Montréal, 11 mars 2020 – « C’est un budget sans grandes orientations ni vision claire des priorités du gouvernement Legault qui vient d’être annoncé hier », rapporte Anne Duhamel, directrice des politiques chez Oxfam-Québec. Bien que de nouveaux investissements importants soient accordés dans plusieurs secteurs, notamment en matière de transport collectif et pour les proches-aidantes, Oxfam-Québec y perçoit une volonté de satisfaire un peu tous les acteurs socio-économiques, mais sans mesures suffisantes pour un projet de société plus verte à tous les égards.
Oxfam-Québec salue les sommes accordées pour lutter contre la violence conjugale, qui continue de détruire des vies et de marquer profondément et à jamais des familles entières. Par contre, elle déplore l’absence de solutions structurantes qui freineraient véritablement les pertes encourues en raison des brèches qui permettent encore l’évitement fiscal. « Et que dire des modestes cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES), alors que la société civile est montée aux barricades à maintes reprises au cours de la dernière année et que la communauté scientifique entière crie Urgence », relate madame Duhamel, encore perplexe à sa sortie de l’annonce du budget.
ÉVITEMENT FISCAL ET AVENIR DES JEUNES
« L’évitement fiscal fragilise nos institutions publiques et hypothèque les générations futures, car elle compromet la pérennité de nos services publics. Bien que nous saluions les montants réservés par le gouvernement du Québec pour mettre en œuvre le Plan pour la jeunesse 2021-2026 et pour la protection de la jeunesse, nous sommes déçue de l’absence d’actions décisives pour mettre fin à l’évitement fiscal. Nous demandons au gouvernement d’agir rapidement pour encadrer ce fléau qui prive l’ensemble de la population québécoise de sommes essentielles qui pourraient être investies pour améliorer et consolider les politiques et programmes publics du Québec, » soutient Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec.
ÉLECTRIFICATION DES TRANSPORTS ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Le budget prévoit des montants significatifs pour permettre la transition vers l’électrification des transports collectifs, des véhicules et des édifices publics. Ces mesures, si elles se concrétisent, s’avéreront toutefois insuffisantes pour atteindre une réduction des GES plus élevée et essentielle pour contrer la crise climatique.
« Ce Plan d’économie verte (PEV) est un pas dans la bonne direction, mais le gouvernement semble faire la sourde oreille devant un message pourtant fort envoyé par la population québécoise en septembre 2019. Lorsque 500 000 personnes à travers le Québec, dont un grand nombre de jeunes, se mobilisent pour réclamer des mesures audacieuses, c’est qu’il s’agit d’une priorité nationale, rappelle Anne Duhamel. Le Québec est un important émetteur de gaz à effet de serre et doit prendre des mesures cohérentes et responsables pour atteindre les cibles de réduction de GES qui répondent à l’urgence climatique. D’ailleurs, de nouvelles mobilisations se préparent, entre autres en mai, sous l’impulsion de Mères au front, un regroupement citoyen récemment formé, et il y a fort à parier que le message sera amplifié des dizaines de milliers de fois », prévoit madame Duhamel.
L’année 2020 est une année déterminante pour la lutte aux changements climatiques et les États doivent prendre des mesures ambitieuses pour limiter les impacts de la crise climatique et stopper sa progression. Oxfam-Québec espère que le PEV du gouvernement du Québec, dont les détails seront rendus publics prochainement, contiendra des éléments pour préparer la société à une transition énergétique juste. Elle estime également qu’en tant que province industrialisée et émettrice, le Québec a une part de responsabilité face aux pays du Sud qui sont, pour leur part, les moins responsables de la crise climatique. Il est donc impératif que cette transition soit inclusive et repose, entre autres, sur la formation des travailleuses et travailleurs et des jeunes à l’économie verte et sur une agriculture durable. Oxfam-Québec offre par conséquent sa collaboration au gouvernement du Québec pour que ce plan ait une réelle portée pour les populations les plus concernées et touchées par les impacts des changements climatiques, tant ici qu’à l’étranger.
VIOLENCE FAITE AUX FEMMES
Chaque année, 10 Québécoises sont assassinées par un conjoint ou un ex-conjoint. Et Oxfam-Québec applaudit le gouvernement pour avoir répondu à l’appel lancé par les victimes et la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. Si l’accompagnement des femmes violentées est essentiel et primordial, nous aurions aussi souhaité que le gouvernement investisse dans la prévention et l’éducation, qui sont indispensables pour que cette violence soit éliminée à la source.
Renseignements :
Camille Garnier
Agent aux relations publiques et médiatiques, Oxfam-Québec
514 513-0506