Montréal, le 15 novembre 2019 – Tout processus de paix entre les populations israéliennes et palestiniennes est voué à l’échec si aucune leçon n’est tirée du passé, conclut Oxfam dans un nouveau rapport, plus d’un quart de siècle après la signature des accords d’Oslo.
Le directeur d’Oxfam en territoire palestinien occupé et Israël, Shane Stevenson appelle à un cessez-le-feu immédiat, tandis que la violence à Gaza reprend de plus belle. Selon Stevenson, la communauté internationale doit prendre des mesures concrètes pour protéger les populations civiles.
« L’escalade de la violence dans la bande de Gaza et autour de celle-ci montre que les populations qui habitent ce territoire ne peuvent attendre plus longtemps que la paix arrive. Vingt-six années d’un processus de paix défaillant ont entraîné un déni constant des droits des Palestiniennes et Palestiniens et un cycle de violence apparemment sans fin. Une action urgente est nécessaire : il faut s’attaquer aux causes profondes du conflit et progresser sur le long terme ».
Les ambiguïtés des accords d’Oslo
Le rapport d’Oxfam relève l’ambiguïté des textes signés à Oslo. Oxfam note par exemple qu’Israël a exercé des pressions économiques et militaires sur l’Autorité Palestinienne pour qu’elle se conforme aux accords d’Oslo tandis que les Palestiniennes et Palestiniens dépendent de la communauté internationale pour inciter Israël à respecter ses engagements. Pourtant, relève Oxfam, cette communauté internationale n’a pas été mandatée pour le faire.
« Aujourd’hui plus que jamais, il est urgent de comprendre pourquoi le processus de paix échoue systématiquement depuis 26 ans et d’enfin œuvrer pour une paix inclusive, juste et durable », a ajouté la directrice politique d’Oxfam-Québec, Anne Duhamel.
Selon Oxfam, il est vital que les prochaines négociations soient ancrées dans le droit humanitaire et dans le droit international, que des mécanismes de contrôles par des tiers soient clairement définis et que des délais soient fixés dans le temps par des textes réglementaires.
La détresse de la jeunesse palestinienne
Autre élément crucial du rapport d’Oxfam : les négociations de paix doivent être inclusives, et ne peuvent ignorer le mal-être de la jeunesse palestinienne. En effet, les personnes de moins de 29 ans constituent plus de 50% de la population du territoire palestinien occupé. Le taux de chômage dans la seule bande de Gaza s’élève à 52% et atteint même 74% pour les femmes et 69% pour la jeunesse de Gaza. De plus, la population palestinienne n’a jamais pu exercer un contrôle souverain sur son économie, ce qui la rend dépendante de l’aide internationale pour sa survie quotidienne.
Les recherches d’Oxfam sont basées sur des entretiens menés avec des acteurs clés – Palestiniens, Israéliens et internationaux – qui ont pris part aux négociations d’Oslo directement ou en tant qu’observateurs. Les personnes interrogées ont regretté que des principes de base tels que l’inclusion et les droits de l’homme aient été jadis ignorés, avant de tomber inexorablement dans l’oubli, ce qui a conduit selon eux à des décennies d’injustice et de violence.
Manque d’efforts de la communauté internationale
Depuis la signature des accords d’Oslo, le nombre de colons israéliens installés dans des colonies de peuplement illégales a quadruplé pour atteindre 600 000 personnes aujourd’hui. En outre, deux millions de gazaouis vivent cloitrés dans 360 kilomètres carrés. Le fossé n’a cessé de se creuser entre les populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie, ce qui n’a fait qu’exacerber les échecs d’Oslo et creuser la pauvreté et l’insécurité dans les territoires palestiniens occupés, selon le rapport d’Oxfam. Enfin, l’absence d’élections générales depuis 2006, favorise un climat d’impunité et d’intolérance aux opinions divergentes de la part des autorités palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie.
« La communauté internationale porte en partie la responsabilité de l’échec flagrant du processus de paix », conclut Shane Stevenson. « Les décideurs politiques internationaux ne peuvent plus regarder en silence les populations palestiniennes et israéliennes endurer deux décennies de promesses non-tenues. »
« En 2015, le gouvernement libéral nouvellement élu de Justin Trudeau avait annoncé que le Canada reprendrait son rôle de « médiateur impartial » dans le processus de paix au Moyen-Orient. Nous attendons toujours de savoir quelle forme prendra ce rôle. Le Canada peut jouer un rôle central dans l’établissement d’une paix durable dans la région et nous espérons que le Premier ministre Trudeau en fera une des priorités de sa politique étrangère », conclut Anne Duhamel
Note aux rédactions : Le rapport est disponible en anglais sur https://www.oxfam.org/en/research/failed-fair
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