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Le G7 doit imposer une taxe exceptionnelle sur les bénéfices excédentaires des entreprises pendant la pandémie afin de soutenir les populations touchées par la crise alimentaire et lutter contre le changement climatique. C’est ce que réclame Oxfam, alors que les dirigeantes et dirigeants des pays du G7 se réunissent cette semaine en Allemagne pour leur sommet annuel.

 

Cette nouvelle réunion des pays les plus riches de la planète a lieu au moment où le monde traverse une crise profonde. Les pays aux revenus faibles et intermédiaires continuent de subir les impacts de la COVID-19 et une grande partie de leur population n’est pas encore vaccinée. Ces mêmes populations traversent de graves difficultés économiques à cause de la hausse rapide des prix des denrées et de l’énergie. Des milliards de personnes à travers le monde peinent à se nourrir au quotidien. En Afrique de l’Est, des millions d’entre elles sont confrontées à la faim extrême et vivent dans des conditions proches de la famine.

Oxfam demande aux décideuses et décideurs du G7 de mettre en place un plan pour faire face à la crise alimentaire mondiale et de le financer suffisamment. Les responsables des gouvernements du G7 devraient également se pencher sur leur incapacité à faire vacciner l’ensemble de la population mondiale contre la COVID-19, malgré leurs promesses faites il y a un an.

Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt dans les pays riches alimente la crise de la dette : de nombreux pays sont maintenant incapables de rembourser leurs dettes ou font face à des remboursements accablants. En 2021, la dette des pays à faible revenu représentait 171 % de toutes leurs dépenses combinées en santé, en éducation et en protection sociale. Oxfam demande au G7 d’annuler immédiatement les paiements de la dette de 2022 et 2023 pour tous les pays à revenu faible et intermédiaire qui en ont besoin.

Une taxe qui changerait la donne

Une nouvelle étude d’Oxfam montre qu’une taxe exceptionnelle de 90 % sur les bénéfices excédentaires réalisés par les plus grandes entreprises des pays du G7 pendant la pandémie pourrait générer près de 430 milliards de dollars. Cela permettrait de financer entièrement le manque à gagner de tous les appels humanitaires existants et un plan sur dix ans pour mettre un terme à la faim dans le monde. Il resterait encore assez d’argent pour fournir 3000 dollars à chaque personne parmi les 10 % les plus pauvres dans les pays du G7 afin de les aider à faire face à l’augmentation du coût de la vie.

Le G7 propose une nouvelle initiative appelée « Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire » qui sera lancée lors du sommet. Bien que le projet soit prometteur, une initiative similaire avait déjà été lancée en Allemagne en 2015 pour réduire de 500 millions le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici 2030, mais le financement promis se fait toujours attendre.

 

« Cette crise alimentaire mondiale, qui vient s’ajouter à la pandémie, est catastrophique. Les pays du G7 ont l’occasion de montrer aux gens ordinaires qu’ils sont avec eux, et non pas du côté des entreprises et des créanciers qui tirent des profits faramineux de ces crises multiples. Le G7 doit mettre en œuvre une initiative coordonnée de taxe exceptionnelle et d’annulation de la dette pour financer entièrement un plan d’action visant éliminer la faim dans le monde. »

Gabriela Bucher

Directrice générale d'Oxfam International

Oxfam estime que les pays du G7 devraient ainsi doubler le montant de l’aide qu’ils accordent à l’agriculture, à la sécurité alimentaire et à la nutrition, soit 14 milliards de dollars supplémentaires par an. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé jeudi une nouvelle contribution de 250 millions de dollars canadiens au Programme alimentaire mondial pour lutter contre la crise alimentaire dans le monde.

Les inégalités continuent de se creuser

Les recherches d’Oxfam révèlent que les milliardaires à la tête des secteurs pharmaceutique, de l’énergie et de l’agroalimentaire, dans lesquels les monopoles sont courants, engrangent des profits records. En parallèle, les salaires ont à peine augmenté et les travailleuses et travailleurs font face à une hausse des prix jamais vue depuis des décennies, en pleine pandémie de COVID-19.

La richesse des milliardaires des secteurs de l’agroalimentaire et de l’énergie a augmenté de 453 milliards de dollars au cours des deux dernières années, soit 1 milliard tous les deux jours. Cinq des plus grandes entreprises de ces secteurs (BP, Shell, TotalEnergies, Exxon et Chevron) engrangent 2 600 dollars de profit par seconde. Il y a maintenant 62 nouveaux milliardaires dans le secteur de l’agroalimentaire.

La crise ukrainienne a eu un impact considérable sur les prix des denrées alimentaires, mais ceux-ci sont aussi influencés par les inégalités et les défaillances présentes depuis longtemps dans le système alimentaire mondial. Entre avril 2020 et décembre 2021, les prix du blé ont augmenté de 80 %.

« La faim se nourrit d’inégalités et d’inaction. Dans tous les pays, alors que les coûts des aliments et de l’énergie montent en flèche, ce sont les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées qui sont confrontées aux choix les plus difficiles. »

Gabriela Bucher

Directrice générale d'Oxfam International

Faciliter l’accès aux vaccins

Le G7 doit également répondre de son incapacité à jouer son rôle dans la vaccination de toute la population mondiale contre la COVID-19. Dans l’ensemble des pays en développement, seulement 18% des personnes sont entièrement vaccinées. Les pays du G7 ont défendu le maintien des monopoles des sociétés pharmaceutiques, empêchant de nombreux pays de fabriquer leurs propres vaccins. La semaine dernière, après des années d’atermoiements, les pays du G7 sont parvenus à un accord très insuffisant sur les vaccins et la propriété intellectuelle, qui ne permettra pas de soutenir la production dans les pays en question.

Les communautés vulnérables des pays à faible revenu subissent les pires conséquences de la crise climatique. Les émissions augmentent, mais les objectifs proposés par les pays dans le cadre de l’accord de Paris pour réduire les émissions afin de maintenir le réchauffement en dessous du seuil critique de 1,5°C sont insuffisants. Malgré l’appel lancé lors du sommet des Nations unies sur le climat de l’année dernière en faveur d’une augmentation des objectifs d’émissions, le G7 n’a montré aucune volonté d’y répondre. Les pays développés, y compris ceux du G7, continuent de ne pas tenir leur promesse faite en 2009 de fournir 100 milliards de dollars par année pour soutenir l’adaptation des pays à faibles revenus aux effets des changements climatiques. Le G7 doit s’engager à atteindre l’objectif fixé par la COP26, à savoir doubler le financement de l’adaptation d’ici à 2025, et indiquer clairement comment il compte s’y prendre.

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Josianne Bertrand
Agente des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org

Notes aux rédactions :

  • Pour calculer l’impôt sur les bénéfices excédentaires, Oxfam a examiné les bénéfices des entreprises figurant sur la liste Forbes 2000 des plus grandes entreprises du monde en fonction des ventes, des bénéfices, des actifs et de la valeur marchande. La base de données a été consultée à partir d’un référentiel de données ouvert (2017-2021 et 2022), qui a ensuite été vérifié par sondage et nettoyé au mieux de nos capacités, par exemple en standardisant les conventions de dénomination. Les entreprises établies dans les pays du G7, qui ont figuré sur la liste de 2017 à 2022 et qui ont réalisé des bénéfices au cours de chacune de ces années, ont été sélectionnées et le bénéfice moyen entre 2017 et 2020 (considéré comme la période prépandémique car les données s’arrêtent en avril) a été soustrait des bénéfices moyens de 2021 à 2022 pour obtenir un total de bénéfices excédentaires.
  • Le total des bénéfices excédentaires s’élève à 477 226 450 000 dollars, ce qui, taxé à un taux de 90 %, générerait 429 503 805 000 dollars de recettes. Selon le service de suivi financier du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), il manque 37 milliards de dollars pour financer les appels humanitaires actuels. Selon le rapport Ceres2030 : Sustainable Solutions to End Hunger, qui présente un plan décennal pour éradiquer la faim, 330 milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires sur 10 ans et le déficit de financement des donateurs sur cette période est de 140 milliards de dollars.
  • La population des pays du G7 est de 770 millions d’habitants, selon l’ONU. Un versement unique de 3253 dollars aux 10 % des personnes les plus pauvres coûterait 253 milliards de dollars.
  • Tous les montants sont exprimés en dollars américains.
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