Montréal, le 7 août 2019 – Plus de 300 enfants sont morts en un an au Yémen, depuis qu’une frappe aérienne a touché un bus à Sa’ada le 9 août 2018, tuant 41 élèves, et près de 600 autres ont été blessés, alors que les ventes internationales d’armes continuent à alimenter le conflit.
Depuis la tragédie de Sa’ada, 335 enfants ont été tués dans des attaques violentes (frappes aériennes, mines antipersonnel et bombardements), soit l’équivalent de 8 autobus scolaires. Selon l’ONU, beaucoup d’autres jeunes filles et garçons sont morts de faim et de maladie dans la grave crise humanitaire provoquée par les hostilités.
« Le monde a été consterné à juste titre par une attaque qui a coûté la vie à tant de jeunes victimes innocentes, rappelle Muhsin Siddiquey, le directeur pays d’Oxfam au Yémen. Toutefois, près d’un enfant par jour a été tué depuis lors et la violence continue de toucher les Yéménites au quotidien, sans parler de la faim et des maladies qui les assaillent. »
« La population du Yémen a besoin d’urgence qu’un cessez-le-feu advienne, explique la coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri. Chaque jour de nouvelles vies sont perdues dans ce conflit meurtrier. Il est du devoir des parties impliquées et de la communauté internationale de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à cette guerre. »
LE CANADA DOIT AGIR
C’est dans cette optique qu’Oxfam-Québec, et un ensemble d’organisations de la société civile ont adressé dimanche dernier une lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau, exhortant celui-ci à prendre enfin une position claire dans le dossier de l’exportation de matériel militaire vers l’Arabie saoudite.
En effet, le gouvernement canadien a annoncé, en octobre 2018, sa décision de réviser les permis d’exportation vers l’Arabie saoudite. Neuf mois se sont écoulés depuis, sans qu’aucun résultat, ni état d’avancement ne soit communiqué concernant cette révision.
Pendant ce temps, le nombre de jeunes victimes ne cesse d’augmenter. La semaine dernière encore, une attaque contre un marché a fait au moins 10 morts, dont des enfants, à Sa’ada, tandis qu’à Taizz, 5 enfants ont été blessés dans des bombardements. Au cours de l’année, on a recensé 30 incidents touchant des écoles et 18 des hôpitaux.
DES ACCUSATIONS RÉCIPROQUES
Le conflit entre les Houthis et le gouvernement internationalement reconnu, soutenu par une coalition internationale qui comprend l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, entre dans sa cinquième année. D’après les estimations des Nations unies, si la guerre se poursuit jusqu’en 2022, plus d’un demi-million de personnes succomberont aux combats, à la faim et à la maladie.
Les Houthis et le gouvernement internationalement reconnu du Yémen sont parvenus à un accord, à l’issue de pourparlers en décembre dernier. Cet accord comprenait l’établissement d’un cessez-le-feu au port de Hodeidah, une enclave stratégique, mais les mesures visant à le mettre en œuvre ont longtemps été retardées.
Le gouvernement et la coalition dirigée par les Saoudiens ont accusé les forces houthies d’avoir violé l’accord de Stockholm à 5 000 reprises, tandis que les Houthis ont à leur tour accusé la coalition et les forces gouvernementales d’y avoir porté atteinte plus de 27 000 fois.
DES MESURES ADOPTÉES
Alors qu’une action canadienne se fait encore attendre, d’autres pays prennent des mesures, sous la pression de la communauté internationale. Le Royaume-Uni a récemment suspendu tout nouveau permis d’exportation vers l’Arabie saoudite. Le Congrès américain a voté à plusieurs reprises en faveur de l’interdiction des exportations d’armes vers ce pays. Le Danemark, la Finlande, l’Allemagne, la Suisse, la Grèce et l’Autriche ont tous pris des mesures pour cesser ou suspendre les transferts vers l’Arabie saoudite.
Comme l’affirme M. Siddiquey : « Soixante-dix ans après l’adoption de la Convention de Genève, qui vise à protéger les civils dans les zones de conflit et autour de celles-ci, les enfants du Yémen se trouvent toujours dans la ligne de mire. »
« La communauté internationale doit s’efforcer de protéger la population civile yéménite et mettre fin à cette guerre, au lieu d’en tirer profit à travers la vente d’armes » conclut Céline Füri.