Oxfam-Québec déplore la décision du gouvernement fédéral de sabrer 2,7 milliards $ dans l’aide publique au développement, au moment où les crises mondiales s’intensifient. Face aux conflits, aux dérèglements climatiques et à la montée des régimes autoritaires, le Canada choisit de désinvestir plutôt que de renforcer sa solidarité, tournant le dos aux populations les plus vulnérables. Oxfam-Québec est notamment préoccupée par les compressions dans le financement de la santé mondiale, qui risquent de mettre en péril les droits et la santé des femmes et des filles.
« Ce budget vise à réformer et à relancer l’économie, ce qui est nécessaire. Mais que vaut une relance qui aggrave les inégalités ? Près de 3 milliards $ de moins pour l’aide internationale, aucune initiative pour corriger l’iniquité fiscale et récupérer des revenus auprès des ultrariches et des entreprises polluantes, et trop peu pour les secteurs à prédominance féminine. Nous avons besoin d’une économie qui ne laisse personne de côté. Lutter contre les inégalités, c’est renforcer la stabilité, la démocratie et la prospérité au Canada comme ailleurs, pour tout le monde. »
Sur le plan climatique, l’absence de tout sentiment d’urgence est consternante. Le gouvernement recule encore sur la mise en place de ses engagements sur la finance durable dans sa stratégie de compétitivité climatique, qui mise davantage sur la compétitivité que sur la réduction réelle des émissions. La stratégie privilégie la création de marchés et la mobilisation de capitaux privés plutôt que des mesures concrètes : imposer davantage les profits des entreprises polluantes, cesser de subventionner l’industrie des énergies fossiles et légiférer pour que les banques canadiennes réduisent leurs émissions de GES.
Le budget ignore aussi l’importance de l’économie du soin et des secteurs à prédominance féminine, piliers de la résilience sociale et climatique. Santé, éducation, services de garde et soins aux personnes âgées sont essentiels pour le bien-être des populations et leur capacité à faire face aux crises. Pourtant, 115 milliards $ sont consacrés aux infrastructures et 30 milliards $ à la défense sur cinq ans, tandis que les services vitaux à la population restent sans investissement chiffré comparable.
Le budget ne propose aucune mesure pour réduire l’iniquité fiscale. Les ultrariches, qui ont vu leur fortune croître de plus de 51% depuis 2020, ne paient en moyenne que 24% d’impôt, contre 37% pour la moyenne des travailleurs. En effet, 100% du salaire est taxé, contre seulement 50% des gains en capital. Le gouvernement renonce ainsi à des revenus indispensables pour financer la transition écologique et renforcer les services publics.
Pour Oxfam-Québec, le premier budget du gouvernement Carney est une occasion manquée de corriger les inégalités et de construire un « Canada fort », juste et durable.
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