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Montréal, le 17 avril 2024  – Le nouveau budget fédéral propose de nouvelles mesures fiscales qui permettront de générer 21,9 milliards de dollars en revenus sur 5 ans. La taxation de l’extrême richesse au Canada est une étape importante pour réduire les inégalités et financer une transition juste et durable. Il reste cependant à taxer les profits exorbitants des grandes entreprises dont celles du secteur pétrolier et gazier, qui ont échappé à ces révisions fiscales.   

Le virage entamé par le gouvernement du Canada est une étape importante : en modifiant la Loi de l’impôt sur le revenu pour que la taxation des gains en capital des individus les plus riches (0,13% de la population) et des entreprises augmente de 50% à 66%, les calculs de la Chaire en fiscalité et finances publiques souligne que le Canada se permet d’aller chercher 19,4 milliards de dollars en recettes publiques au cours des cinq prochaines années. Elles permettront, entre autres d’aborder la crise du logement, d’investir en santé et en éducation à la petite enfance. 

 

« L’argent pour financer une économie équitable qui prend soin des personnes et de la planète existe. 4 des 5 Canadien·ne·s les plus riches ont augmenté leur fortune de 2/3 depuis 2020. Taxer les personnes les plus riches et les profits exorbitants des grandes entreprises est une solution réaliste et nécessaire et permet aussi d’exiger qu’elles fassent leur part pour une fiscalité juste »

affirme Julie McClatchie, analyste politique chez Oxfam-Québec. 

Julie Mcclatchie

Analyste politique chez Oxfam-Québec

 

Oxfam-Québec appelle depuis de nombreuses années à mettre en place des impôts permanents sur la fortune afin de réduire les inégalités de richesse. Une taxation juste et équitable des grandes fortunes est une idée qui fait son chemin partout sur la planète. Plusieurs pays ont déjà franchi le pas pour taxer les grandes fortunes tels que l’Argentine, la  Colombie, l’Espagne, le  Sri Lanka  et la  Bolivie.  Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) en reconnaissent le potentiel. 

En janvier dernier, un sondage révélait que près des trois quarts des millionnaires interrogés dans les pays du G20 étaient favorables à une augmentation des impôts sur la fortune et plus de la moitié pensaient que l’extrême richesse est une « menace pour la démocratie ». Ce sondage a été publié alors que 260 millionnaires et milliardaires avaient signé une nouvelle lettre, adressée aux dirigeants politiques participant au Forum économique mondial de Davos, dans laquelle ils affirmaient qu’ils seraient « fiers de payer plus » d’impôts.

À l’aube du Sommet du G20 qui aura lieu en novembre prochain à Rio de Janeiro, où l’enjeu de la taxation de l’extrême richesse sera certainement central, le Canada doit jouer un rôle de chef de file :

 

« Alors que l’extrême pauvreté s’accentue et que de multiples crises demandent des solutions urgentes, la redistribution équitable des richesses doit être une priorité. Le petit groupe des personnes les plus riches et des grandes entreprises doit faire sa juste part pour une transition économique et écologique juste. Cela passe par une taxation équitable des revenus et du capital »

explique Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec

« Tel que le soulignent les rapports d’Oxfam, ces personnes et les grandes entreprises participent grandement aux changements climatiques tout en profitant des infrastructures et services publics tels que l’éducation et les transports. La création d’emplois et l’innovation ne doivent pas se faire au détriment des inégalités et d’une transition juste et durable pour tout le monde. »

Béatrice Vaugrante

Directrice générale d'Oxfam-Québec

 

Toutefois, un avenir durable et « l’équité générationnelle » visée par le gouvernement ne pourront se produire sans deux grandes dimensions oubliées : les femmes et l’environnement. Les femmes sont mises de côté dans toutes les nouvelles initiatives d’investissement même si indirectement elles bénéficient des mesures sociales et de celles dans les services publics car elles sont majoritaires parmi les personnes pauvres et occupent majoritairement les emplois des services publics. Il est aussi très décevant que le gouvernement fasse marche arrière quant à une taxe tant attendue sur les profits pétroliers et gaziers, secteurs polluants qui affichent des rendements records dans la dernière année. 

En se privant des taxes sur les secteurs qui présentent des profits exceptionnels, tels que le pétrole et gaz, l’alimentation et les très grandes entreprises, c’est de 60 milliards de dollars dont se prive le gouvernement actuel pour répondre à la crise climatique et à la crise du coût de la vie.

En ce sens, Oxfam-Québec salue les nouvelles mesures fiscales, mais appelle à une nouvelle ère d’action publique réellement équitable qui inclut l’instauration d’impôts permanents sur les bénéfices excédentaires des grandes entreprises, la taxation et la règlementation des secteurs polluants, ainsi que des investissements dans une économie des soins, sobre en carbone et majoritairement portée par les femmes, qui participe à une transition juste. Parce que nous voulons une économie qui prenne soin de façon équitable des personnes et de la planète.

 

 

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Khoudia Ndiaye

Directrice communications et engagement du public

Téléphone: 514 606-4663 
Courriel : khoudia.ndiaye@oxfam.org

 

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