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Les derniers mois ont été marqués par une inflation record qui a suivi une pandémie sans précédent. Mais la crise ne touche pas tout le monde de la même façon. Depuis 2020, le 1% les plus riches a accaparé près de deux fois plus de richesse que le reste de l’humanité, révèle un nouveau rapport publié par Oxfam.

Au Canada, les milliardaires ont vu leur richesse croître de 51 % entre le début de la pandémie et novembre 2022. Les Canadiens qui possèdent 50 millions de dollars ou plus, soit 0,02 % de la population, détiennent à eux seuls deux fois plus de richesse que la moitié des Canadiennes et Canadiens.

Oxfam publie le rapport La loi du plus riche alors que l’élite mondiale converge au Forum économique mondial de Davos, en Suisse. On y apprend notamment que la fortune des milliardaires dans le monde augmente de 2,7 milliards de dollars par jour, alors que les salaires de 1,7 milliard de personnes ne suivent même pas le rythme de l’inflation.

La pauvreté extrême a augmenté pour la première fois en 25 ans, tandis que l’humanité se dirige vers la plus forte hausse des inégalités depuis la Seconde Guerre mondiale, souligne Oxfam.

« Alors que les gens ordinaires font des sacrifices tous les jours sur des produits de base, les ultrariches s’enrichissent à un rythme insensé. Taxer les ultrariches et les profits exorbitants des grandes entreprises est une solution réaliste et nécessaire. Il faut cesser de croire que la prospérité des plus fortunés ruisselle sur le reste de la population. C’est un mythe, ça ne fonctionne tout simplement pas. »

Léa Pelletier-Marcotte

Analyste politique à Oxfam-Québec

2022, l’année de tous les constrastes

En 2022, la hausse du prix des aliments a atteint un sommet : près d’un dixième de la population mondiale souffre de la faim, indique le rapport. Au Québec, les banques alimentaires ont connu une hausse de 20 % des demandes en un an.

Tandis que des milliards de personnes souffrent de la crise, une infime minorité en profite. L’an dernier, 95 grandes entreprises de l’alimentation et de l’énergie ont plus que doublé leurs profits et ont reversé 84 % de cette somme (257 milliards $) à leurs riches actionnaires, montre le rapport d’Oxfam. La dynastie Walton, qui possède la moitié du géant Walmart, a ainsi empoché 8,5 milliards $ l’année dernière.

Plus le temps passe et plus les inégalités se creusent. Au Canada, pour chaque 100 $ de richesse créée au cours de la dernière décennie, 34 $ ont été accaparés par le 1% des plus riches, tandis que 5 $ ont été répartis entre les 50 % des Canadiens les moins riches. Les ultrariches ont ainsi amassé près de huit fois plus de richesse que la moitié de la population en dix ans.

Oxfam demande de mieux taxer les grandes fortunes individuelles et corporatives afin de répartir plus équitablement les profits qu’elles ont empochés grâce aux investissements publics et aux conséquences de la crise.

« Quand les ultrariches et les grandes entreprises ne paient pas leur juste part, l’État est privé de revenus énormes. Ces revenus financent les services publics dont dépendent les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes. Mieux taxer les richesses extrêmes est notre meilleur levier pour lutter contre les inégalités. Nous devons exiger
une taxation plus juste pour renforcer les services publics, favoriser la santé, soutenir l’innovation et faire face à la crise climatique. »

Catherine Caron

Coordonnatrice campagnes et influence à Oxfam-Québec

Des fortunes à portée d’impôt

Selon les calculs d’Oxfam, si le Canada décrétait un impôt supplémentaire sur la fortune de 2 % pour les millionnaires, de 3% pour ceux qui possèdent plus de 50 millions et de 5% pour les milliardaires, cela permettrait d’amasser 49,6 milliards de dollars annuellement. Cette somme permettrait par exemple d’augmenter de plus de 50 % les dépenses en éducation à travers le pays et de hausser de plus de 800 % le budget canadien de l’aide publique au développement.

À l’échelle mondiale, un impôt annuel de 5 % sur la fortune des multimillionnaires et des milliardaires pourrait rapporter 1 700 milliards de dollars par an. Cette somme suffirait pour sortir 2 milliards de personnes de la pauvreté, notamment.

Oxfam appelle les gouvernements à :

  • Mettre en place une taxation exceptionnelle sur les bénéfices extraordinaires des entreprises et sur les dividendes, afin que cesse l’enrichissement des plus riches aux dépens de ceux qui subissent la crise au quotidien.
  • Augmenter de façon permanente l’impôt sur les revenus (travail et capital) des plus riches, et en particulier sur les gains en capital.
  • Taxer les ultrariches à des taux permettant de baisser significativement le nombre de milliardaires et la taille de leur fortune, et redistribuer cette richesse de façon plus équitable. Cela passe par l’instauration d’impôts sur la succession, le patrimoine, la propriété foncière et la fortune nette.

Oxfam-Québec fait circuler une pétition pour réclamer que les entreprises et les individus les plus riches fassent leur juste part. Nous sommes convaincus que le Québec et le Canada doivent mettre en œuvre des mesures de justice fiscale
innovantes pour construire une société plus juste, verte et inclusive. Plus de 38 000 personnes ont déjà signé la pétition.

flèche Je signe la pétition

Vous avez une demande média?

Josianne Bertrand
Agente des relations médiatiques et publiques
Cellulaire: 514 606-4663
Courriel: josianne.bertrand@oxfam.org

Des porte-paroles sont disponibles pour des entrevues

Notes :

  • Consultez le rapport complet en français et la note méthodologique (en anglais) expliquant comment Oxfam a compilé les statistiques du rapport.
  • Les calculs d’Oxfam sont fondés sur les données les plus complètes et les plus actuelles disponibles. Les données sur les personnes les plus riches proviennent du classement des milliardaires de Forbes.
  • Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains et, le cas échéant, ont été ajustées pour tenir compte de l’inflation en utilisant l’indice américain des prix à la consommation.
  • D’après la Banque mondiale, l’extrême pauvreté a augmenté en 2020, pour la première fois en 25 ans. Parallèlement, l’extrême richesse a augmenté de manière spectaculaire depuis le début de la pandémie.
  • D’après le rapport d’Oxfam, si le 1 % des plus riches a accaparé 54 % des nouvelles richesses mondiales au cours de la dernière décennie, ce chiffre est passé à 63 % durant les deux dernières années. Ainsi, 42 000 milliards de dollars de nouvelles richesses ont été générés de décembre 2019 à décembre 2021. De ce total, 26 000 milliards de dollars (63 %) ont été accaparés par le 1 % des plus riches, alors que le reste de l’humanité n’a reçu que 16 000 milliards de dollars (37 %).
  • Selon le Crédit Suisse, toute personne disposant d’une fortune supérieure à 1 million de dollars se situe dans la tranche supérieure du 1 % des personnes les plus riches.
  • Les milliardaires se sont enrichis de 2 600 milliards de dollars depuis la pandémie, malgré une légère réduction de leur fortune en 2022 après les gains sans précédent enregistrés en 2021. La fortune des plus riches du monde augmente à nouveau.
  • La Banque mondiale a annoncé que l’objectif d’éradication de l’extrême pauvreté à l’horizon 2030 ne pourra probablement pas être atteint et que la réduction de l’extrême pauvreté était « au point mort » dans un contexte où les inégalités mondiales risquent de connaître leur plus forte augmentation et où la lutte contre la pauvreté dans le monde a connu son plus grand recul depuis la Seconde Guerre mondiale. La Banque mondiale définit l’extrême pauvreté comme le fait de vivre avec moins de 2,15 dollars par jour.
  • Les données sur la hausse des demandes aux banques alimentaires proviennent du Bilan-faim 2022 des Banques alimentaires du Québec.
  • Oxfam se base sur le seuil de pauvreté de 6,85 dollars pour calculer le nombre de personnes (2 milliards) qui pourraient sortir de la pauvreté grâce à un impôt annuel de 5 % sur la fortune des multimillionnaires et des milliardaires du monde entier.
  • Les résultats des sondages indiquent systématiquement que la majeure partie de la population mondiale est favorable à une hausse des impôts pour les plus riches.
  • D’après un précédent rapport publié par Oxfam, les ultrariches sont les plus grands responsables de la crise climatique à l’échelle individuelle.
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