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Montréal, 6 avril 2020 – Dans les camps, jusqu’à 250 personnes réfugiées partagent un même point d’eau et beaucoup de ces personnes disposent de moins de 38 pi2 (3,5 m²) d’espace de vie. Ce qui signifie qu’il sera extrêmement difficile de juguler une épidémie de coronavirus.

En outre, le virus pourrait s’avérer catastrophique pour les personnes vivant dans des situations de conflit, notamment au Yémen, en Syrie et au Soudan du Sud, qui sont déjà en proie à la malnutrition, à des maladies comme le choléra et au manque d’eau potable et d’installations sanitaires.

Des normes humanitaires inadaptées à une pandémie mondiale

Les normes pour les camps de personnes réfugiées, convenues par les organisations qui interviennent dans les crises humanitaires, n’ont tout simplement pas été conçues pour faire face à une pandémie mondiale. Elles préconisent la présence d’un point d’eau pour un maximum de 250 personnes et de 3,5 m² (38 pi2) d’espace de vie par personne.

Dans certains cas, même ces critères minimaux ne sont pas respectés. Le vaste camp de Rohingyas à Cox’s Bazar, au Bangladesh, est terriblement surpeuplé, d’une densité de 40 000 habitants au km². La malnutrition et des maladies telles que la dysenterie, le choléra et la typhoïde représentent déjà des risques élevés à Cox’s Bazar, ce qui nuit à la santé de ces communautés. Elles disposent aussi d’un accès très limité à des services de santé de base, et encore moins à des soins plus spécialisés.

Dans le camp de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, qui a été construit pour 3 000 personnes mais qui en accueille maintenant près de 20 000, jusqu’à 160 personnes utilisent les mêmes toilettes sales et on compte plus de 500 personnes par douche. Dans certaines parties du camp, 325 personnes se partagent un même point d’eau et il n’y a pas de savon. Il arrive que 15 à 20 personnes vivent dans un même conteneur maritime, ou dans des tentes ou des abris de fortune.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille aux gens de se tenir à un mètre de distance de toute personne qui tousse ou éternue, de se laver fréquemment les mains et de consulter un médecin dès l’apparition de symptômes pour éviter la propagation du coronavirus.

Marta Valdes Garcia, responsable opérationnelle de la lutte contre le coronavirus chez Oxfam, a déclaré :

« Le nombre de décès liés au virus augmente rapidement dans le monde, mais ce ne sera que le début d’une hécatombe s’il se propage aux communautés les plus vulnérables de la planète.

Les camps qui accueillent des personnes contraintes de s’enfuir de chez elles ne sont tout simplement pas aménagés pour pouvoir faire face à une pandémie de ce genre. Les organisations humanitaires devront redoubler d’efforts pour se préparer à l’arrivée de cette maladie et y faire face.

Même si beaucoup de pays s’attachent avant tout à lutter contre la propagation de la pandémie au sein de leur propre population, ce qui se comprend, il est crucial qu’ils ne tournent pas le dos aux millions de personnes les plus vulnérables au monde. La communauté internationale doit mobiliser d’énormes moyens pour aider les pays en développement à y faire face si nous voulons honorer notre engagement, puisque personne ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas toutes et tous.

Des millions de personnes dans des pays d’Afrique centrale, australe et orientale, entre autres, souffrent déjà de pénuries alimentaires chroniques graves. Elles seront tout aussi durement touchées par la maladie et par les restrictions nécessaires pour l’endiguer, ce qui est susceptible de mettre encore plus à mal leur sécurité alimentaire ainsi que leurs emplois et leurs moyens de subsistance. »

L’expertise d’Oxfam réside dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de l’hygiène et de la promotion de la santé publique, autant d’éléments essentiels pour tenter de maîtriser les infections inévitables. Oxfam travaille en étroite collaboration avec des organisations partenaires locales pour augmenter le nombre de points d’eau communautaires, de systèmes de distribution d’eau et de toilettes, et pour amener les communautés à améliorer leurs pratiques d’hygiène.

Les violences envers les femmes et les filles risquent d’augmenter

Oxfam craint aussi l’augmentation des violences basées sur le genre, alors que les familles sont contraintes de rester à domicile et que les centres et réseaux de soutien sont fermés. Elle renforce actuellement ses actions de soutien aux moyens de subsistance et à la sécurité alimentaire des populations, en prévision de l’arrivée de la pandémie de coronavirus dans les pays pauvres et de ses effets dévastateurs.

Oxfam indique qu’il faudra plus de 150 millions de dollars canadiens pour financer son plan d’intervention pour lutter contre le coronavirus, en collaboration avec les partenaires locaux dans plus de 50 pays. L’objectif est de soutenir 14 millions de femmes, hommes et enfants. Oxfam concentrera ses efforts sur la prévention de la propagation de la maladie au sein des communautés les plus vulnérables, en répondant à leurs besoins de subsistance de base et en assurant leur protection.

Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec, rappelle les risques particuliers qu’encourent les femmes et les filles : « Les femmes et les filles sont généralement les plus durement touchées pendant les crises comme celle-ci, puisqu’elles assument la plus grande charge des soins à apporter aux enfants et aux proches et s’exposent donc davantage au virus. Nous savons également qu’en contexte de confinement et de stress, il y aura une recrudescence des cas de violence envers les femmes et les filles et que les réseaux et les centres de soutien qui peuvent normalement leur venir en aide ne sont plus disponibles. »

Les communautés, les ONG locales, les organisations gérées par des femmes et des personnes réfugiées se mobilisent déjà, et Oxfam travaille avec elles pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables. Oxfam accroît également son travail pour aider les personnes dans les pays les plus pauvres à gagner leur vie et à nourrir leur famille en vue d’une éclosion du coronavirus.

Des communautés très vulnérables hors des camps

Au-delà des camps de personnes réfugiées, beaucoup d’autres communautés auprès desquelles Oxfam intervient sont particulièrement vulnérables à la maladie. À Gaza, où sont déjà recensés 10 cas confirmés, la densité de population est supérieure à 5 000 personnes au km² et on compte moins de 70 lits en soins intensifs pour une population de deux millions d’habitants. Au Yémen, seulement 50 % des centres de santé fonctionnent et ceux qui sont ouverts font face à de graves pénuries de médicaments, de matériel et de personnel. Près de 17 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, n’ont pas accès à de l’eau potable.

Les interventions visant à répondre aux crises humanitaires dans plusieurs régions, comme au Yémen et en Syrie, souffraient déjà d’un déficit de financement. Or, elles doivent désormais rivaliser entre elles pour se disputer les ressources nécessaires à la lutte contre le coronavirus, alors même que le monde est aux prises avec les effets économiques des mesures de confinement généralisées. Les Nations unies ont lancé un appel pour consacrer 2 milliards de dollars au financement d’une action concertée à l’échelle mondiale pour lutter contre le coronavirus dans les pays vulnérables. Oxfam soutient également l’appel lancé par l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu mondial afin d’aider les pays en conflit à faire face à la pandémie.


Quelques exemples de l’aide apportée par Oxfam à des communautés vulnérables touchées par le coronavirus :

  • Collaboration avec des partenaires locaux pour venir en aide aux 118 000 Rohingyas habitant à Cox’s Bazar, au Bangladesh, et dans l’État de Rakhine, au Myanmar. Oxfam fournit de l’eau potable, du savon et des trousses d’hygiène, ainsi que des informations de sensibilisation à la santé publique, notamment en demandant à des femmes bénévoles de diffuser des messages sur l’hygiène et la prévention auprès des femmes et des filles. Nous venons aussi en aide à 5 000 ménages vulnérables dans les communautés environnantes de Cox’s Bazar, dans les domaines de l’eau et de l’assainissement.
  • Actions de sensibilisation à l’hygiène et au lavage des mains auprès des 76 000 personnes réfugiées syriennes dans le camp de Zaatari, en Jordanie, et de distribution de savon dans les communautés d’accueil de personnes réfugiées syriennes au Liban.
  • Remise en état d’un hôpital et de son unité d’isolement qui dessert une communauté de 50 000 habitants en Iraq.
  • Projets de construction ou de réparation de 107 points d’eau au Burkina Faso pour les personnes ayant fui les combats.
  • Formations de sensibilisation à l’hygiène pour les personnes réfugiées dans le nord de l’Ouganda.
  • Formation de bénévoles au Yémen pour renforcer la sensibilisation à l’hygiène et promouvoir de bonnes pratiques d’hygiène auprès des communautés affectées par une situation de conflit.
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