Alors que le Yémen entre dans sa dixième année de guerre, sa population est confrontée à de nouvelles frappes aériennes et à une crise économique de plus en plus grave qui risque de plonger des millions de personnes dans la famine, a prévenu Oxfam aujourd’hui.
Neuf ans se sont écoulés depuis l’escalade du conflit. Une trêve temporaire négociée par les Nations unies a expiré en 2022 et, bien qu’elle ait largement tenu, les récentes activités militaires des Houthis dans la mer Rouge et les frappes aériennes menées par les États-Unis et le Royaume-Uni contre le nord du pays compromettent les perspectives d’une paix durable et risquent d’aggraver l’instabilité dans la région.
Le coût humain de la guerre
La guerre au Yémen a dévasté le pays. Plus de 19 000 personnes ont été tuées et des millions d’autres ont dû fuir leur foyer. Plus de 18 millions de personnes, soit plus de 50 % de la population, ont besoin d’une aide humanitaire. La crise humanitaire au Yémen reste l’une des plus graves au monde, avec des millions de personnes au bord de la famine. Près de la moitié des enfants de moins de cinq ans au Yémen (plus de 2,5 millions) souffrent de malnutrition chronique, 21 % d’entre eux présentent un retard de croissance sévère.
En raison d’une forte baisse des financements, le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû suspendre l’aide alimentaire apportée à 9,5 millions de personnes depuis novembre 2023 et les services de lutte contre la malnutrition apportés à 2,4 millions de personnes depuis janvier de cette année. Sans nouveaux financements, le Yémen pourrait être confronté à des taux d’insécurité alimentaire et de malnutrition encore plus dévastateurs.
Le système de santé est au bord de l’effondrement. Les hôpitaux manquent de fournitures essentielles et de nombreux professionnels de la santé n’ont pas reçu de salaire depuis des années. Les épidémies de choléra, de diphtérie et d’autres maladies constituent une menace constante, en particulier pour les personnes vivant dans les zones rurales.
Crise économique
L’économie du Yémen est en ruine. Les différentes dépréciations monétaires et les augmentations du coût du carburant et d’autres produits de base ont plongé des millions de personnes dans la pauvreté. La guerre, ainsi que les ravages du changement climatique, ont gravement entravé la production agricole. On craint aujourd’hui que sur le plan de la sécurité alimentaire, la situation ne s’aggrave encore à partir du mois de juin, point culminant de la saison creuse.
Les récentes mesures prises par toutes les parties ont déjà commencé à affecter les transferts d’argent entre le Nord et le Sud, dont de nombreux Yéménites dépendent pour leur survie.
Perspectives de paix
La récente militarisation de la mer Rouge est le signe d’une escalade inquiétante du conflit. Des victimes ont été signalées et des milliers de moyens de subsistance dans le gouvernorat de Hudaydah ont déjà été affectés par les perturbations dans le secteur de la pêche. Des voies maritimes vitales pourraient également être touchées, ce qui entraverait les importations au Yémen et déstabiliserait encore davantage la région. Proscrire ou désigner les Houthis – une des principales parties au conflit, qui contrôle des territoires où vit la majorité de la population yéménite ne fera que rendre plus difficile l’instauration d’une paix durable et inclusive. D’autres sanctions extrêmes pourraient compromettre les importations de denrées alimentaires et de produits de base dont le Yémen est presque entièrement dépendant, ainsi que le travail d’organisations humanitaires telles qu’Oxfam.
« La récente escalade de la violence au Yémen devrait faire honte à toutes les parties et à la communauté internationale dans son ensemble.
« La dernière chose dont le Yémen a besoin, c’est de nouveaux conflits. Neuf années de guerre ont coûté à la population du Yémen des vies et des moyens de subsistance. Il est grand temps de mettre fin à cette guerre. Toutes les parties et la communauté internationale doivent redoubler d’efforts pour instaurer une paix durable et inclusive.»
L’augmentation de l’aide humanitaire est indispensable pour éviter une famine généralisée et des épidémies. Il est essentiel de redoubler les efforts diplomatiques pour parvenir à une paix globale, d’assurer un financement adéquat et de permettre un accès humanitaire sans entrave.
Plus largement, il est urgent d’instaurer un cessez-le-feu permanent à Gaza, non seulement pour sauver des vies et éviter de nouvelles souffrances aux habitants de Gaza, mais aussi pour réduire le risque d’une nouvelle escalade au Yémen et dans l’ensemble de la région.
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Khoudia Ndiaye
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