Montréal – 16 décembre 2019 – En réponse au dernier communiqué sur les négociations climatiques à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP25) qui s’est tenue à Madrid, Anne Duhamel, directrice des politiques et campagnes chez Oxfam-Québec, déclare :
« Le monde entier, et particulièrement les jeunes, réclame désespérément des mesures vigoureuses pour stopper l’hémorragie, mais un seul constat s’impose à la fin du sommet de Madrid : les pays ont décidé de maintenir la planète sur le respirateur artificiel par manque de courage et d’ambition. Les nations les plus pauvres sont engagées dans une course contre la montre pour leur survie, mais de nombreux gouvernements lésinent clairement sur les mesures à mettre en place pour passer véritablement à l’action. Au lieu de s’engager à respecter des cibles de réductions d’émissions plus ambitieuses, les pays se sont empêtrés dans des détails techniques futiles, compte tenu de l’urgence d’agir. Aujourd’hui est une bien triste journée. Une journée de grande déception. »
Pour sa part, Chema Vera, directeur général intérimaire d’Oxfam International, déclare : « Les pays les plus pauvres ont parlé d’une seule et même voix pour demander des financements afin de compenser les pertes et dommages causés par l’urgence climatique : logements devenus inhabitables, terres incultivables et conditions de vie insupportables. Les pays riches ont tenté par tous les moyens d’entraver les progrès et de se soustraire à leurs responsabilités, notamment financières. Plus que jamais il est vital que les citoyennes et citoyens du monde entier maintiennent la pression sur les gouvernements pour qu’ils mènent une action climatique plus ambitieuse. »
Manque d’ambition en matière de réduction des émissions
Au lieu de s’engager à des réductions d’émissions plus ambitieuses, les pays se sont querellés sur des aspects techniques. Jusqu’à présent, seul un petit nombre de pays – représentant 10 % environ des émissions mondiales – s’est engagé à revoir ses objectifs climatiques. Cela ne suffira pas pour remettre la planète sur une trajectoire de réchauffement limité à 1,5 °C. Il est indispensable que tous les pays – en particulier les plus grands émetteurs – s’engagent à réduire considérablement leurs émissions dès le début de 2020.
Pertes et dommages pour les pays pauvres
La COP25 n’a pas créé un nouveau mécanisme de financement spécifique aux pertes et dommages. À la place, les pays ont convenu de créer un nouveau groupe d’experts sur le financement des impacts climatiques irréversibles et demandent au Fonds vert pour le climat de se saisir de cette question.
Mais sans financement nouveau et supplémentaire, cela laisse les personnes les plus vulnérables du monde bien démunies face aux effets croissants de la crise climatique. Un récent rapport d’Oxfam a démontré que les catastrophes climatiques sont désormais le principal facteur de déplacement interne. Ainsi, toutes les deux secondes, une personne est forcée de quitter son foyer. Il soulignait aussi le besoin de financements additionnels pour aider les communautés qui ne peuvent pas s’adapter à la crise climatique.
Le plan d’action Genre
Le plan d’action genre approuvé à l’occasion de ce sommet nous laisse espérer que l’égalité entre les femmes et les hommes sera garantie dans toutes les décisions climatiques. Il invite à faire preuve de plus d’ambition, tout en améliorant la participation et le leadership des femmes, à la fois dans les négociations climatiques internationales et pour décider et mettre en œuvre les politiques climatiques au niveau local et national. Il faudra traduire ce plan d’action en mesures, actions et cibles concrètes, mais c’est un signe encourageant alors que les femmes sont les plus durement touchées par la crise climatique.
Financements climat
Les pays riches ne mobilisent toujours pas les financements suffisants pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter aux changements climatiques. Lors de cette COP, les pays ont annoncé près de 90 millions de dollars de financements nouveaux pour l’adaptation et de nouvelles contributions ont été faites pour le Fonds vert pour le climat. Mais d’après une analyse d’Oxfam, il reste absolument illusoire d’atteindre la barre des 100 milliards de dollars par an de financements climat d’ici 2020, une fois pris en compte les prêts et manœuvres comptables des pays donateurs.
Des raisons de rester optimiste
Alors que les pays les plus pollueurs rusent et se dérobent de leurs responsabilités, le mouvement citoyen qui appelle à l’action prend de l’ampleur et gagne en influence. De jeunes militantes et militants plaident pour un futur plus sûr et font preuve d’un leadership qui manquait jusque-là. Les premières communautés concernées, des Fidji au Malawi en passant par le Pérou, se joignent aussi à la lutte.
L’initiative du gouvernement espagnol, qui a permis la tenue de la COP25, doit être saluée. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) demeure le seul forum international à disposition des gouvernements, des entreprises et de la société civile pour tenter de relever le défi le plus pressant de notre époque.
Notre espoir repose sur les millions de personnes à travers le monde qui descendent dans la rue pour exiger la justice climatique. Les gouvernements doivent les écouter et revenir à la table des négociations en 2020 avec l’engagement et l’ambition nécessaires pour concrétiser l’accord de Paris sur le climat.
Pour plus de renseignements ou pour planifier une entrevue avec une ou un représentant d’Oxfam-Québec, veuillez communiquer avec :
Josée Gaulin, directrice des Communications et relations publiques
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