La multiplication des violences causées par l’armée israélienne a provoqué le plus important déplacement forcé en Cisjordanie depuis le début de l’occupation, mettant en péril des projets humanitaires vitaux, avertit Oxfam, qui s’inquiète d’une « gazafication » de la Cisjordanie.
Plus de 40 000 personnes ont été déplacées de force en Cisjordanie depuis le 19 janvier, jour de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza. C’est le plus important déplacement de population forcé en Cisjordanie depuis le début de l’occupation israélienne, en 1967.
Alors que les yeux du monde étaient tournés vers la bande de Gaza, l’armée israélienne a lancé une offensive en Cisjordanie, notamment un assaut sur Jénine deux jours seulement après le début du cessez-le-feu à Gaza. Elle s’est ensuite étendue aux camps de réfugiés de Tulkarem, de Nur Shams et d’El Far’a.
« La situation n’a jamais été aussi grave qu’aujourd’hui. Il y avait auparavant des raids occasionnels de l’armée israélienne, mais rien de comparable à ce que nous vivons en ce moment. Les bouclages et les points de contrôle rendent l’acheminement de l’aide quasiment impossible. Un déplacement qui devrait prendre deux heures en prend maintenant douze. »
Des destructions menées en toute impunité
Mustafa Tamaizeh, responsable des programmes de développement économique et de la réponse humanitaire d’Oxfam en Cisjordanie, affirme que depuis le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, l’escalade de la violence et de la destruction en Cisjordanie est sans précédent.
« Le gouvernement israélien poursuit ces destructions en toute impunité, tout en aidant et en encourageant les colons israéliens illégaux à attaquer les communautés palestiniennes. »
« Nous assistons à une stratégie d’annexion calculée, poursuit-il. Du jour au lendemain, les déplacements entre les villes ont été paralysés, faisant peser une pression économique et sociale sur des communautés déjà en difficulté. Des violations des droits humains et du droit international sont commises au vu et au su de tous, en toute impunité. »
« Comme l’a fait remarquer l’un de nos partenaires, nous assistons aujourd’hui aux mêmes scènes que celles que nous regardions autrefois à la télévision à Gaza, à Rafah et à Deir Al-Balah. Nous assistons à la “gazafication” de la Cisjordanie. »
Le camp de Jénine déserté
Le 21 janvier dans le camp de réfugiés de Jénine, une attaque militaire israélienne a tué au moins 12 Palestiniens et déplacé plus de 20 000 personnes. Un jeune participant à un projet mené par Oxfam a déclaré que l’armée avait tiré sur tout le monde, brûlé les maisons et détruit les infrastructures, y compris les hôpitaux. Les ambulances ont été bloquées pendant des heures.
Le camp est maintenant presque désert. Des partenaires d’Oxfam rapportent que les forces israéliennes ont élargi les routes et installé des panneaux de signalisation en hébreu à l’intérieur des zones désertées.
Le travail et les projets humanitaires vitaux d’Oxfam, de ses partenaires et d’autres agences humanitaires en Cisjordanie sont retardés par les opérations militaires israéliennes et les attaques des colons. Les forces israéliennes ont gravement endommagé les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ce qui suscite des inquiétudes croissantes pour la santé publique. L’agriculture est au point mort.
Selon Abbas Milhem, directeur de l’Union des agriculteurs palestiniens, une organisation partenaire d’Oxfam, Israël empêche les agriculteurs d’accéder à leurs terres en Cisjordanie.
« Ce mois-ci seulement, l’armée israélienne a ordonné la reprise de 1 000 acres de terres en Cisjordanie occupée, vidant les terres des agriculteurs pour faciliter l’annexion et l’expansion des colonies. »
Des zones rurales coupées du monde
Les équipes et les partenaires d’Oxfam indiquent que de nombreuses zones rurales sont soumises à un bouclage total, ce qui coupe l’accès à l’aide humanitaire. Jérusalem-Est est actuellement fermée aux Palestiniens de Cisjordanie.
« La communauté internationale ne doit pas fermer les yeux sur ce déplacement historique, cette déshumanisation et cette destruction en Cisjordanie. »
« Depuis trop longtemps, l’occupation illégale, l’oppression et les innombrables et graves violations du droit international humanitaire commises par Israël dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé ne sont pas contrôlées. Des mesures urgentes doivent être prises pour mettre fin à l’impunité d’Israël et permettre aux organisations humanitaires d’aider les Palestiniens à se remettre de la violence et à se reconstruire, afin qu’ils puissent exercer leur droit à l’autodétermination et vivre dans la dignité, libérés de l’occupation. »
Notes aux journalistes
- Selon l’ONU, les récentes opérations militaires israéliennes en Cisjordanie ont entraîné le déplacement forcé de 40 000 Palestiniens. Source : UN News du 10 février 2025.
- Les chiffres concernant le nombre de morts en Cisjordanie sont basés sur le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies en date du 20 février 2025.
- Selon le centre de ressources BADIL, au cours de la deuxième guerre israélo-arabe de juin 1967, quelque 400 000 Palestiniens ont été déplacés. La moitié d’entre eux étaient des réfugiés qui avaient été déplacés de la partie de la Palestine qui est devenue Israël pendant la guerre de 1948.
Vous avez une demande média?
Josianne Bertrand
Agente – Relations publiques et médiatiques
Téléphone:514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org