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Montréal, le 13 octobre 2020 – La menace d’une vague généralisée de famine et d’insécurité alimentaire extrême liée à la pandémie de COVID-19 met en état d’alerte la communauté internationale. Malgré cette menace, le manque de financement limite les efforts des organisations humanitaires pour apporter une aide aux personnes dont les besoins sont immédiats.

Une nouvelle analyse d’Oxfam révèle que la réponse de la communauté internationale à l’insécurité alimentaire mondiale est dangereusement insuffisante. Le rapport, intitulé « Plus tard sera trop tard » accompagne la réunion de haut niveau organisée aujourd’hui par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) dans l’objectif de « maintenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle à l’ordre du jour des programmes mondiaux de développement durable ». Il est aussi publié à quelques jours de la Journée mondiale de l’alimentation (vendredi 16 octobre).

Au Yémen, en République démocratique du Congo (RDC), au Nigéria, au Burkina Faso et en Somalie, c’est-à-dire dans cinq des sept pays où la situation d’insécurité alimentaire est critique, les bailleurs n’ont toujours pas versé de fonds pour la « sécurité alimentaire liée à la pandémie de COVID-19 », qui faisait partie de l’appel d’aide humanitaire des Nations unies, chiffré à 13,65 milliards de dollars canadiens. Pourtant, plus de 55 millions de personnes dans ces sept pays les plus touchés, qui incluent aussi l’Afghanistan et le Soudan du Sud, sont confrontés à des niveaux d’insécurité alimentaire de plus en plus alarmants.

Certaines régions du Soudan du Sud et du Burkina Faso connaissent actuellement des conditions proches de la famine.

La situation au Nigéria, en Afghanistan, au Burkina Faso et en RDC est aujourd’hui plus grave qu’en 2017, lorsque la menace de quatre famines simultanées se profilait à l’horizon et ne fut évitée que grâce à un appel lancé à la dernière minute par les Nations unies pour inciter les bailleurs à apporter un soutien massif.

Un sous-financement chronique de tous les secteurs

À ce jour, les bailleurs n’ont promis de verser qu’un peu plus de 28 % du montant demandé dans l’appel des Nations Unies lancé au mois de mars. Tous les secteurs sont chroniquement sous-financés, notamment la protection contre les violences et abus (y compris sexuels), la santé, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, mais les secteurs les moins financés de tous sont la sécurité alimentaire et la nutrition.

Selon Chema Vera, directeur général intérimaire d’Oxfam International : « Même le Burkina Faso, l’un des premiers pays qui a été touché par la crise alimentaire en Afrique, n’a obtenu que la moitié de l’aide humanitaire dont il a besoin. Il y a trois ans, après une crise alimentaire à grande échelle, la communauté internationale s’était ralliée pour promettre que le monde ne verrait plus jamais de famine de cette ampleur. Pourtant, nous en sommes encore là, dans une relative indifférence. »

« La pandémie a privé des millions de personnes de leur source de revenu, mais aussi de l’accès à la nourriture, en raison notamment de la fermeture des marchés et des frontières, ajoute la coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri. Bien que 2020 ait été une année de crise sans précédent, la communauté internationale doit avoir pour objectif principal d’assurer la survie de ces personnes. »

« Le Comité de la sécurité alimentaire mondiale doit tirer la sonnette d’alarme auprès des Nations unies et faire comprendre que la famine est imminente, qu’il a une responsabilité à cet égard et que nous n’en faisons toujours pas assez pour l’éviter, continue Chema Vera. Il nous faut un système alimentaire plus juste, plus durable, et qui soutienne les petits exploitants agricoles. Après des années de négligence, plusieurs millions de personnes restent vulnérables aux chocs tels que la pandémie actuelle, les conséquences des changements climatiques et les conflits.

En juillet, nous avons averti avec insistance que d’ici la fin de l’année, davantage de personnes pourraient mourir de la faim provoquée par la pandémie plutôt que de la COVID-19 en elle-même. Des preuves accablantes montrent que les fonds dépensés pour les mesures de préparation et de prévention permettraient de sauver des vies aujourd’hui, et permettraient aussi de rompre ce cycle coûteux de pauvreté et de faim afin de donner de l’espoir pour l’avenir.

La communauté internationale doit répondre à l’appel des Nations unies et pleinement financer sa demande dès maintenant, en l’accompagnant d’une action politique des plus énergiques pour soutenir l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Nous devons rompre ce cercle vicieux infernal de conflit et de faim, conclut M. Vera. »

  • Les montants des fonds destinés à la réponse humanitaire à la pandémie de COVID-19 proviennent des rapports du Service de suivi financier du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (UNOCHA) (30 septembre 2020).
  • Seuls 28 % (3,76 milliards de dollars canadiens) des 13,45 milliards de dollars canadiens demandés dans la Riposte globale du Système des Nations unies face à la COVID-19 ont été versés. Si l’on ventile ce pourcentage par secteur, cela représente 10,6 % (335,85 millions de dollars canadiens versés sur les 3,17 milliards demandés) pour la sécurité alimentaire et à peine 3,2 % (10,43 millions de dollars canadiens versés sur les 327,14 millions demandés) pour la nutrition. Source : chiffres de l’UNOCHA en date du 30 septembre 2020.
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