Montréal, le 6 mai 2019 – Oxfam-Québec salue l’annonce de la toute première Politique jeunesse du Canada, mesure qu’elle demandait depuis 2016 (année de diffusion du rapport d’Oxfam-Québec sur les jeunes et les inégalités) et qui a été rendue publique la semaine dernière. Le Canada était jusqu’ici le seul pays du G7 avec l’Italie à ne pas s’être doté d’une telle politique.
Oxfam-Québec estime pertinents les domaines prioritaires définis dans la nouvelle politique (Leadership et impact, Santé et bien-être, Innovation, compétences et apprentissage, Emploi, Vérité et réconciliation, Environnement et action pour le climat). Elle note toutefois l’absence de certains éléments cruciaux pour une action ambitieuse et concrète en faveur de la jeunesse.
ÉGALITÉ DES GENRES
Alors que se profile le 10 mai prochain la Marche Monde d’Oxfam-Québec, ayant pour thème l’égalité des genres et qui réunira 6 000 jeunes participantes et participants, l’organisation se réjouit de l’utilisation prévue d’outils comme l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) qui favorise l’égalité des genres.
L’accent mis sur la consultation des jeunes représentantes et représentants des communautés autochtones, notamment à travers le projet pilote mené par Échanges racines canadiennes, est un autre point positif selon Oxfam.
La reconnaissance de l’urgence climatique semble également évidente, à l’heure où des millions de jeunes, au Canada et partout à travers le monde, font entendre leur voix pour réclamer des actions rapides et courageuses de lutte contre le réchauffement planétaire. En revanche, malgré la valorisation des emplois verts, les propositions ne sont pas à la hauteur des mesures concrètes et vigoureuses réclamées par les jeunes qui ont pris la rue dans les derniers mois. La Politique jeunesse du Canada aurait pu davantage appuyer l’engagement politique des jeunes qui luttent contre les changements climatiques. Elle aurait aussi pu soutenir les innovations et l’entrepreneuriat jeunesse pour la mise en œuvre de projets en énergie propre, en adaptation aux changements climatiques et ceux visant une transition énergétique juste.
NÉCESSITÉ DE TRANSPARENCE
« Pour fournir les résultats espérés, la Politique jeunesse du Canada devra s’accompagner d’objectifs clairs et mesurables, d’un plan d’action détaillé ainsi que d’un budget conséquent permettant de le réaliser, explique la directrice des politiques et des campagnes d’Oxfam-Québec, Anne Duhamel. Un cadre de vérification et d’évaluation public et transparent doit aussi nécessairement accompagner les étapes de réalisation du plan, sans quoi nul ne saura ce qui a été concrètement mis en œuvre », ajoute-t-elle.
En ce sens, Oxfam-Québec avait recommandé, dans son mémoire (2018), la mise en place d’une agence gouvernementale ayant pour mandat d’assurer la mise en œuvre de la politique jeunesse et des décisions gouvernementales dans ce domaine.
Par ailleurs, ce même mémoire recommandait que la politique jeunesse soit mise à jour à partir des données exhaustives sur les jeunes du Canada. Oxfam accueille donc favorablement l’intention du gouvernement de publier tous les quatre ans, à compter de 2020, un rapport sur l’état de la jeunesse.
UNE JEUNESSE PRÉCARISÉE
En matière d’emploi, l’appui offert pour le renforcement des compétences des jeunes dans un marché du travail en évolution constante est un atout important. Oxfam-Québec regrette néanmoins de ne pas voir le gouvernement s’engager plus spécifiquement contre la précarité.
Les données de Statistique Canada révèlent en effet que les jeunes âgés de 15 à 24 ans et les femmes sont particulièrement exposés au travail précaire et plus susceptibles d’occuper un emploi dit atypique (travailleurs autonomes, employés temporaires ou à temps partiel). Les jeunes sont par ailleurs les premiers touchés par la transformation de l’environnement de travail qu’implique le développement des nouvelles technologies et de l’économie numérique : on constate une plus grande connectivité et flexibilité, mais il est également plus difficile de trouver un emploi à temps plein assorti d’avantages sociaux.
« La mise en place d’une politique jeunesse à l’échelle nationale, reflétant la voix et les préoccupations des jeunes, était un pas nécessaire et attendu vers une meilleure prise en compte des problématiques qu’ils vivent ainsi que de leurs aspirations, commente Anne Duhamel. Beaucoup reste à faire, mais c’est avec enthousiasme et confiance qu’Oxfam-Québec demeurera vigilante quant au déploiement d’un réel plan d’action, incluant des axes d’intervention clairement explicités », conclut-elle.