Monsieur le Premier Ministre,
Nous vous écrivons cette lettre conjointe en prévision de la Conférence internationale des donateurs en solidarité avec les réfugiés et les migrants vénézuéliens, qui se tiendra le 17 juin 2021 et sera organisée par le gouvernement du Canada. Plus de 5,6 millions de Vénézuéliennes et Vénézuéliens ont fui leur pays, et beaucoup d’entre eux continuent à faire face à des besoins humanitaires urgents, notamment en ce qui concerne l’accès à la nourriture, aux abris, aux services de santé, à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, et à la protection.
En tant qu’organisations de la société civile menant des programmes d’intervention humanitaire qui soutiennent les réfugiés et les migrants vénézuéliens en Amérique latine et dans les Caraïbes, nous sommes conscients de la gravité des défis auxquels les Vénézuéliens sont confrontés, et nous attendons du Canada qu’il continue à faire preuve d’initiative pour s’assurer que les bailleurs de fond se concentrent sur les besoins des millions de Vénézuéliens déplacés dans la région.
Nous nous réjouissons que la Conférence de cette année mette l’accent sur les rôles essentiels que joue la société civile dans la réponse à la crise des personnes réfugiées et migrantes au Venezuela. Les acteurs de la société civile, y compris les organisations communautaires, sont en première ligne de cette crise et mettent en œuvre 90% de la réponse. En tant que membres et partisans de la Coalition pour les droits des réfugiés, des migrants et des personnes déplacées en Amérique latine et dans les Caraïbes, nous sommes aux côtés de nos partenaires pour demander que les voix des personnes réfugiées et migrantes vénézuéliennes ainsi que celle des organisations communautaires soient au cœur de cette conférence.
Dans le contexte d’une pandémie mondiale en cours, l’accès humanitaire est entravé par le déni des besoins, le manque d’infrastructures, les contraintes bureaucratiques, les interférences dans la livraison de l’aide et les attaques contre le personnel humanitaire, ainsi que par l’insécurité généralisée et les protestations civiles. Parmi les personnes contraintes de fuir, les enfants, les adolescents, les femmes, les populations autochtones et la communauté LGBTIQ+ sont confrontés à des risques accrus de trafic et d’exploitation, de violence et d’abus, ainsi que de recrutement forcé par des groupes armés.
Nous pensons que les progrès pour répondre à ces enjeux cruciaux ne peuvent être réalisés sans des investissements à plus long terme et des efforts concertés pour trouver des solutions durables à la situation critique des Vénézuéliens dans la région.
À cette fin, nous croyons que le Canada devrait s’appuyer sur son leadership et saisir cette occasion pour s’assurer que la Conférence se traduise par des gains concrets pour les millions de Vénézuéliennes et Vénézuéliens qui ont fui leur pays. Nous demandons donc à votre gouvernement de montrer l’exemple et d’encourager vos pairs donateurs à :
- S’assurer que les financements promis lors de la conférence soient nouveaux et additionnels, et que les fonds humanitaires soient débloqués rapidement aux partenaires pour garantir des réponses opportunes. En 2020, seulement 23% des fonds engagés ont pris la forme de subventions (par oppositions aux prêts). Nous appelons les bailleurs de fond à augmenter leurs contributions sous forme de subventions.
- Veiller à ce que davantage de ressources soient allouées sur une plus longue période, et qu’elles le soient directement aux organisations de la société civile travaillant sur le terrain, qui n’ont jusqu’à présent reçu que 8 dollars sur 100 dollars nécessaires pour leur mission. Ces organisations ont une connaissance approfondie de l’évolution rapide du contexte humanitaire dans la région, une connaissance des mécanismes de soutien existants grâce à leur interaction quotidienne avec les personnes les plus vulnérables, et une capacité avérée à fournir un soutien de manière rapide et coordonnée afin que l’aide vitale parvienne à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
- Assurer la transparence et la responsabilité des engagements pris par les autres donateurs. Cela inclut la mise en place d’un système de suivi des engagements pris lors de la Conférence internationale des donateurs en solidarité avec les réfugiés et les migrants vénézuéliens pour suivre le décaissement et l’utilisation des fonds, générer des rapports réguliers et garantir la participation stratégique des organisations de la société civile. Il est essentiel de savoir qui reçoit les ressources et quelles sont les cibles géographiques, démographiques et sectorielles des actions prises.
À l’heure où le monde est confronté à une confluence de crises mondiales, dont la COVID-19 et le changement climatique, c’est le moment pour le Canada de se mobiliser et d’envoyer un message aux personnes réfugiées et migrantes vénézuéliennes de toute l’Amérique latine et des Caraïbes : le monde ne les oublie pas.
Nous vous remercions de votre attention, et nous tenons prêts à continuer de dialoguer avec le gouvernement du Canada sur cette question importante.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de nos sentiments distingués,
Organisations signataires :