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Cette quantité infime représente moins de 12 % des besoins caloriques journaliers moyens 

Depuis janvier, la population du nord de Gaza est contrainte de survivre avec 245 calories en moyenne par jour, soit moins que deux larges bananes, tandis que l’armée israélienne poursuit ses attaques militaires. D’après les estimations, plus de 300 000 personnes sont toujours piégées dans le nord et dans l’impossibilité d’en sortir. 

La quantité dérisoire de nourriture à laquelle elles ont accès représente moins de 12 % de l’apport journalier moyen recommandé de 2 100 calories par personne, calculé sur la base de données démographiques qui tiennent compte des variations dues à l’âge et au sexe. La semaine dernière, le gouvernement israélien a informé l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le premier fournisseur d’aide à Gaza, que ses convois ne seraient plus autorisés à entrer dans le nord de la bande de Gaza.   

L’analyse d’Oxfam est basée sur les dernières données disponibles utilisées dans le récent rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) sur la bande de Gaza. En outre, Oxfam a conclu que, depuis octobre 2023, la quantité totale de livraisons alimentaires autorisées à entrer dans la bande de Gaza pour l’ensemble des 2,2 millions de personnes qui s’y trouvent ne couvrait en moyenne que 41 % des besoins caloriques individuels journaliers.  

Cela fait près de deux décennies que le gouvernement israélien a des chiffres très précis sur la quantité exacte de calories nécessaires pour prévenir la malnutrition à Gaza. Ses calculs tiennent compte de l’âge et du sexe et sont basés sur le document Food Consumption in the Gaza Strip – Red Line (Consommation alimentaire dans la bande de Gaza – Ligne rouge). Le gouvernement israélien s’est non seulement basé sur une estimation plus élevée de 2 279 calories par personne, mais il a également pris en compte la production alimentaire nationale à Gaza, pratiquement inexistante aujourd’hui en raison des attaques de l’armée israélienne.  

Une mère piégée dans le nord de Gaza confie : « Avant la guerre, nous étions robustes et en bonne santé. Maintenant, regardez-nous, mes enfants et moi avons perdu tellement de poids à cause du manque de nourriture adéquate. Nous nous efforçons tous les jours de survivre avec ce qu’il y a, des plantes sauvages comestibles ou des herbes. » 

Par ailleurs, Oxfam a constaté que moins de la moitié du nombre de camions alimentaires nécessaires pour atteindre l’apport quotidien de 2 100 calories par personne sont actuellement autorisés à entrer dans la bande de Gaza. Sur la base des données de l’IPC et de l’UNRWA, l’analyse d’Oxfam a conclu qu’il faudrait faire entrer chaque jour au minimum 221 camions livrant uniquement de l’aide alimentaire pour répondre aux besoins de la population (ce chiffre ne tient pas compte du gaspillage et des distributions inégales). Actuellement, seuls 105 camions d’aide alimentaire entrent en moyenne chaque jour dans la bande de Gaza. 

D’après le rapport de l’IPC, la famine est imminente dans le nord de Gaza. Presque toute la population souffre maintenant de faim extrême, et 1,1 million de personnes font face à une insécurité alimentaire catastrophique. Des enfants meurent déjà de famine et de malnutrition, devenues d’autant plus meurtrières en raison des maladies.   

Les effets dévastateurs de la faim sont aggravés par la destruction quasi totale des infrastructures civiles de Gaza par Israël, notamment les hôpitaux, les services d’eau et d’assainissement et les centres de soins communautaires, ce qui accroit la vulnérabilité de la population face aux épidémies. Outre la pénurie alimentaire, la population de l’ensemble de la bande de Gaza est dans l’incapacité de se procurer ou d’acheter des denrées alimentaires nutritives et variées. Les rares fruits et légumes disponibles, dont le prix a flambé en raison de la pénurie, sont devenus inaccessibles pour la majeure partie de la population. Les produits nutritionnels spécialisés et les centres de traitement des enfants malnutris sont également difficiles, voire impossibles à trouver.  

« Israël choisit délibérément d’affamer des civil·e·s. Imaginez qu’en plus de devoir survivre avec 245 calories par jour, vous devez accepter impuissant·e que vos enfants et vos parents âgés en fassent de même. Le tout en étant déplacé·e, en n’ayant pratiquement pas accès à l’eau propre, à des toilettes, ni aux soins médicaux, et sous la menace constante des drones et des bombes.  

Israël ignore à la fois l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) de prévenir le génocide et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Il y a seulement une semaine, la CIJ a ordonné à Israël de nouvelles mesures provisoires et déclaré que la famine n’était plus imminente mais qu’elle « s’installait » à Gaza. Tous les pays doivent suspendre immédiatement leurs livraisons d’armes à Israël et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et permanent. Ce n’est qu’après cela qu’on pourra mettre fin au massacre horrifiant de 2,2 millions de personnes qui vivent un calvaire depuis six mois. Israël ne peut plus continuer à utiliser la famine comme arme de guerre. »   

Amitabh Behar

Directeur général d’Oxfam International

Oxfam appelle à un cessez-le-feu permanent, à la libération de l’ensemble des otages et des prisonniers/ères palestinien·ne·s détenu·e·s illégalement, à la suspension immédiate des livraisons d’armes à Israël et à l’accès total de l’aide humanitaire.  

« Le gouvernement canadien, qui a annoncé récemment la suspension de nouveaux permis d’exportations militaires à Israël, doit suivre l’appel de la Cour et suspendre aussi les exportations autorisées avant janvier; sinon, la mesure risque de demeurer uniquement symbolique. » 

Céline Füri

Directrice politiques et campagnes d’Oxfam-Québec.

La réponse mondiale à la crise à Gaza doit porter à la fois sur la fourniture de denrées alimentaires adéquates et nutritives pour tou·te·s, la réhabilitation totale des hôpitaux et des services de santé, la réparation des infrastructures d’eau et d’assainissement, et la possibilité pour tous les matériaux de reconstruction de franchir la frontière.  

 

Notes aux rédactions 

    Les calculs d’Oxfam sont disponibles à la demande. 

    Le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) estime à 2 100 kilocalories le besoin énergétique quotidien moyen requis par personne (publie le 18 mars). Cette moyenne a été calculée sur la base de données démographiques qui tiennent compte des variations dues à l’âge et au sexe.  

    La population officielle de la bande de Gaza est de 2,23 millions de personnes. 

    La consommation calorique moyenne par jour et par personne dans le nord de la bande de Gaza a été calculée à partir des données de l’IPC pour la période allant du 7 janvier au 20 février 2024 inclus. Les chiffres relatifs à la consommation calorique moyenne par jour et par personne pour l’ensemble de la population de Gaza sont tirés des données de l’IPC pour la période allant du 26 octobre 2023 au 20 février 2024 inclus. L’IPC a mené une analyse approfondie de tous les registres des camions alimentaires autorisés à entrer à Gaza entre le 26 octobre 2023 et le 20 février 2024, afin de générer des estimations de la quantité de kilocalories livrée par chaque camion et unité d’analyse, puis de les répartir par zone.  

    Oxfam a calculé le nombre moyen de kilocalories fourni par chaque camion alimentaire en utilisant les données de l’IPC concernant tous les registres des camions alimentaires autorisés à entrer dans la bande de Gaza entre le 26 octobre 2023 et le 20 février 2024.  

    D’après les données de l’UNRWA, 3 781 camions d’aide alimentaire ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza entre le 21 février et le 27 mars 2024 inclus, ce qui donne une moyenne de 105 camions par jour. Ces chiffres ne tiennent pas compte des 301 camions d’articles mixtes entrés au cours de cette même période et susceptibles de transporter des denrées alimentaires, soit 8 camions par jour. Sur la base d’un besoin énergétique journalier estimé à 2 100 kilocalories par personne, pour une population de 2,2 millions d’habitant·e·s, Oxfam a calculé qu’il fallait au minimum 221 camions d’aide alimentaire par jour. 

    Le gouvernement israélien a été contraint de publier le document Food Consumption in the Gaza Strip – Red Lines en octobre 2012, à l’issue d’une longue bataille juridique entamée par l’association israélienne de défense des droits humains, Gisha. Le document comprend des informations sur la politique de restriction de l’entrée des denrées alimentaires dans la bande de Gaza, en vigueur entre 2007 et 2010. Il calcule le nombre exact de calories et la quantité exacte des diverses denrées alimentaires de base dont les habitant·e·s de Gaza ont besoin, en fonction de leur âge et de leur sexe, afin d’éviter la malnutrition.  

    Une banane moyenne contient entre 100 et 135 calories. 

    L’ONU et d’autres organisations ont signalé que des enfants sont en train de mourir de famine à Gaza. 

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    Directrice communications et engagement du public

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