Montréal, 13 décembre 2018 – Oxfam, Save the Children et Action contre la faim viennent de publier « Sahel : priorité à la résilience et au développement », un rapport alarmant sur l’insécurité alimentaire et nutritionnelle grandissante dans les pays du Sahel.
Le Sahel est en effet la région du monde qui a connu la plus forte augmentation de la faim au cours de la dernière décennie, et ce, malgré la mobilisation de nombreux acteurs régionaux, d’ONG internationales et nationales et de partenaires. Pour la seule année 2018, on compte 1,3 million d’enfants âgés de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition aiguë, ce qui représente une augmentation de plus 50 % par rapport à 2017.
Pourtant, la faim n’est pas une fatalité dans les pays du Sahel. Les différents acteurs doivent investir massivement dans le renforcement des capacités de résilience des populations pour garantir leur sécurité alimentaire et nutritionnelle à long terme.
Oxfam-Québec au Nigéria et au Niger
À titre d’exemple, Oxfam-Québec et ses partenaires locaux ont mis sur pied dans la région de Bauchi au Nigéria le projet Soutenir l’agriculture et la nutrition des femmes et enfants permettant à des milliers de familles de bonifier leurs récoltes, d’augmenter leurs revenus,de mieux se nourrir et d’améliorer leurs conditions de vie. Afin de renforcer leurs compétences, les mères bénéficient d’activités d’information dans le but de développer leurs connaissances nutritionnelles et elles sont accompagnées dans la création d’un potager familial pour diversifier les aliments disponibles.
Autre exemple de projet durable soutenu par Oxfam-Québec, cette fois au Niger : Mieux manger pour mieux étudier. L’objectif est notamment d’améliorer l’alimentation et l’état de santé de milliers de jeunes touchés par la crise alimentaire, notamment des jeunes filles. À long terme, ces jeunes filles éduquées seront mieux outillées pour contribuer au développement de leur pays, assumer des responsabilités et relever les défis auxquels elles devront faire face.
Ces exemples témoignent de la pertinence de l’approche globale et durable préconisée dans le rapport émis par Oxfam, Save the Children et Action contre la faim. Concrètement, cette approche pourrait notamment se traduire par un soutien aux plus vulnérables par des formes de protection sociale ou encore parle respect des engagements des États en matière d’agriculture, soit de consacrer au moins 10 % de leur budget à l’agriculture.
Priorité aux défis sécuritaires ou humanitaires?
Dans un contexte de militarisation accrue, le Sahel est en proie à des défis sécuritaires grandissants qui pourraient porter ombrage à ses priorités en matière de développement, au moment même où les chefs d’État du G5 Sahel viennent de se réunir en République islamique de Mauritanie pour discuter des investissements prioritaires 2019-2021, conformément à la Stratégie pour le développement et la sécurité formulée en 2014.
Pour Oxfam, Save the Children et Action contre la faim, la question du Sahel ne doit pas être abordée sous un angle majoritairement sécuritaire ou migratoire alors que les populations sont plus que jamais confrontées au problème de la faim.
«Sécuriser n’est pas développer. La priorité de l’ensemble des acteurs doit être de renforcer la résilience des communautés. L’aide au développement doit répondre en priorité aux besoins des populations, et pas aux objectifs sécuritaires des États », conclut Chloé Schmitt, coordinatrice humanitaire d’Oxfam en Afrique de l’Ouest.
Le rapport « Sahel : priorité à la résilience et au développement » a été dévoilé à l’occasion de la semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et dans le cadre du rendez-vous annuel de dialogue et de concertation sur les enjeux alimentaires et nutritionnels au Sahel qui s’est tenu en Gambie du 3 au 8 décembre courant.