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Par Céline Füri, coordonnatrice humanitaire, Oxfam-Québec

 Depuis plus d’un mois maintenant, une violence inouïe a frappé d’abord Israël, et s’est déployée depuis, sans trêve, dans la bande de Gaza, dont la moitié est estimée détruite. Près de 10 000 personnes – dont 4 000 enfants – sont mortes sous les bombes dans leur appartement, leur école, leur hôpital, leur boulangerie ou leur lieu de culte. 2,2 millions de Gazaoui·es – dont 1,5 million sont déplacé·es – affrontent un quotidien devenu littéralement invivable entre les bombardements incessants, la faim, la déshydratation, la maladie et l’absence d’eau potable, de carburant, de soins de santé et l’aide humanitaire vastement insuffisante.

Des messages audio ou écrits nous parviennent presque chaque jour de nos collègues à Gaza, du moins lorsqu’ils trouvent de l’électricité et que les communications n’ont pas été coupées. Au début, ils racontaient l’épatante résilience des Gazaouis : la créativité avec laquelle ils fabriquaient des stations de recharge de cellulaire à l’aide de batteries automobiles, les systèmes de troc instaurés entre familles, l’entraide Aujourd’hui, ils nous racontent l’entraide usée à la corde par une privation qui a atteint des niveaux cauchemardesques. Les familles palestiniennes, réputées pour leur générosité, en sont réduites à se battre entre elles pour le peu d’eau propre qui reste, devenue un bien de luxe. Les soignants opèrent des dizaines de milliers de personnes blessées, tirées des décombres sans anesthésiant, tandis que leurs blessures sont couvertes de mouches et de vers. Ils opèrent des enfants brûlés au phosphore blanc, sans bras, sans jambes, sans identité vérifiable. Ils racontent la détresse de devoir laisser mourir ceux qui auraient besoin d’un respirateur, faute de carburant.

Le cauchemar massif qui se vit à Gaza est intolérable pour les victimes, intolérable pour les soignants et les travailleurs humanitaires qui en sont témoins directs, et devrait être aussi intolérable pour les États tiers et leurs sociétés. Nous pouvons agir, exiger que nos gouvernements soutiennent activement le droit international humanitaire dont ils se réclament. La « communauté internationale », si elle est unie et courageuse, a la possibilité de stopper le cauchemar. Un cessez-le-feu n’est pas une posture politique, c’est un impératif humanitaire. Dans un contexte où les voies d’évacuation soi-disant sûres et les ambulances sont bombardées, où la moitié des logements et des routes sont détruits, un arrêt durable des hostilités est la seule façon d’acheminer l’aide vitale dans tout le territoire de Gaza. Une pause temporaire est une fausse solution.

La violence engendre la violence. En Cisjordanie, les attaques des colons contre la population palestinienne et les restrictions de mouvement augmentent chaque jour. En pleine saison de récolte des olives, l’accès aux oliveraies a été interdit à de nombreux cultivateurs, et le système de coordination annuel des efforts de cueillette a été annulé.

Les Gazaouis sont marqués par des déplacements massifs de populations en 1948 mais également en 1967. Nombre de leurs proches vivent encore aujourd’hui dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Alors qu’Israël présente le déplacement comme une forme de protection, de nombreuses personnes ont choisi de rester sur place, soit parce qu’elles sont physiquement incapables de se déplacer, soit parce qu’elles n’ont nulle part où aller et préfèrent rester dans leurs maisons. Quoi qu’il en soit, les civils qui restent ne sont jamais une cible légitime d’attaque et ont aussi le droit d’être protégés.

Oxfam travaille à Gaza depuis 2006, presque aussi longtemps que le blocus qui fait suffoquer sa population. Oxfam-Québec y soutient actuellement deux programmes. L’un aide les pêcheurs, agriculteurs et éleveurs frappés par les dernières vagues de bombardements à réparer leur équipement et reconstituer leur cheptel et rendre leurs récoltes plus résilientes aux changements climatiques. L’autre améliore la qualité des soins de santé sexuelle et reproductive et sensibilise la population, y compris les hommes, à l’importance fondamentale de cet aspect du bien-être des femmes et des filles.

Le siège total de Gaza entraîne une catastrophe humanitaire sans précédent. Rien ni personne ne peut justifier que les populations en paient le prix fort. Ensemble, nous avons le pouvoir de faire une différence dans la vie de 2,2 millions de personnes à Gaza qui ont besoin de tout.

Ne soyons pas des spectateurs, mobilisons-nous.

 

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