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Montréal, 14 mai 2020 – Le coût d’un vaccin, produit de manière éthique, sécuritaire et homologué pour la moitié la plus pauvre de l’humanité contre la COVID-19 pourrait être inférieur aux bénéfices engrangés pendant quatre mois par les dix plus grandes compagnies pharmaceutiques.

En effet, selon les estimations de la Fondation Gates, l’achat et l’administration d’un vaccin sûr et efficace aux personnes les plus pauvres du monde coûterait 25 milliards de dollars US. L’année dernière, les 10 plus grandes entreprises pharmaceutiques ont réalisé 89 milliards de dollars de bénéfices, soit un peu moins de 30 milliards de dollars en moyenne tous les quatre mois.

En prévision de la prochaine Assemblée mondiale de la santé lundi prochain, le 18 mai, Oxfam exhorte les gouvernements et les compagnies pharmaceutiques à garantir que les vaccins, les tests de dépistage et les traitements ne seront pas brevetés, ce qui reviendrait à cautionner leur vente plutôt que leur accès gratuit et universel.

« Les tests, les traitements et les vaccins, qui sont tous essentiels, devront être fournis selon les besoins des personnes et non pas vendus selon une logique de marché qui serait indécente. Le monde a besoin d’un vaccin produit de manière éthique, à bas coût, et libre de tout brevet, ainsi que de traitements pouvant être produits massivement pour répondre à la pandémie. Un plan de distribution juste et transparent devra être élaboré. »
— Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec.

Intérêts privés contre santé publique

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Dans l’idéal, les vaccins ne devraient pas être produits et distribués pour plus de 2 $ US par dose. Ce prix est raisonnable, étant donné que de nouveaux vaccins complexes pour de grandes maladies mortelles, telles que la pneumonie, sont déjà disponibles à ce prix-là.

Oxfam a averti que les pays riches et les géants du secteur pharmaceutique, motivés par des intérêts nationaux ou privés, pourraient empêcher ou retarder l’accès des personnes vulnérables aux traitements et vaccins potentiels, notamment dans les pays en développement.

Dans son projet de résolution soumis à l’Assemblée mondiale de la santé, l’Union européenne (EU) a proposé la mise en commun volontaire des brevets associés aux tests de dépistage, aux traitements et aux vaccins liés au coronavirus. Si cette mesure devenait obligatoire dans le monde entier, elle garantirait à l’ensemble des pays de pouvoir produire ou importer des versions à faible coût de tous les tests, traitements et vaccins disponibles.

Toutefois, certains gouvernements semblent privilégier des intérêts privés. Ainsi, des documents ayant fuités semblent indiquer que l’administration Trump tente de remplacer les références à la mise en commun des brevets par des formules portant sur le respect des brevets de l’industrie pharmaceutique.

Une fois que des vaccins ou des traitements auront été mis au point, il existe un grand risque que les pays riches et puissants parviennent à se les procurer en priorité en les achetant à un prix plus élevé que les pays pauvres – comme ils l’ont fait notamment avec les équipements de protection individuelle et l’oxygène, que tous les pays se disputaient.

De nombreux pays pauvres ne peuvent pas accéder à des vaccins et médicaments essentiels à cause de la réglementation des brevets, qui octroie aux compagnies pharmaceutiques des droits monopolistiques et la capacité de fixer des prix bien au-delà des moyens de ces pays.

Un plan mondial

Oxfam propose donc un plan mondial en quatre points, qui appelle aux actions suivantes :

  1. Partage obligatoire de la totalité des connaissances, des données et de la propriété intellectuelle en relation avec la Covid-19, et engagement à accorder des financements publics uniquement à condition que les traitements ou les vaccins mis au point soient exempts de brevet et accessibles à toutes et à tous.
  2. Engagement à accroître les capacités mondiales de fabrication et de distribution des vaccins, financé par les pays riches.
  3. Élaboration d’un plan de distribution équitable, approuvé par tous les pays, avec une clause non modifiable garantissant l’équité, afin que l’approvisionnement soit basé sur les besoins et non sur la capacité à payer. Les tests, les traitements, et les vaccins devront être produits, puis fournis aux pays et aux organisations au plus faible coût possible, idéalement à un coût maximal de 2 dollars par dose de vaccin, et administrés gratuitement à toute personne en ayant besoin.
  4. Engagement à corriger le système de recherche et développement de nouveaux médicaments, qui est défaillant. En effet, ce système donne priorité aux bénéfices des compagnies pharmaceutiques, plutôt qu’à la santé de la population mondiale.

« Pour fournir des tests, des traitements et éventuellement un vaccin accessibles à toutes et à tous, un degré encore jamais atteint de coopération entre les nations sera nécessaire. Nos gouvernements doivent faire passer la santé publique avant les intérêts privés et éviter tout réflexe protectionniste. Dans cette lutte contre la COVID-19, personne ne vaincra si tout le monde ne vainc pas. »
— Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec.

Joignez votre voix à celle d’Oxfam-Québec pour demander aux leaders mondiaux et aux industries pharmaceutiques de garantir que les tests, traitements et le vaccin soient gratuits et distribués équitablement à toutes les personnes sur la planète.

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