Oxfam a demandé hier au Conseil de sécurité des Nations Unies de condamner les récentes attaques au Yémen et de relancer les pourparlers de paix concernant ce conflit qui dure depuis sept ans. Cet appel fait suite aux frappes aériennes qui ont tué et blessé des centaines de civils la semaine dernière et bloqué l’aide humanitaire dans certaines régions du pays. Dans le même temps, la population est confrontée à la montée en flèche des prix de la nourriture, du carburant et des produits de première nécessité, dans ce qui était déjà l’une des plus grandes crises humanitaires au monde.
S’exprimant depuis la ville de Sana’a, Abdulwasea Mohammed, responsable du plaidoyer, des campagnes et des médias d’Oxfam au Yémen, a déclaré : « La nuit dernière, nous avons eu de nouvelles frappes aériennes. Tout le monde est effrayé, surtout les enfants qui sont traumatisés. Nous leur disons de ne pas s’inquiéter mais ils se réveillent au son des explosions, comme nous. Chaque soir, nous allons nous coucher et nous prions pour nous réveiller le lendemain matin. »
Le gouvernement canadien refuse toujours de suspendre ses exportations de matériel militaire vers l’Arabie saoudite, l’une des parties au conflit, et ce malgré les appels répétés de nombreuses organisations dont Oxfam-Québec. Une pétition lancée par Oxfam-Québec réclamant au Canada de mettre fin à ces exportations a d’ailleurs recueilli près de 3000 signatures au Québec.
Les frappes récentes ont forcé la suspension de certaines activités humanitaires urgentes. Oxfam a ainsi été temporairement contraint de suspendre son action dans plusieurs régions en raison des craintes pour la sécurité des personnes et des restrictions de mouvement imposées par les autorités à la suite de l’augmentation des violences. Le manque de carburant menace également les livraisons d’aide aux communautés vulnérables.
Ces derniers jours, les prix ont grimpé en flèche en raison des bombardements. Le prix du carburant a presque triplé, entraînant à son tour une hausse des prix des produits de première nécessité comme la nourriture, l’eau et les médicaments qui sont transportés par camion dans tout le pays. Comme plus de 80 % des habitants de Sanaa dépendent de l’eau livrée par camion, cette hausse des prix menace de créer une urgence majeure en matière de santé publique.
« La violence doit cesser immédiatement afin que les familles puissent se sentir en sécurité chez elles et que les organisations humanitaires puissent reprendre leur travail de secours et reconstruction. Nous avons besoin de plus qu’un cessez-le-feu, car dans le passé, ceux-ci n’ont pas conduit à une paix durable. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit absolument accélérer les pourparlers de paix afin de garantir la fin du conflit et toutes les parties doivent accepter de donner la priorité à la vie des Yéménites avant tout. »
Abdulwasea Mohammed a déclaré : “Ces dernières semaines, le Conseil de sécurité des Nations unies a réagi fermement à la violence contre les civils dans d’autres pays émanant du Yémen, mais pas aux attaques généralisées qui ont lieu au Yémen. Pour assumer sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, le Conseil doit faire preuve de la même préoccupation pour les Yéménites que pour les autres personnes dans la région et dans le monde.”
Depuis que le Groupe d’experts éminents sur le Yémen (l’organe désigné par les Nations unies pour surveiller les violations des droits de l’homme au Yémen) a été dissous en octobre de l’année dernière, il n’existe aucune surveillance internationale des violations des droits humains sur place. Le Civilian Impact Monitoring Project a signalé une augmentation de 66 % du nombre de civils tués au cours des trois derniers mois de 2021 par rapport au trimestre précédent.
Depuis le début du conflit en 2015, plus de quatre millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Yémen, souvent à de nombreuses reprises à cause du déplacement des lignes de front. Il y a eu près de 14 000 victimes civiles et plus de 20 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.
Les personnes qui souhaitent apporter leur soutien financier à l’action d’Oxfam au Yémen peuvent le faire en cliquant sur ce lien.
La coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri est disponible pour des entrevues.
Vous avez une demande média?
Camille Garnier
Agent des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 513-0506
Courriel: camille.garnier@oxfam.org
Notes :
- Retrait par l’ONU du mandat du Groupe d’experts éminents sur le Yémen : https://www.oxfam.org.uk/media/press-releases/oxfam-reaction-to-todays-decision-by-the-un-human-rights-council-to-withdraw-the-mandate-to-the-group-of-eminent-experts-on-yemen/