Des acteurs économiques québécois de premier plan alimentent la politique de colonisation israélienne en entretenant des relations commerciales ou d’affaires dans les colonies en Cisjordanie et dans le Golan syrien occupé, démontre Oxfam-Québec dans une nouvelle analyse.
Le rapport, intitulé Commerce avec les colonies : comment des acteurs économiques du Québec permettent à Israël de déployer sa politique d’occupation illicite, montre comment le Canada et le Québec permettent à des entreprises et des investisseurs québécois de contribuer au maintien de l’occupation israélienne.
L’étude met en lumière trois exemples concrets de liens économiques entre le Canada et les colonies israéliennes. La Société des alcools du Québec, par exemple, permet l’importation et la commercialisation de produits issus de vignobles situés en territoires occupés, ou produits à partir de raisins qui y sont cultivés. En continuant de les vendre comme s’il s’agissait de produits d’Israël, la SAQ légitime et soutient indirectement le régime de colonisation, estime Oxfam-Québec.
« Le gouvernement du Québec a su faire interdire la vente par la SAQ de produits provenant des États-Unis. Il est donc en mesure de faire interdire les vins provenant des territoires occupés, conformément au droit international. »
De son côté, WSP, l’une des plus grandes firmes de services professionnels au monde établie à Montréal, a été impliquée dans le développement d’un système de transport public – au seul bénéfice des Israéliens – permettant de connecter et de consolider les colonies israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie avec le reste du territoire d’Israël. La Caisse de dépôt et placement est l’actionnaire principal de WSP.
La position officielle du Canada stipule que les colonies israéliennes sont illégales et constituent un « obstacle à la paix ». Malgré cela, le Canada continue de soutenir l’économie des colonies en n’interdisant pas à des entreprises domiciliées sur son territoire d’entretenir des relations commerciales avec les colonies israéliennes ou des entreprises qui y sont implantées.
Oxfam constate chaque jour les conséquences désastreuses de la colonisation sur les droits et les moyens de subsistance des communautés palestiniennes et syriennes de Cisjordanie et du Golan syrien occupé. Le projet de colonisation israélien, qui s’étend de façon de plus en plus violente depuis le 7 octobre 2023, fragmente la Cisjordanie, détruit l’économie palestinienne et crée de profondes inégalités. Dans le Golan syrien occupé, les communautés sont également dépossédées de leurs terres et des ressources en eau, au profit du développement économique et de l’expansion des colonies.
« Tout échange commercial avec les colonies israéliennes légitime leur présence sur des territoires occupés illégalement, entrave la viabilité d’un futur État palestinien et aggrave la précarité économique de la population palestinienne. Nous demandons aux gouvernements fédéral et provincial d’interdire toute forme de commerce avec les entreprises qui sont implantées ou opèrent dans les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, et dans le plateau du Golan. »
Des mesures doivent être mises en place par les gouvernements pour identifier et prévenir toute forme de soutien au projet de colonisation israélien. Oxfam-Québec demande aux gouvernements du Québec et du Canada d’interdire explicitement les relations commerciales avec les colonies israéliennes, y compris la prestation de services et les investissements. Les gouvernements devraient aussi exiger des exportateurs israéliens qu’ils démontrent clairement que leurs marchandises n’ont pas été produites, en tout ou en partie, dans des territoires occupés.
« Les colonies illégales sont l’une des principales causes de la pauvreté et des violations des droits en Cisjordanie et dans le Golan syrien occupé. Nos équipes et nos partenaires le confirment : l’expansion des colonies provoque le déplacement forcé de familles, le pillage des ressources naturelles et des élevages, la privation de terre et d’eau, la démolition de maisons et la perte de moyens de subsistance. »
« Il est urgent d’interdire le commerce avec les colonies israéliennes pour protéger les droits, la dignité et la survie des communautés palestiniennes et syriennes concernées, et de ne pas participer à l’expansion des colonies. Cela relève du plein contrôle de nos gouvernements. »
Notes aux journalistes
- Le rapport Commerce avec les colonies : comment des acteurs économiques du Québec permettent à Israël de déployer sa politique d’occupation illicite est disponible ici. La méthodologie se trouve en page 7 du rapport.
- Les entreprises retenues pour ce rapport – la SAQ, La Caisse et WSP – ont été choisies sur la base de la disponibilité d’informations publiques, crédibles et vérifiées. Ces quelques entreprises ne constituent pas une liste exhaustive des entités corporatives québécoises concernées, mais elles ont été sélectionnées pour montrer la diversité des mécanismes par lesquels des institutions et des entreprises d’ici peuvent se retrouver impliquées dans une situation reconnue comme illégale en droit international, et pour illustrer les risques et obligations qui en découlent.
- Le rapport réalisé par Oxfam-Québec se veut un complément au rapport international Commerce avec les colonies illégales : comment les États et entreprises étrangères permettent à Israël de mettre en œuvre sa politique de colonisation illégale, appuyé par plus de 80 organisations de la société civile, dont Oxfam. Ce rapport, publié en septembre 2025, est axé sur l’Union européenne et ses États membres. Il s’inscrit aussi dans la campagne mondiale « Stop au commerce avec les colonies ».
- Le Canada ne reconnaît pas le contrôle permanent exercé par Israël sur les territoires occupés, incluant le plateau du Golan, depuis 1967. Pourtant, l’Accord de libre-échange Canada–Israël (ALECI) ne fait aucune distinction entre les biens et services produits à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël et ceux issus des territoires occupés illégalement. L’ALECI autorise donc l’apposition de la mention « fabriqué en Israël » ou « produit d’Israël » sur les produits provenant de régions où les lois douanières israéliennes s’appliquent, ce qui inclut la Cisjordanie, la bande de Gaza et le plateau du Golan.
- Pour être conformes au droit international, les accords bilatéraux et multilatéraux conclus avec Israël doivent clairement distinguer entre les frontières reconnues d’Israël et les territoires qu’il occupe illégalement. Les accords qui ne font pas cette distinction de manière adéquate, comme l’ALECI, doivent être suspendus ou révisés.
- Dans un avis consultatif de juillet 2024, la Cour internationale de justice a reconnu que l’occupation prolongée par Israël du territoire palestinien était illégale. La Cour indique que les États tiers sont dans l’obligation de ne pas reconnaître comme licite la situation découlant de la présence de l’État d’Israël dans le Territoire palestinien occupé et de ne pas prêter
« aide ou assistance au maintien » de cette situation.
- Oxfam-Québec lance une pétition exigeant des gouvernements canadien et québécois qu’ils mettent fin au commerce avec les colonies illégales israéliennes.
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