compris la reconnaissance des droits fonciers des peuples autochtones. 

Notes aux journalistes

  • Un résumé du rapport en français peut être consulté en suivant ce lien. 
  • Le rapport (en anglais) peut être consulté ici. Une version française sera disponible prochainement. 
  • La note méthodologique (en anglais) est accessible ici. 
  • Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains.  

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Josianne Bertrand

Agente – Relations publiques et médiatiques

Téléphone:514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org

 

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