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La faim extrême a augmenté de 123 % au cours des six dernières années dans dix des pays les plus exposés aux risques climatiques dans le monde, qui ont fait l’objet du plus grand nombre d’appels de l’ONU liés à des phénomènes météorologiques extrêmes, révèle un rapport publié aujourd’hui par Oxfam.

« Les changements climatiques ne sont plus une bombe à retardement, ils explosent déjà sous nos yeux. Les phénomènes météorologiques extrêmes comme les sécheresses, les cyclones et les inondations, qui ont déjà quintuplé au cours des 50 dernières années, sont de plus en plus fréquents et de plus en plus mortels. »

Julien Dubuc

Chargé de programmes - Changement climatique et environnement à Oxfam-Québec

Le rapport, intitulé La faim dans un monde qui se réchauffe, révèle que dix des pays les plus sensibles aux risques climatiques, soit la Somalie, Haïti, Djibouti, le Kenya, le Niger, l’Afghanistan, le Guatemala, Madagascar, le Burkina Faso et le Zimbabwe, ont été frappés par des phénomènes météorologiques extrêmes de manière répétée au cours des deux dernières décennies. Aujourd’hui, dans ces pays, 48 millions de personnes souffrent de faim extrême, comparativement à 21 millions en 2016. Parmi ces personnes, 18 millions sont au bord de la famine.

Les profits qu’empochent les entreprises liées aux énergies fossiles en moins de 18 jours suffiraient à financer la totalité des appels humanitaires de l’ONU pour 2022.

Les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés par les conséquences du changement climatique, qui menacent le futur et le présent des populations.

« Les chocs climatiques répétés sont sur le point de donner le coup de grâce à des millions de personnes qui ont déjà été lourdement touchées par les conflits en cours, l’aggravation des inégalités et les crises économiques. Les catastrophes climatiques sont en train d’épuiser la résilience des populations à faible revenu et de les précipiter dans une situation de crise alimentaire encore plus grave. »

Julien Dubuc

Chargé de programmes - Changement climatique et environnement à Oxfam-Québec

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Des millions de personnes touchées

  • La Somalie est confrontée à la pire sécheresse qu’elle ait jamais connue. Un million de personnes ont déjà été contraintes de fuir leur foyer en raison de la sécheresse. La Somalie se classe à la 172e place sur 182 pays dans l’Indice mondial d’adaptation face aux changements climatiques.
  • Au Kenya, la sécheresse a tué près de 2,5 millions de têtes de bétail et précipité 2,4 millions de personnes dans une situation de crise alimentaire, notamment des centaines de milliers d’enfants qui souffrent de malnutrition sévère.
  • Au Niger, 2,6 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim aiguë, une augmentation de 767 % par rapport à 2016. La production céréalière a chuté de près de 40 % : les chocs climatiques récurrents, qui s’ajoutent aux conflits en cours, ont rendu les récoltes de plus en plus difficiles.
  • Le Burkina Faso a enregistré une hausse vertigineuse de la faim, qui a augmenté de 1350% depuis 2016. En juin 2022, le nombre de personnes souffrant de faim extrême s’élevait à 3,4 millions, en raison des conflits armés et de la désertification des cultures et des terres consacrées à l’élevage.
  • Au Guatemala, une grave sécheresse a entraîné la perte de près de 80 % des récoltes de maïs et dévasté les plantations de café.

« Nous sommes restés presque huit jours pratiquement sans nourriture », raconte Mariana López, une mère de famille vivant à Naranjo, au Guatemala. Des sécheresses persistantes l’ont contrainte à vendre sa terre.

Mariana López

Mère de famille vivant à Naranjo, au Guatemala

Une preuve des inégalités mondiales

La faim attribuable aux événements climatiques est une preuve criante des inégalités mondiales. Les pays les moins responsables de la crise climatique sont ceux qui en subissent le plus les conséquences et sont aussi ceux qui ont le moins de ressources pour y faire face.

  • Les dix pays les plus sensibles aux risques climatiques, qui sont responsables de seulement 0,13 % des émissions mondiales de carbone, se situent dans le dernier tiers du classement des pays les mieux préparés pour faire face aux changements climatiques.
  • Les pays industrialisés et polluants comme ceux du G20, qui contrôlent 80 % de l’économie, sont responsables de plus des trois quarts des émissions mondiales de carbone.

Les gouvernements des pays riches continuent de soutenir des entreprises polluantes qui leur fournissent souvent un appui important durant leurs campagnes politiques.

  • Au cours des 50 dernières années, les entreprises du secteur des énergies fossiles ont enregistré en moyenne 2,8 milliards de profit par jour.
  • Moins de 18 jours de profits empochés par ces entreprises permettraient de financer la totalité des appels humanitaires de l’ONU pour 2022, qui s’élèvent à 49 milliards de dollars.

Des changements politiques sont nécessaires afin de gérer la double crise du climat et de la faim. Si des mesures de grande ampleur ne sont pas prises immédiatement, la faim continuera à monter en flèche.

Les pays riches doivent tenir leurs promesses

« À l’approche de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tient cette semaine, et en amont de la COP27 de novembre, les dirigeantes et dirigeants, en particulier celles et ceux des pays riches et polluants, doivent tenir leurs promesses et réduire leurs émissions. Ils et elles doivent financer les mesures d’adaptation et les pertes et préjudices subis par les pays à faible revenu, mais aussi fournir immédiatement des fonds d’urgence pour répondre aux appels de l’ONU en aide aux pays les plus touchés.

Nous ne pouvons résoudre la crise climatique sans nous attaquer aux inégalités profondes de nos systèmes alimentaire et énergétique. Un impôt de seulement 1 % sur les profits annuels moyens des entreprises du secteur des énergies fossiles générerait 10 milliards de dollars, soit de quoi couvrir la plupart des déficits de financement des appels humanitaires de l’ONU liés à l’insécurité alimentaire. »

Gabriela Bucher

Directrice générale d'Oxfam International

L’annulation de la dette des États vulnérables permettrait aussi aux gouvernements de libérer des ressources pour investir dans l’atténuation des changements climatiques.

Les pays riches et les plus polluants ont un devoir moral de solidarité à l’égard des pays à revenu faible et intermédiaire qui sont les plus touchés par la crise climatique. « Ce n’est pas une question de charité, mais plutôt un impératif moral », tranche Mme Bucher

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Josianne Bertrand
Agente des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org

Notes :

  • Consultez le rapport d’Oxfam : La faim dans un monde qui se réchauffe.
  • La liste des dix pays les plus exposés aux risques climatiques comprend les pays qui, depuis 2000, ont fait l’objet du plus grand nombre d’appels liés à des phénomènes météorologiques extrêmes, dans lesquels les risques climatiques ont joué un rôle majeur. Source : L’heure des comptes, rapport publié par Oxfam en mai 2022.
  • En 2020, la somme des émissions de carbone cumulées des dix pays les plus sensibles aux risques climatiques était de 2 milliards de tonnes de carbone, ce qui représente 0,13 % des émissions mondiales, qui s’élevaient à 1,69 mille milliards de tonnes de carbone la même année. Source : Our World in Data.
  • En 2020, la somme des émissions cumulées de carbone des pays du G20 était de 1,299570755 mille milliards de tonnes de carbone, ce qui représente 77% des émissions mondiales totales (1,696524177 mille milliards de tonnes). Source : Our World in Data.
  • Pour calculer les profits quotidiens moyens de l’industrie des énergies fossiles au cours des 50 dernières années, estimés à 2,8 milliards de dollars (soit une moyenne annuelle de 1 022 milliards de dollars), nous avons utilisé cet article (en anglais) du Guardian publié en 2022 : Revealed: oil sector’s ‘staggering’ $3bn-a-day profits for last 50 years. Sur la base de la moyenne quotidienne, nous avons calculé que moins de 18 jours de profits des entreprises de ce secteur permettraient de couvrir la totalité des appels humanitaires mondiaux des Nations Unies pour 2022, qui s’élèvent à 48,82 milliards de dollars.
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