L’accès de plus en plus difficile à l’eau potable à cause du réchauffement climatique constitue l’une des plus grandes menaces pour l’humanité et aggravera la faim, la propagation des maladies et les déplacements de population, s’alarme Oxfam dans un rapport publié aujourd’hui.
En Afrique de l’Est, par exemple, une région où le changement climatique fait déjà des ravages, un puits sur cinq creusé par les équipes d’Oxfam est à sec ou impropre à la consommation.
À l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau, Oxfam publie Les dilemmes de l’eau, un rapport sur la crise de l’eau causée en grande partie par le réchauffement de la planète. Le rapport décrit l’impact du changement climatique sur l’approvisionnement en eau dans certaines des régions les plus vulnérables du monde.
« Un forage sur cinq que nous creusons actuellement dans la région où je travaille est asséché ou contient de l’eau impropre à la consommation. Nous devons creuser des puits plus profonds, dans des sols extrêmement secs, ce qui entraîne des coûts plus élevés à un moment où les financements pour l’eau diminuent. Ces problèmes ne feront que s’aggraver. »
Mme Ojeny travaille en première ligne de la réponse à la sécheresse en Afrique de l’Est. À ce titre, elle participe à la plus vaste intervention humanitaire menée actuellement par Oxfam. En Afrique de l’Est, plus de 32 millions de personnes sont confrontées à la faim extrême en raison d’une sécheresse qui dure depuis cinq saisons, aggravée par les conflits et la pauvreté. D’autres zones de la même région sont frappées par des crues soudaines et des pluies imprévisibles, qui dévastent les cultures et les moyens de subsistance des populations.
« Le réchauffement climatique accroît la fréquence et la gravité des catastrophes, notamment des inondations et des sécheresses, qui frapperont les pays les plus vulnérables plus durement et plus souvent dans les années à venir. Le manque criant d’investissements dans le renforcement des systèmes d’approvisionnement en eau accroît cette vulnérabilité. »
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Les femmes sont affectées de façon disproportionnée
Oxfam estime que, d’ici 2025, jusqu’à 2,4 milliards de personnes vivront dans des zones où il manque d’eau. Cette dégradation du climat aura un impact disproportionné sur les femmes, lesquelles effectuent plus de 75 % du travail de soin dans le monde. Dans plusieurs pays, la responsabilité d’aller chercher de l’eau, du bois ou de la nourriture incombe souvent aux femmes et aux filles.
« Si une femme ou une fille doit marcher plus longtemps pour aller chercher de l’eau parce que le puits le plus proche est vide, c’est moins de temps qu’elle peut consacrer aux études, à un emploi rémunéré, à la vie de sa communauté ou même au repos. »
Le rapport indique que d’ici 2040 :
- L’Afrique de l’Est pourrait être frappée par une augmentation de 8 % des précipitations, avec des cycles d’inondations et de sécheresses. Ce phénomène risque d’emporter les nutriments des sols, de détruire les infrastructures et d’exposer de 50 à 60 millions de personnes supplémentaires au paludisme d’ici 2030.
- L’Afrique de l’Ouest connaîtra des problèmes similaires. Les deux régions seront confrontées à des vagues de chaleur de 8 à 15 % plus intenses et à une baisse de la productivité du travail de 11 à 15 %, dans un contexte de migrations massives, d’aggravation de la pauvreté et d’augmentation de la faim.
- Au Moyen-Orient, au contraire, les précipitations diminueront sensiblement, ce qui aggravera l’insécurité alimentaire. Les vagues de chaleur augmenteront de 16 %, provoquant une baisse de productivité du travail de 7%.
- Les pays d’Asie, quant à eux, seront davantage touchés par l’élévation du niveau de la mer, qui pourrait atteindre plus d’un demi-mètre d’ici 2100. Le rapport prédit une augmentation des vagues de chaleur (8 %) et une baisse de la productivité du travail (7 %), entraînant une hausse de la pauvreté et des migrations. Les maladies telles que la malaria et la dengue pourraient augmenter de 183 %.
Des millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim
Ces perturbations, qui auront des répercussions sur les sources de nourriture et la productivité des populations, aggraveront la faim. Oxfam calcule que dans dix des pays les plus vulnérables au changement climatique, la faim chronique risque d’augmenter du tiers en 2050, ce qui signifie que 11,3 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim par rapport à la situation actuelle.
« Les pires scénarios qu’on devait éviter ont déjà commencé. Nous pouvons encore changer de cap, mais nous devons agir rapidement. Les pays riches doivent faire leur juste part et fournir les 114 milliards de dollars demandés par l’ONU pour renforcer les systèmes d’approvisionnement en eau dans les pays les plus vulnérables, ce qui sauvera des vies aujourd’hui et nous aidera aussi à atteindre les autres objectifs de l’ONU pour 2030. »
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Notes :
- Le rapport Les dilemmes de l’eau est disponible en ligne.
- Depuis des décennies, Oxfam soutient des millions de personnes très vulnérables en fournissant des systèmes d’eau et d’assainissement essentiels, en collaboration avec les autorités, les partenaires locaux et les communautés. Oxfam est un acteur de premier plan dans le secteur de l’eau et de l’assainissement pour l’aide humanitaire et le développement.
- L’année dernière, Oxfam a examiné dix des pays du monde les plus vulnérables aux changements climatiques — la Somalie, Haïti, Djibouti, le Kenya, le Niger, l’Afghanistan, le Guatemala, Madagascar, le Burkina Faso et le Zimbabwe — et a constaté que la faim y a plus que doublé en seulement six ans. Ses rapports L’heure des comptes (juin 2022) et La faim dans un monde qui se réchauffe (septembre 2022) sont disponibles en ligne.