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7 avril 2021 – Lors des réunions de la Banque mondiale et du FMI cette semaine les pays riches débattent de décisions vitales face à la pandémie de COVID-19 qui pourraient permettre d’éviter une catastrophe économique de 9 000 milliards de dollars.

Les pays riches doivent ouvrir la voie à la production de masse et à juste prix de vaccins contre la COVID-19 afin de protéger chaque être humain et d’éviter une catastrophe économique mondiale que les scénarios les plus pessimistes estiment à 9 000 milliards de dollars, annonce Oxfam aujourd’hui. Ils doivent également s’accorder cette semaine pour injecter 650 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie mondiale pour aider les pays en développement à faire face aux effets dévastateurs de la pandémie.

Les deux initiatives, à savoir la gestion de la pénurie mondiale chronique de vaccins qui génère des différends commerciaux et des chocs économiques entre les pays et la quête d’un accord pour une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux, seront à l’ordre du jour des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui se tiendront jusqu’au 11 avril.

Ensemble, ces deux initiatives pourraient contribuer grandement à assurer la protection de la santé publique et à stimuler la relance économique dont les pays et les populations du monde entier ont cruellement besoin. Des actions urgentes sont nécessaires alors que la COVID-19 continue de flamber, de muter et de tuer, tout en semant le chaos dans l’économie.

La Chambre de commerce internationale estime ainsi que, d’après l’évolution actuelle, les inégalités vaccinales pourraient exposer le monde à des pertes économiques de près de 9 200 milliards de dollars (selon le scénario le plus pessimiste), les pays riches subissant la moitié de ces pertes. Sur la base des résultats de cette étude, Oxfam calcule que :

  • Les Canadiennes et les Canadiens pourraient perdre 1 979 dollars cette année en dépenses en raison des inégalités vaccinales.
  • Les États-Unis pourraient perdre jusqu’à 2 700 dollars par personne en dépenses des ménages en 2021, soit 1 300 dollars de plus que le montant du chèque de relance reçu récemment de l’administration Biden. Au total, la facture des inégalités vaccinales pourrait s’élever à 1 300 milliards de dollars de PIB pour les États-Unis.
  • Le Royaume-Uni s’expose à des pertes en dépenses jusqu’à 1 380 dollars par personne et la France pourrait s’attendre à des pertes de 1 239 dollars par personne également en 2021.

Pourtant, ces mêmes pays riches figurent parmi ceux qui freinent ou s’opposent actuellement aux mouvements initiés par l’Inde et l’Afrique du Sud au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour briser les monopoles des grandes industries pharmaceutiques et permettre à d’autres laboratoires de produire en masse des vaccins en plus grand nombre et meilleur marché.

« En défendant les intérêts du secteur pharmaceutique, les pays riches empêchent les pays pauvres de se protéger de la pandémie et endommagent à terme leur propre économie, affirme la directrice générale d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes. La levée du monopole pharmaceutique est un impératif moral mais aussi n choix rationnel puisqu’elle peut contribuer à éviter une catastrophe économique. »

Les inégalités vaccinales frappent encore plus durement les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire :

  • L’Inde pourrait perdre jusqu’à 786 milliards de dollars, soit plus de 27% de son PIB, en raison des inégalités vaccinales.
  • Les Philippines, quant à elles, pourraient être privées de 18% de leur PIB cette année en raison des inégalités vaccinales, ce qui équivaut à environ 450 dollars par personne en dépenses des ménages.

Oxfam et d’autres membres de l’Alliance en faveur d’un vaccin universel (People’s vaccine alliance) appellent à mettre fin à la situation actuelle qui voit les pays riches vacciner une personne par seconde alors que de nombreux pays en développement n’ont pas encore administré la moindre dose. L’Alliance appelle les responsables des pays riches à plaider de toute urgence pour la levée des monopoles pharmaceutiques et de la propriété intellectuelle, afin d’amorcer un déploiement à très grande échelle de la vaccination. Une pétition a été lancée par Oxfam-Québec en faveur d’un accès universel pour toutes et tous aux vaccins et traitements contre la COVID-19.

Oxfam exhorte par ailleurs les membres du FMI à valider de toute urgence l’émission de droits de tirage spéciaux à hauteur de 650 milliards de dollars, une somme qui permettrait aux pays à faible revenu de quasiment doubler leurs dépenses de santé pendant un an. Une décision en ce sens est très attendue et constituerait l’aboutissement des pressions exercées par la société civile et d’autres parties prenantes sur les pays membres pour faire les bons choix.

« Les droits de tirage spéciaux sont le moyen le plus rapide et le plus sûr pour distribuer les liquidités requises aux pays en développement qui, contrairement aux pays les plus riches, n’ont tout simplement pas les moyens de déployer des plans de secours faramineux pour lutter contre la COVID-19 afin de relancer l’économie et de dynamiser les systèmes de soins de santé, affirme Nadia Daar, directrice du bureau Oxfam à Washington DC. Il s’agit aussi de sommes que les pays n’auront jamais à rembourser, évitant ainsi une aggravation de leur endettement. »

Des droits de tirage spéciaux de 650 milliards de dollars permettraient de renflouer d’environ 22 milliards de dollars les réserves des pays les plus pauvres dans le monde et de 228 milliards de dollars celles des pays à revenu intermédiaire. S’il s’agit là d’une bouée de sauvetage salutaire, cela reste nettement insuffisant. D’après le FMI, les pays à revenu faible devront débourser 200 milliards de dollars sur cinq ans uniquement pour lutter contre la pandémie. « Les pays riches doivent de toute urgence réaffecter leurs droits de tirage spéciaux pour soutenir les pays à faible revenu, agir sur l’annulation de la dette et intensifier leurs engagements en matière d’aide, notamment en réapprovisionnant l’Association internationale de développement de la Banque mondiale », conclut Nadia Daar.

Des porte-paroles sont disponibles pour des entrevues.

Contact médias : Camille Garnier
Agent médias et relations publiques Oxfam-Québec
514 513-0506 – camille.garnier@oxfam.org

Notes :

  • Les sommes exprimées le sont en dollars US.
  • Les Réunions de printemps 2021 de la Banque mondiale et du FMI se tiendront en distanciel du 5 au 11 avril. Les ministres des Finances du G20 et les Gouverneurs de la Banque centrale se réuniront les 7 et 8 avril. Le Comité monétaire et financier international (CMFI) discutera des droits de tirage spéciaux le 8 avril.
  • Une étude mandatée en janvier 2021 par la Fondation de recherche de la Chambre de commerce internationale (CCI) a révélé que l’économie mondiale pourrait accuser des pertes de 9 200 milliards de dollars si les gouvernements n’assurent pas l’accès des pays en développement aux vaccins contre la COVID-19.
  • Taux de vaccination par pays : Our World in Data, dernière visite le 29 mars 2021, et classement des pays selon la Banque mondiale. Calculs par Oxfam.
  • Télécharger la méthodologie d’Oxfam pour plus d’informations sur les calculs de la perte pour les ménages.
  • Plus de 200 groupes ont appelé le G20 à soutenir l’émission de droits de tirage spéciaux à hauteur de 3 000 milliards de dollars.
  • Le FMI a approuvé sa dernière émission de droits de tirage spéciaux à hauteur de 250 milliards de dollars en août 2009, au lendemain de la crise financière mondiale.
  • Consultez le dernier blogue d’Oxfam sur la façon dont la Banque mondiale pourrait promouvoir un déploiement plus rapide et plus équitable des vaccins dans le monde.
  • Télécharger le rapport « Behind the Numbers » d’Oxfam qui fournit des données à jour sur les dépenses, la redevabilité et les mesures de reprise incluses dans les prêts accordés par le FMI pour lutter contre la COVID-19.
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