Une étude menée par Oxfam et ses partenaires révèle la dure réalité des femmes palestiniennes qui travaillent dans les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Le rapport souligne l’exploitation et la dépendance économique que vivent ces travailleuses, dont les droits sont systématiquement bafoués.
Ce rapport est publié alors que la Cisjordanie connaît une escalade des violences de l’armée israélienne et des colons : meurtres, blessures, déplacements forcés, démolitions d’habitations et restrictions de circulation se multiplient dans le territoire.
Plus de 6 500 femmes palestiniennes travaillent actuellement dans les colonies israéliennes, principalement dans l’agriculture (65,5 %) et l’industrie manufacturière (33,3 %), et leur nombre ne cesse d’augmenter.
Les femmes interrogées ont déclaré avoir été forcées de travailler sans contrat, parfois dans des conditions dangereuses, pendant de longues heures, et certaines ont été la cible de harcèlement.
« Les Palestiniennes et Palestiniens vivant en Cisjordanie dépendent de plus en plus des colonies pour leur emploi, mais c’est moins par choix que le résultat de décennies de politiques israéliennes qui ont érodé l’économie palestinienne. L’expansion des colonies israéliennes, la confiscation des terres et les restrictions imposées au peuple palestinien en matière de commerce, de circulation et de développement ont créé des conditions de pauvreté et de chômage qui obligent de plus en plus de femmes palestiniennes à travailler dans des conditions d’exploitation. »
Le rapport recense les différentes formes d’exploitation que vivent ces travailleuses.
- Pas de contrat : La grande majorité des femmes travaillant dans les colonies israéliennes (94 %) n’ont pas de contrat écrit, ce qui les rend extrêmement vulnérables à l’exploitation financière et les empêche de dénoncer les violations de leurs droits.
- Des conditions de travail dangereuses : Selon l’enquête menée par Mother School Society, partenaire d’Oxfam, 93 % des femmes travaillant dans les colonies israéliennes ont déclaré travailler dans des conditions malsaines et dangereuses. Elles travaillent par exemple dans des champs exposés à des pesticides dangereux, sans règles de sécurité ni équipement de protection.
- De longues heures de travail : Plus de 71 % des femmes ont indiqué que les horaires excessifs de travail constituaient un fardeau et un défi majeurs pour elles-mêmes et pour leur famille. Une grande partie d’entre elles ont déclaré qu’elles travaillaient en deux quarts, le matin et le soir, pour gagner suffisamment d’argent, ce qui entraîne un stress mental et physique chronique et de l’épuisement.
- Insécurité d’emploi : De nombreuses femmes ont indiqué qu’elles devaient effectuer des trajets longs et coûteux et qu’elles n’avaient pas accès à une assurance-maladie ni à une indemnisation en cas d’accident. Nombre d’entre elles n’avaient pas non plus de permis de travail approuvé par Israël, pourtant nécessaire pour travailler légalement dans les colonies, ce qui les rendait plus vulnérables à l’exploitation et aux licenciements soudains.
- Harcèlement : Des femmes ont signalé des vols de salaire, de la discrimination du fait d’être Palestiniennes, du harcèlement, des agressions sexuelles et des violences physiques.
Dalal, 43 ans, travaille dans les colonies israéliennes depuis huit ans. « Je suis la seule à subvenir aux besoins de ma famille. Financièrement, les choses sont difficiles et mon mari est au chômage. Si personne ne travaille, qui s’occupera des dépenses du ménage ? Nous ne gagnons que 90 shekels par jour (24 dollars US), qu’est-ce qu’on peut acheter avec ça ? »
Oxfam appelle à garantir l’accès des Palestiniennes et Palestiniens à la terre et aux ressources, à mettre fin à l’exploitation de leur travail et à leur permettre de construire des économies locales solides. Ce n’est qu’en s’attaquant à ces causes profondes et en tenant le gouvernement israélien responsable de ses actes que le peuple palestinien pourra recouvrer ses droits à un travail digne, à la sécurité économique et à l’autodétermination.
« La communauté internationale doit agir pour mettre fin à ces injustices et faire en sorte que les femmes palestiniennes aient accès à un emploi digne et légal au sein de leur propre économie. »
Pour mettre fin à ce système d’oppression, il faut une solution juste et urgente : le démantèlement des colonies illégales et la fin de l’occupation.
Notes aux journalistes
- Le rapport en anglais, intitulé Palestinian Women Working in Illegal Israeli Settlements: Dependencies, Exploitation, and Opportunity Costs, peut être consulté ici.
- Le document s’appuie sur des données et des études de cas tirées de deux rapports rédigés par des partenaires d’Oxfam : le Palestine Economic Policy Research Institute (MAS) et la Mother School Society (MSS).
- La multiplication des violences causées par l’armée israélienne a provoqué le plus important déplacement forcé en Cisjordanie depuis le début de l’occupation, mettant en péril des projets humanitaires vitaux, en plus d’imposer une pression économique et sociale intenable sur des communautés déjà en difficulté. Le plus récent communiqué d’Oxfam à ce sujet peut être consulté ici.
Vous avez une demande média?
Josianne Bertrand
Agente – Relations publiques et médiatiques
Téléphone:514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org