La rémunération des PDG a augmenté 56 fois plus que celle des personnes salariées depuis 2019

La rémunération moyenne des PDG à travers le monde a atteint 4,3 millions de dollars en 2024, une hausse de 50 % en termes réels par rapport à 2019. C’est 56 fois plus que l’augmentation de la rémunération moyenne du personnel salarié pour la même période, qui a été de 0,9 %. 

Cette analyse, rendue publique par Oxfam pour marquer la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses, montre aussi que: 

• L’Irlande et l’Allemagne font partie des pays où les rémunérations des PDG sont parmi les plus élevées, avec une rémunération annuelle moyenne de respectivement 6,7 millions de dollars et 4,7 millions de dollars en 2024.   

• Au Canada, le salaire moyen d’un PDG en 2024 était de 1,65 million de dollars canadiens, une hausse de 66 % par rapport à 2019. Au cours de la même période, les salaires moyens ont augmenté de 3 % en termes réels, ce qui signifie que la rémunération des PDG a augmenté 19 fois plus vite que celle du personnel salarié. 

• Le salaire de nombreux travailleurs et travailleuses stagne à l’échelle mondiale. En France, en Afrique du Sud et en Espagne, par exemple, les salaires réels ont augmenté d’à peine 0,6 % l’année dernière.  

Cette hausse de la rémunération des PDG intervient au moment où de plus en plus de voix préviennent que les salaires ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie. D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), les salaires réels ont augmenté de 2,7 % en moyenne dans le monde 2024.  

Les milliardaires, souvent actionnaires ou propriétaires de multinationales, ont engrangé en moyenne 206 milliards de dollars de nouvelles richesses l’année dernière. Cela représente 23 500 dollars par heure, soit plus que le revenu annuel moyen au niveau mondial en 2023, qui s’élevait à 21 000 dollars.  

En plus de la flambée des rémunérations des PDG, les personnes salariées à travers le monde sont maintenant confrontées à une nouvelle menace : les tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Ces politiques présentent des risques considérables pour les classes populaires du monde entier, notamment des pertes d’emplois et une hausse des prix des produits de première nécessité, ce qui pourrait exacerber encore davantage les inégalités déjà extrêmes.   

De plus en plus de pays contraignent des entreprises à publier des données relatives aux inégalités salariales entre femmes et hommes. D’après l’analyse d’Oxfam, parmi les 11 366 entreprises implantées dans 82 pays qui ont publié leurs données, l’écart moyen s’est légèrement réduit, passant d’environ 27 % en 2022 à 22 % en 2023. Pourtant, en moyenne, les femmes de ces entreprises continuent de « travailler gratuitement » le vendredi, alors que leurs homologues masculins sont rémunérés pour la semaine entière.   

• Les entreprises japonaises et sud-coréennes ont enregistré des écarts de salaire femmes-hommes moyens parmi les plus importants en 2023 : près de 40 %.  

• L’écart salarial moyen en Amérique latine a légèrement augmenté, passant de 34 % en 2022 à 36 % en 2023. 

• Au Canada, l’écart de rémunération entre hommes et femmes était de 16 % en 2023 dans les 262 entreprises ayant communiqué ces informations. Il s’agit d’une augmentation de 2 % par rapport à 2022.  

L’analyse d’Oxfam souligne que, sur 45 501 entreprises situées dans 168 pays ayant déclaré des revenus supérieurs à 10 millions de dollars, et précisé le genre de leur PDG, moins de 7 % sont dirigées par des femmes.

Au Canada, c’est seulement 5 %. 

Oxfam appelle les gouvernements à prendre des engagements clairs afin que les ultra-riches paient leur juste part d’impôts, tant à l’échelle nationale que mondiale. Cela passe notamment par: 
 

• Un taux d’imposition marginal d’au moins 75 % sur les plus hauts revenus afin de décourager les rémunérations astronomiques des PDG d’entreprises; 

• Un impôt sur la fortune et sur les successions de plus de 5 millions de dollars; 

• Une taxe sur les profits excédentaires des grandes entreprises et un impôt minimum mondial de 25 % sur les multinationales. 

• La note méthodologique d’Oxfam est disponible sur demande.  

• Les données portant sur la rémunération des PDG ont été calculés dans les pays où ces données sont disponibles et représentent les moyennes médianes basées sur la rémunération totale des cadres. Elles incluent les primes et les options d’achat d’actions et portent sur près de 2 000 entreprises implantées dans 35 pays où la rémunération des PDG a dépassé un million de dollars en 2024. La rémunération moyenne des PDG au Canada a été calculée selon un échantillon de 284 entreprises. Les données proviennent de la base de données S&P Capital IQ, qui compile les informations financières publiées par les entreprises.  

• Les salaires moyens des travailleurs cités dans l’analyse d’Oxfam s’appuient sur le Rapport mondial sur les salaires 2024-25 de l’Organisation internationale du travail. 

• La proportion des entreprises dont le PDG était une femme au Canada (5 %) s’appuie sur les données communiquées par 782 entreprises canadiennes ayant précisé le genre de leur PDG. 

• Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains, sauf mention contraire.