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Le Yémen est confronté à une hausse sans précédent du prix des denrées alimentaires, ce qui expose des millions de personnes supplémentaires au risque de souffrir de faim catastrophique, avertit Oxfam.

Déjà épuisé par plus de sept années de conflit, le Yémen est particulièrement touché par la crise de la faim mondiale. Les prix du blé, de la farine, de l’huile de cuisson, des œufs et du sucre ont tous augmenté de plus du tiers depuis le mois de mars. De telles hausses n’ont jamais été observées depuis que le pays est soumis à un blocus, et jamais pendant une période aussi longue.

Le Yémen importe 90 % de sa nourriture, dont 42 % de son blé d’Ukraine. Les importateurs ont prévenu que les stocks risquaient de s’épuiser dans les mois à venir et que la hausse mondiale des coûts entraverait leur capacité à garantir les importations de blé au Yémen.

Malgré l’accord intervenu récemment qui devrait permettre à l’Ukraine de recommencer à exporter ses céréales, les effets de la perturbation majeure de l’approvisionnement alimentaire continueront de se faire sentir pendant un certain temps. Une éventuelle baisse des prix mondiaux pourrait être de courte durée et les Yéménites n’en verront probablement pas les effets dans leur quotidien. Dans un pays où une grande partie de la population dépend du pain pour se nourrir, cela pourrait pousser des millions de personnes vers la famine.

Les personnes qui souhaitent apporter leur soutien au Yémen peuvent le faire en faisant un don. 

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Des familles au bord du gouffre

« Cette hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires menace la vie de millions de personnes qui sont en réel danger de famine. Les familles qui ont été poussées au bord du gouffre par sept années de conflit sont en train de basculer devant la hausse vertigineuse du prix des aliments de base. Les gouvernements du monde doivent agir immédiatement pour éviter une faim catastrophique et une aggravation de la crise humanitaire au Yémen. »

Ferran Puig

Directeur national d'Oxfam au Yémen

La prolongation temporaire de la trêve en juin a apporté un certain soulagement, mais la situation reste instable. Les Yéménites subissent aussi une crise économique plus large, en plus de la hausse des prix des denrées alimentaires et des difficultés dans le secteur agricole, attribuables en grande partie aux effets du changement climatique. Près de 80 % de la population yéménite a besoin d’aide humanitaire pour survivre, alors que la réponse humanitaire n’est financée qu’à 27 %.

Entre mars et juin de cette année, le prix des aliments de base a connu une hausse allant jusqu’à 45 %.

  • La farine coûte 38 % plus cher.
  • L’huile de cuisson coûte 45 % plus cher.
  • Le sucre coûte 36 % plus cher.
  • Le riz coûte 30 % plus cher.
  • Les haricots en conserve coûtent 38 % plus cher.
  • Le lait en poudre coûte 36 % plus cher.
  • Les œufs coûtent 35 % plus cher.

Le prix moyen du panier alimentaire de base au Yémen a augmenté de 48 % depuis décembre 2021, et de 25 % depuis le début de l’année. La hausse du coût des denrées alimentaires importées est aggravée par les fluctuations du taux de change ; la monnaie nationale yéménite, le rial, a perdu 28 % de sa valeur depuis le début de 2022.

Le secteur agricole est durement touché

Les prix de l’essence et du diesel ont également connu une hausse de 43 % pendant les trois premiers mois de l’année. L’augmentation du coût du carburant et une sécheresse inhabituelle ont causé davantage de souffrances, en particulier pour les agriculteurs.

De nombreux Yéménites dépendent de l’agriculture et de l’élevage comme principale source de revenus, mais ils ont vu leurs récoltes endommagées ou retardées et leur bétail mourir à cause de la sécheresse actuelle.

Alors que les besoins augmentent, le manque de ressources pour y répondre a des conséquences dévastatrices. Le Programme alimentaire mondial a été contraint de réduire l’aide qu’il fournit aux Yéménites : cinq millions de personnes recevront désormais moins de la moitié de leurs besoins caloriques quotidiens. Huit millions de personnes ne recevront que 25 % de ce dont ils ont besoin pour se nourrir.

Des familles ont expliqué à Oxfam que pour survivre, elles doivent emprunter à leurs voisins, s’endetter auprès des commerçants et sauter des repas pour que leurs enfants aient plus à manger.

Environ 56 % des quatre millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays n’ont aucune source de revenus. Les femmes et les enfants, qui représentent environ 77 % des personnes déplacées, sont les plus exposés à la famine.

« J’ai du mal à me procurer des aliments de base en raison des prix élevés. Ma mère et moi ne prenons que deux repas par jour, pour que les enfants en aient assez. Avant, nous pouvions avoir du poulet ou du poisson tous les deux jours, ou de la viande une fois par semaine. Maintenant, nous pouvons à peine nous permettre d’avoir du poulet une fois par semaine. Les prix des légumes ont tellement augmenté que nous ne pouvons même pas nous permettre la moitié de ce que nous pouvions l’année dernière. »

Arwa

Mère yéménite de 2 enfants en charge aussi de sa mère et de sa soeur

Faciliter l’importation de denrées

Oxfam fournit aux familles du Yémen des moyens de subsistance et de l’argent comptant pour subvenir à leurs besoins. Des services de base comme de l’eau potable, des installations sanitaires et de l’énergie solaire sont également offerts aux ménages et aux communautés. En 2021, nous avons pu aider plus de 23 000 familles.

Oxfam demande à la communauté internationale de faciliter l’importation de denrées alimentaires au Yémen en réduisant les obstacles, en finançant les importations de céréales et en allégeant la dette du pays.

Mais surtout, les Yéménites ont besoin que le conflit cesse de façon permanente pour pouvoir vivre, apprendre et gagner leur vie en toute sécurité. Nous appelons toutes les parties à prolonger la trêve dans les jours à venir afin d’ouvrir la voie à une paix durable.

Vous avez une demande média?

Josianne Bertrand
Agente des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org

Notes :

  • Le pourcentage de céréales importées par le Yémen provient du Plan d’intervention humanitaire au Yémen d’avril 2022.
  • Le Programme alimentaire mondial (PAM) a affirmé le 4 juillet 2022 que cinq millions de Yéménites se trouvant dans les phases quatre et cinq de l’échelle de classification de l’insécurité alimentaire (échelle IPC), soit les niveaux « urgence » et « catastrophe », recevront désormais moins de 50 % de leurs besoins caloriques quotidiens. Les huit millions restants n’en recevront que 25 %.
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