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Plus de 260 millions de personnes risquent de basculer dans la pauvreté extrême en 2022 à cause de la COVID-19 dénonce Oxfam dans un nouveau rapport publié aujourd’hui. Cette statistique alarmante s’explique par l’accroissement des inégalités mondiales et le choc de la hausse des prix alimentaires, amplifié par la guerre en Ukraine,

Si cette triste projection se confirmait ce serait en tout 860 millions de personnes qui vivraient d’ici la fin de l’année dans la pauvreté extrême (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollars par jour) indique l’organisation dans son rapport intitulé « D’abord la crise, puis la catastrophe ». Cette évolution reflète les chiffres de la faim dans le monde : le nombre de personnes sous-alimentées pourrait s’élever à 827 millions en 2022.

« Si des mesures radicales ne sont pas prises dans l’immédiat, nous pourrions assister à l’une des plus fortes vagues jamais vues de pauvreté extrême et de souffrance. Cette perspective terrifiante est d’autant plus scandaleuse que des milliers de milliards de dollars ont été accaparés par une poignée d’hommes puissants qui ne semblent pas intéressés à éviter cette catastrophe. »

Denise Byrnes

Directrice générale d'Oxfam-Québec

Alors que de nombreuses personnes peinent à faire face à la forte hausse du coût de la vie et doivent choisir entre se nourrir, se chauffer ou payer leurs frais médicaux, une crise alimentaire massive menace des millions de personnes qui souffrent déjà gravement de la faim et de la pauvreté en Afrique de l’Est, au Sahel, au Yémen et en Syrie.

« Les prix ont tellement augmenté, ne serait-ce que depuis le mois dernier. Le prix de l’huile de cuisson par exemple a triplé. Hier, je suis allée au magasin pour en acheter, mais je n’avais pas l’argent. Tous les jours, je me demande comment je vais nourrir ma famille. »

Nellie Kumambala

Enseignante dans une école primaire de Lumbadzi, au Malawi

Les prix alimentaires mondiaux ont bondi à des niveaux record en février, dépassant le pic de la crise de 2011. Les géants des hydrocarbures enregistrent des profits inédits et des tendances similaires sont attendues dans le secteur agroalimentaire.

Les personnes en situation de pauvreté sont plus durement touchées. Avec la hausse des prix, les achats alimentaires représentent 17 % des dépenses de consommation dans les pays riches, et jusqu’à 40 % dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Pour la plupart des travailleurs et travailleuses du monde, les salaires réels stagnent, voire diminuent. Les conséquences de la COVID-19 ont également aggravé les inégalités de genre : les femmes ont connu des pertes d’emploi plus importantes durant la pandémie et peinent à retrouver du travail. En 2021, le marché de l’emploi compte 13 millions de femmes en moins par rapport à 2019, tandis que le taux d’emploi masculin est déjà revenu au niveau de 2019.

Le Québec ne fait pas exception : 68% des emplois perdus lors de la première année de la pandémie (octobre 2019 à octobre 2020) étaient occupés par des femmes. En 2021, le niveau d’emploi des hommes dans la province était retourné presque au même stade qu’avant la pandémie (2 255 000 individus en 2019 et 2 254 000 aujourd’hui), ce qui n’était pas le cas de celui des femmes (2 053 000 en 2019 et 2 015 000 aujourd’hui, soit 40 000 individus de moins).

Malgré l’alourdissement du bilan économique de la pandémie et l’enrichissement considérable des milliardaires, dont la fortune a plus augmenté pendant la pandémie qu’au cours des 14 années précédentes combinées, les gouvernements (à quelques exceptions près) n’ont pas augmenté les impôts des plus riches. Un impôt annuel de seulement 2 % sur les revenus des millionnaires et de 5 % sur les revenus des milliardaires permettrait de générer 2 520 milliards de dollars par an. Cette somme pourrait faire sortir 2,3 milliards de personnes de la pauvreté, fabriquer suffisamment de vaccins pour toute la population mondiale, et offrir des soins de santé et une protection sociale à l’ensemble des populations des pays à faible et moyen revenu.

« Maintenant plus que jamais, alors que l’ampleur de la souffrance humaine et des inégalités est dévoilée et aggravée par de multiples crises mondiales, ce manque de volonté politique est inacceptable. Partout dans le monde des millions de personnes, et en particulier les femmes que la pandémie avait déjà touchées durement, se retrouvent confrontées à des choix déchirants. Les pays riches et nos grandes institutions ont le devoir de leur donner les moyens de vivre dignement et reprendre le contrôle de leurs existences. »

Denise Byrnes

Directrice générale d'Oxfam-Québec

Oxfam réclame des mesures urgentes pour faire face à la crise des inégalités extrêmes qui menace de faire reculer les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté au cours de ce dernier quart de siècle :

  • Mieux taxer la richesse pour financer une relance durable et équitable dans le monde d’après la COVID-19. À titre d’exemple, l’Argentine a récemment mis en place un prélèvement unique extraordinaire concernant les personnes les plus riches, qui a permis de récolter environ 2,4 milliards de dollars pour financer la relance après la pandémie. Oxfam-Québec a pour sa part lancé une pétition sur le sujet réclamant notamment la restitution de l’argent caché dans les paradis fiscaux et une meilleure taxation des produits polluant.
  • Introduire un impôt sur les bénéfices excédentaires afin de saisir une partie des bénéfices exceptionnels réalisés pendant la crise par des grandes entreprises dans tous les secteurs.
  • Annuler sans tarder les dettes des pays en développement qui ont besoin d’aide en urgence. Pour la seule année 2022, cette mesure débloquerait plus de 30 milliards de dollars qui pourraient financer des dépenses vitales pour 33 pays déjà en situation de surendettement ou à haut risque de l’être.
  • Augmenter les aides et financer le soutien à l’Ukraine et les coûts associés à l’accueil des personnes réfugiées avec de nouveaux fonds, plutôt que de transférer des fonds d’aide destinés à gérer d’autres crises dans des pays à faible revenu.
  • Agir pour protéger les populations contre la hausse des prix des denrées alimentaires, et créer un Fonds mondial pour la protection sociale afin d’aider les pays les plus pauvres à assurer la sécurité des revenus essentiels de leurs populations, et à maintenir ces services en période de crise grave.

Vous avez une demande média?

Camille Garnier
Agent des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 513-0506
Courriel: camille.garnier@oxfam.org

Notes :

  • Téléchargez le rapport d’Oxfam « D’abord la crise, puis la catastrophe » (en anglais).
  • La Banque mondiale fixe le seuil de pauvreté extrême à 1,90 dollars par jour.
  • D’après les estimations de la Banque mondiale, la COVID-19 fera basculer 198 millions de personnes dans la pauvreté extrême en 2022, en supposant que l’indice de Gini des inégalités de revenus augmentera de 2 % dans le monde. Le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’accordent à dire que la COVID-19 risque fortement d’accroître les inégalités.
  • Les statistiques concernant le niveau d’emploi des hommes et des femmes au Québec proviennent de Statistique Canada. Celles concernant les pertes d’emploi au Québec en 2019-2020 proviennent de l’Observatoire Québécois des Inégalités.
  • Les nouvelles estimations d’Oxfam, qui s’appuient sur les projections de la Banque mondiale et sur des recherches antérieures menées par la Banque mondiale et le Center for Global Development sur les flambées des prix alimentaires montrent que 65 millions de personnes supplémentaires pourraient passer sous le seuil de pauvreté de 1,90 dollars par jour, en raison des fortes hausses des prix alimentaires. Consultez le rapport « D’abord la crise, puis la catastrophe » pour en savoir plus.
  • Des photographies et vidéos d’Afrique de l’Est sont disponibles.
  • Près de 28 millions de personnes risquent la faim extrême.
  • Les données sur le service de la dette proviennent de la CNUCED. D’après la FAO, la facture des importations alimentaires de l’ensemble des pays à faible revenu s’élèvera à 46 milliards de dollars (2021).
  • La COVID-19 a coûté au moins 800 milliards de dollars en perte de revenus en un an aux femmes du monde entier, soit plus que le PIB combiné de 98 pays.
  • La fortune des milliardaires a davantage augmenté depuis le début de la pandémie qu’au cours des 14 années précédentes.
  • Téléchargez le rapport « Taxing Extreme Wealth » (Taxer l’extrême richesse) pour en savoir plus sur notre proposition d’impôt annuel pour les millionnaires et les milliardaires du monde entier, ainsi que sur le montant et l’utilisation éventuelle de cet impôt.
  • L’Argentine a collecté 223 milliards de pesos (environ 2,4 milliards de dollars) grâce à son impôt extraordinaire sur la fortune dû à la pandémie.
  • Oxfam a estimé qu’un « impôt sur les profits en cas de pandémie » imposé à 32 entreprises mondiales à très forte profitabilité aurait pu générer en 2020 104 milliards de dollars de recettes pour lutter contre la COVID-19. Téléchargez le rapport d’Oxfam « COVID-19 : les profits de la crise » pour en savoir plus.
  • Certains gouvernements envisagent de puiser dans les fonds d’aide destinés à d’autres crises pour payer les dépenses supplémentaires dues au soutien à l’Ukraine. Oxfam a ainsi appris que l’Union européenne a réduit de plus de moitié son financement humanitaire au Timor-Oriental et que certains donateurs ont indiqué qu’ils allaient réduire de 70 % leur aide au Burkina Faso. D’autres pays d’Afrique de l’Ouest ont eu connaissance d’annonces similaires. Pendant ce temps, l’Afrique de l’Ouest connaît sa pire crise alimentaire en dix ans, 27 millions de personnes souffrant de la faim.
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