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Un an après l’escalade de la bataille pour le gouvernorat de Marib au Yémen, la situation humanitaire s’est aggravée ces derniers jours. Cette dégradation se traduit notamment par le déplacement des lignes de front, des frappes aériennes et l’explosion de mines terrestres qui ont entraîné le déplacement de près de 100 000 personnes, dont beaucoup ont déjà fui plusieurs fois.

Sur le seul mois dernier, 43 frappes aériennes ont touché des cibles civiles, ce qui représente plus d’un cinquième de toutes les frappes aériennes dans la région de Marib depuis l’intensification des combats en février de l’année dernière. La plupart de ces frappes ont visé des maisons et des fermes, détruisant des foyers et des entreprises dont la reconstruction prendra de nombreuses années.

« Cette escalade du conflit, des déplacements et des décès à laquelle nous assistons à Marib est un instantané de la souffrance à laquelle sont confrontées les communautés à travers le Yémen. Des gens ordinaires qui ont cherché refuge dans un endroit autrefois décrit comme une oasis de calme sont devenus les dommages collatéraux d’un conflit prolongé. »

Muhsin Siddiquey

Directeur national d'Oxfam pour le Yémen

« L’accélération des pourparlers de paix au Conseil de sécurité des Nations unies est une urgence, ajoute la coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri. L’ensemble des parties doivent impérativement s’entendre pour prioriser la survie de la population yéménite qui souffre de ce conflit depuis trop longtemps. »

Céline Füri

Coordonnatrice humanitaire d'Oxfam-Québec

Les civils sont également exposés au danger des missiles et des obus tirés depuis le sol, ainsi qu’aux mines terrestres et aux engins explosifs improvisés. Huit civils ont été tués par des mines terrestres dans le gouvernorat de Marib en janvier 2022, contre cinq pour l’ensemble de l’année 2021, ce qui traduit une augmentation inquiétante de l’utilisation de ces armes hors-la-loi. Les mines terrestres sont souvent placées le long des routes et des pistes traversant les terres agricoles menant à la ville de Marib, qui sont empruntées par les civils apportant des marchandises à vendre et les migrants traversant le Yémen.

De son côté, le gouvernement canadien refuse toujours de suspendre ses exportations de matériel militaire vers l’Arabie saoudite, l’une des parties au conflit, et ce malgré les appels répétés de nombreuses organisations dont Oxfam-Québec. Une pétition lancée par Oxfam-Québec réclamant au Canada de mettre fin à ces exportations a d’ailleurs recueilli près de 3000 signatures au Québec.

flècheJe signe la pétition

Selon les chiffres de l’ONU, plus d’un million de personnes déplacées vivent dans le gouvernorat de Marib, soit chez l’habitant, soit dans l’un des 120 à 150 sites officiels et informels. Toutefois, les autorités locales avancent le chiffre de près de deux millions. Parmi elles, beaucoup ont déjà été déplacées cinq ou six fois.

« Les gens du camp ont toujours peur des actions militaires qui peuvent les frapper à tout moment. Nous vivons tous dans l’anxiété. Je ne peux même pas quitter le camp pour une courte durée. Je vis dans la crainte pour ma famille. Ma famille dort et se réveille effrayée. »

SAlem

Salem* et sa famille vivent dans le camp Alswidan, à la périphérie de Marib

Les Nations unies estiment que 85 % des familles déplacées ne sont pas en mesure de payer régulièrement leur loyer car les possibilités de gagner de l’argent sont rares. Les prix des loyers dans la ville de Marib ont grimpé en flèche après la récente vague de déplacements.

En raison de la dépréciation vertigineuse de la monnaie et de la crise du carburant, les prix de la nourriture, du carburant et des médicaments ont plus que doublé. De nombreuses personnes sont contraintes d’emprunter de l’argent et se retrouvent piégées dans un cycle d’endettement, incapables de répondre à leurs besoins fondamentaux.

Le Yémen en est maintenant à sa quatrième vague de Covid et de nombreuses personnes déplacées n’ont pas accès aux installations de base telles que les latrines et l’eau potable. Près de huit ans après le début du conflit, seule la moitié des établissements de santé fonctionnent encore, ce qui laisse deux Yéménites sur trois sans accès aux services de santé.

Oxfam travaille à Marib afin d’améliorer l’approvisionnement en eau, de fournir des latrines et d’effectuer des transferts d’argent pour que les familles puissent acheter des produits de première nécessité. Au cours de l’année dernière, Oxfam a aidé 95 928 personnes à Marib, notamment en fournissant un accès à l’eau potable à 60 000 personnes et des transferts d’argent à 14 875 personnes.

Les Nations unies ont publié une déclaration rappelant aux parties belligérantes que le fait d’être en guerre ne les dispense pas de leurs obligations en vertu du droit humanitaire international, qui interdit strictement les attaques disproportionnées et exige que toutes les précautions possibles soient prises pour éviter les dommages aux civils.

Depuis que le Groupe d’experts éminents sur le Yémen – l’organe désigné par les Nations unies pour surveiller les violations des droits de l’homme au Yémen – a été dissous en octobre de l’année dernière, il n’existe aucun suivi international des violations des droits de l’homme. Toutes les parties au conflit prolongé du Yémen sont responsables des pertes civiles.

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Camille Garnier
Agent des relations médiatiques et publiques
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